Parlez nous des histoires d’amour, autour du thème de la Saint-Valentin. #lemoisGeneatech
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Marius en 1917 |
Ma grand-mère a voulu cacher que son mari était veuf avant de l’épouser. Elle a confié cela à sa belle-fille
en lui demandant de garder le secret. Mon père ne l’a découvert qu’après le décès de
sa mère, au moment où il a ouvert le livret de famille de ses parents.
Ma mère se souvenait d’avoir entendu
que cette première femme était originaire du Gévaudan, cette province est une
terre de légendes et de mystères. Nous nous sommes interrogés sur la raison du
silence autour de ce couple. J’ai même pensé à un drame irracontable et j’ai
élaboré des hypothèses.
Mes cousines supposaient qu’épouser un
veuf était autrefois une honte. Il n’en est rien. Je leur ai rappelé que Bruno,
le père de Marius, s’était marié en secondes noces avec Marie Nicolas. Les
demi-frères Baptistin et Marius formaient une fratrie unie. D’ailleurs, dans les
familles marseillaises du côté de sa mère, il est particulièrement fréquent que
des veufs se remarient, davantage même que dans d’autres branches de nos
généalogies.
De Françoise Marie Mathilde Prudence
Massat, je ne connais que son nom. Les photos
n’ont pas été conservées, je suppose que ma grand-mère les a détruites, ou alors elles sont restées anonymes.
Je ne sais pas où elle est née.
Marius et Françoise se sont mariés le 29
août 1913 à Narbonne. Aux Archives de l’Aude, on ne trouve pas d’acte en ligne postérieur à
1872.
Françoise est décédée au printemps
1914, en Auvergne, mais j’ignore le lieu.
Depuis que j'ai ouvert son journal tenu pendant la Grande Guerre, je sais que Marius était amoureux de Françoise et que sa mort lui a causé un profond chagrin.
Il évoque le premier anniversaire de son décès, en mai 1915, alors qu’il se trouve sur le Front d’Orient, dans les Dardanelles.
Samedi 15 mai.
Aujourd’hui ma pensée est bien loin d’ici. Il y
a exactement un an que j’accompagnais ma pauvre femme sur les hauts plateaux d’Auvergne
espérant que l’air pur et les bons soins auraient raison de son mal. Je me remémore
ce départ et ce voyage, le dernier que je fis avec elle. Toute cette journée je
ne vais penser qu’à elle.
Vendredi 28 mai.
Ma blessure est presque guérie.
Marius écrit à différentes personne et… au
père de Françoise avec qui les relations devaient être bonnes.
Je viens de m’occuper : j’ai écrit au
beau-père Massat.
J’ai de la
peine en voyant cet homme si triste, confiant sa douleur intime à son carnet, tandis que
les obus tombent autour de lui.
Sur la photo
ci-dessus, en 1917, Marius est en deuil de sa mère. Il va
épouser Rose, ma grand-mère à la fin de la guerre.
J’aimerais
connaitre mieux sa première épouse qu’il a tant aimée.
Si vous retrouvez Françoise Massat, le 29 août 1913
à Narbonne, invitez-moi au mariage, j’ai plein de questions à lui poser.
Voici la série de billets sur Marius :
Marius pendant la Grande Guerre
Une petite chaussure mystérieuse
Comme mes lecteurs me l’ont suggéré, j’ai envoyé une demande aux archives de la ville de Narbonne et j’ai reçu une réponse ultra rapide. Merci à la personne qui ajouté un petit mot sympathique à sa recherche.
L’acte de mariage ne parle pas de cette légende de l’origine du Gévaudan. Peut-être est-ce la région d’Auvergne où elle a fini sa courte vie. Trouverai-je l’acte de décès ?
Françoise est née à Narbonne, où ses parents se sont mariés. Jean Massat est originaire de Massat, sa femme Françoise Delpy est née à Suc, deux villages de l'Ariège.
Françoise avait vingt ans et Marius trente ans. La différence d’âge apparaîtrait critiquable de nos jours; pourtant les lignes, écrites par mon grand-père dans son journal, témoignent de l’amour entre ces jeunes mariés.
Le 28 août 1913, seul le père de Françoise était présent au
mariage, sa femme était décédée. Il a perdu sa fille moins d’un an plus tard. J’ai encore ressenti pour lui, la douleur de la perte de son fils, Mort pour la France, le
18 août 1915.
Jean Baptiste Prudence, comme sa sœur "Françoise" Marie
Mathilde Prudence, porte le prénom Prudence, bien inutile puisqu’il n’a pas
empêché sa mort précoce.
Jean Baptiste était caporal-fourrier au 53e Régiment d’Infanterie Coloniale 8e compagnie, il est mort des suites de blessures reçues sur le champ de bataille, à Suippes dans la Marne.
Pour être plus précise, leur patronyme complet est Massat-Montarrel, il fallait bien distinguer les familles Massat vivant à Massat.
J’aime bien savoir que le beau-père Massat, comme le désignait mon grand-père, était bouquiniste à Narbonne. Cela me plairait bien d’aller chercher des livres dans ses rayons.
Si vous connaissez cette famille, dites m’en plus…
Cela me ferait plaisir que quelqu’un ait conservé une photo de Françoise. Ils doivent l’avoir oubliée, mais moi je pense à elle.
Une belle et triste histoire qui trouve écho avec mes recherches généalogiques. Mon AGP était veuf quand il s'est marié avec mon AGM, et ma grand-mère n'a rien su sur cette femme, comme effacée de l'histoire familiale... J'aimerais bien retrouver une photo, j'ai trouvé une descendante de sa soeur aussi à la recherche de phot, et j'ai aussi découvert sa tombe, en état d'abandon...
RépondreSupprimerMagnifique et triste à la fois j’espère que tu la trouveras
RépondreSupprimerSans aucun doute il belle histoire d'amour bien courte.
RépondreSupprimerUne union bien courte, mais qui avait visiblement laissé un souvenir indélébile chez Marius. Peut-être n'en parlait-ont pas pour ne pas blesser la seconde épouse qui se serait alors sentie "moins aimée".
RépondreSupprimerDouleur muette, douleur secrète
RépondreSupprimerNe pas faire de l'ombre pour la nouvelle épousée
Et rester dans l'ombre du secret !
SupprimerBel article. Ça donne envie de vous aider à trouver qui était Françoise. Vous auriez le prénom de son papa par hasard ?
RépondreSupprimerC'est sympa, mais pour l'heure, je ne sais rien à son sujet.
SupprimerTrès bel article Marie. As-tu fait une demande de l'acte de mariages aux archives municipales de Narbonne ? Ils ont peut-être encore la collection communale.
RépondreSupprimerMerci au service des archives de la ville de Narbonne pour la réponse ultra rapide et sympathique que je viens de recevoir. Cet acte apporte des informations précieuses.
RépondreSupprimerBonjour, petite rectification. Massat et Suc sont en Ariège pas dans les Pyrénées-Orientales. Bonne continuation dans vos recherches.
RépondreSupprimerMerci pour votre lecture et cette précision. J'imagine ce lieu qui doit être superbe, dans les montagnes de Pyrénées. Je vais rectifier le département.
SupprimerCe témoignage me permet de comprendre un trait de la vie de mes grands-parents. Mon grand-père né dans le Gévaudan en 1875, de père inconnu, a migré vers la Touraine avec sa femme épousée en 1902 et sa fille née à Allanches en 1904. Après la naissance de mon grand-père, sa mère, Marie, s'est placée dans une famille de cultivateurs. L'épouse de ce monsieur décédée (avant ou après l'arrivée de Marie?) Marie a épousé le "patron".
RépondreSupprimerJe me souviens que lorsque ma grand-mère voulait nous parler de sa jeunesse, mon grand-père lui disait toujours "tais-toi donc, tu ne sais pas ce que tu dis". Je ne peux que supposer que mon grand-père accueilli comme un bâtard n'avait sa place nulle part ce qui l'a conduit à devenir colporteur, vendant et affûtant les couteaux. Au cours de son périple il a rencontré Antoinette devenue ma grand-mère. Elle venait de perdre sa maman à 18 ans. Après leur mariage et la naissance de leur fille, il a choisi d'emmener sa famille naissante vers un endroit accueillant, la Touraine. Et jamais nous ne l'entendions parler de sa famille, de même que ma grand-mère qui n'en avait pas le droit, au contraire de ce que j'entendais de la part de ma mère. Serait-ce parce qu'il ne fallait pas "avouer" que sa mère non seulement "fille-mère" avait épousé un veuf? Encore bien des éclairages permettant de comprendre des attitudes passées. Colette HUGON-SIDAINE
Ah, les secrets de famille, quel dommage de ne pas en parler, lorsqu’ils sont ceux d’honnêtes gens !
RépondreSupprimerLe silence qui entoure votre grand-père parait bien inutile de nos jours, les mères célibataires et celles qui épousent des veufs ne sont pas marginalisées.
Mais quel fardeau que de porter ces non-dits sans pouvoir les raconter à ses enfants. C’est bien de retrouver ces secrets pour rétablir leur honneur.