Jean François Pilâtre était venu à Lyon en décembre 1783. Il voulait voir comment se préparait la construction de la montgolfière.
Ce projet avait été initié par l’Académie de Lyon. Pierre Antoine Barou du Soleil, ami de la famille Montgolfier, était l’un des membres actifs chargé de l’organisation de l’évènement. Il s’occupa de gérer la souscription lancée par Jacques de Flesselles, l’intendant de Lyon. En son honneur, le ballon porta son nom haut dans le ciel.
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| Le Flesselles, Public domain, via Wikimedia Commons |
Laurencin, le principal mécène, fit le récit dans sa lettre à M. de Montgolfier.
| https://books.google.fr/books?id=U2antq2DA6sC&pg=RA1-PA3#v=onepage & q & f=false |
Lorsque M. Pilâtre de Rozier, le premier des voyageurs
aériens, se rendit à Lyon, sur le bruit de cette grande expérience, n’ayant d’autre
dessein que d’en être simple spectateur.
L’on s’empressa autour de lui, M. de Montgolfier l’aîné fit le plus grand accueil à ce coopérateur zélé des expériences faites dans la capitale par M. son frère ; et l’on doit croire que l’intrépide M. Pilâtre ayant été consulté sur le projet d’un nouveau voyage dans les airs, ne le combattit point, mais il proposa quelques réparations accessoires pour en diminuer le danger.
Joseph Montgolfier avait conçu un ballon grandiose, le plus grand que l’homme ait jamais construit : 126 pieds de haut, 102 pieds de diamètre.
Il n’était pas prévu pour transporter des passagers. Cependant, Pilâtre estima que c’était possible. Montgolfier accepta sa proposition de piloter, puisqu’il avait l’expérience d’un premier vol libre.
La souscription avait été accueillie avec
empressement par les notables de la ville, et l’on vit des étrangers du plus
haut rang se faire gloire d’y contribuer en y prenant des actions.
Quel succès ! Les candidats pour l’ascension s’enthousiasmaient. Il y eut tant de demandes que l’on sélectionna les plus honorables, ceux qui avaient payé fort cher.
On
peut imaginer que les samedis, dans le salon des Barou, beaucoup de leurs amis
avaient participé à financer cet évènement extraordinaire. Il est fort possible
que Jean François Pilâtre fasse partie des invités. Tous commentaient
abondamment
le premier vol de montgolfière à Lyon. Le poète, Joseph Vasselier composa ces vers,
à déclamer lors du grand jour.
Le 21 janvier 1783
Le récit de l’envol de la montgolfière, des incidents imprévus et de l’atterrissage brutal sont à lire dans un précédent billet : Dans le ciel de Lyon.
https://www.briqueloup.fr/search?q=dans+le+ciel+de+Lyon
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| 21 janvier 1783, à Lyon |
Rozier fut le premier aéronaute, mais aussi la première victime de catastrophe aérienne.
On comprend l’émotion ressentie par Pierre Antoine Barou en apprenant l’accident. Il en fait le récit à son épouse.Paris, ce 17 juin 1785
Tout Paris
est affligé de la mort de ce pauvre Pilâtre du Rozier. Tu sais qu'il étoit à
Boulogne depuis décembre à attendre le vent, pour passer en Angleterre;
Il avait cru que Blanchard ayant fait le trajet, il devoir y renoncer, mais revenu à Paris, et s'étant monté à l'audience de M. le Contrôleur général, le ministre parût fort étonné de le voir, et lui dit très haut, comment n'êtes vous pas en Angleterre? Pilâtre entendit les reproches, et repartit le lendemain. Le vent du nord qui a régné si longtemps, a toujours empêché ce malheureux de s'enlever, enfin mercredi dernier, le vent lui ayant paru favorable, Pilâtre et un sieur Romain, mechnicien, sont partis à 7 heures du matin. Ils ont parcouru pendant une demi heure environ, compris le tems de l'ascension qui a été superbe, cinq quarts de lieue le long de la côte, à la vue de vingt mille spectateurs. On a eu la douleur de voir l'explosion du Ballon par le haut, étant élevé prodigieusement. On attribue ce malheur au nouveau moyen qu'avait imaginé ou adopté Pilâtre; La réunion de l'air inflammable et du feu. Enfin la chute rapide du Ballon et de la montgolfière entrainés par la galerie et le poids des deux aéronautes, n'a pas permis d'arriver à temps pour les secourir, La chute n'ayant duré que quelques secondes; Le malheureux Pilâtre a été trouvé mort et en pièces; M. Romain, dit-on, a survécu dix minutes. Ce malheureux événement excite d'autant plus de regrets que le Pauvre Pilâtre semblait le pressentir; Le marquis de la maison forte, jeune homme de vingt un à 22 ans, qui l'avait suivi à Boulogne dans l'intention de monter avec lui dans le Ballon, au moment se d'y placer, en avait été empêché par Pilâtre. Le jeune homme croyant que c'était pour éviter le poids d'un troisième voyageur, avait fait consentir M. Romain à lui céder sa place pour 200 louis, mais Pilâtre s'y était opposé avec tant de fermeté, que le jeune homme avait cédé, et Pilâtre montant dans le Ballon l'avait embrasé en le priant de lui pardonner s'il refusoit de l'emmener, mais qu'il n'avait aucune confiance dans son Ballon, que le vent n'était pas sûr, et qu'il seroit bien heureux s'il en revenoit. C'est le jeune homme lui même qui est venu apporter la nouvelle, qui le premier fut au lieu de la chute, et qui ce matin en a conté tous les détails à M. de Flesselles de qui je les tiens. On a obtenu pour la mère et la sœur du malheureux Pilâtre la réversibilité de la pension que le Roy lui avait faite; J'imagine que les Ballons resteront longtems sous la remise, cela dégoute des voyages, et si Pilâtre fut le premier à y monter, sa déplorable fin fera sans doute qu'il sera le dernier.


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