2022-03-03

Dans le ciel de Lyon

 

Tout le monde levait les yeux vers le ciel de Lyon, en ce jour d’hiver du 19 janvier 1784.

 


Cela faisait plusieurs semaines que l’événement se préparait, les curieux étaient allés voir les essais de l’installation de la montgolfière dans la plaine des Brotteaux.

Des passionnés avaient mis en œuvre ce projet audacieux; Lyon allait prendre place dans les villes à la pointe du progrès en accueillant le troisième vol en ballon libre. 

C’étaient des esprits éclairés, des constructeurs, des courageux aventuriers, et des mécènes… ces hommes qui ont participé à l’organisation autour des frères Joseph et Etienne Montgolfier. Ceux-ci avaient réalisé les premières expériences à Annonay, l’année précédente.



Qui pourrions-nous reconnaître dans la foule qui assista à l’envol du ballon le Flesselles, le 19 janvier 1784 ? Il y aurait 100 000 personnes, dit-on ; en vérité, ce nombre semble exagéré, car la population de Lyon comptait alors environ 150 000 habitants.

 

Sans doute, tous les Lyonnais de notre forêt généalogique s’étaient déplacés, accompagnés de leurs cousins, des amis, des connaissances. Je suis sûre que plusieurs de nos ancêtres devaient se trouver là, fiers et curieux d’être les témoins de cet exploit.

 

Parmi les officiels, on remarquait : l’intendant, Jacques de Flesselles dont le ballon porte le nom, le pilote, Pilâtre de Rozier qui avait décidé que ce vol transporterait des passagers, le principal mécène, Jean Espérance Blandine de Laurencin, Jean Antoine Morand qui se réjouit de voir autant de passage sur son pont, ceux qui ont traversé le Rhône ont payé le péage ! Et Joseph Montgolfier dont ce fut l’unique vol.


 

Pierre Antoine Barou fut l’un des organisateurs de la souscription, c’est le cousin germain de Marguerite (sosa 373). La fille d’Étienne Montgolfier allait épouser un petit cousin à eux.



Pas facile de se frayer un passage parmi les nombreux spectateurs, on se bousculait, on s’interpellait, on se saluait.

Je suppose que l’on aurait pu rencontrer : Antoine Gontelle et Élisabeth Amory, et aussi Gaspard Margaron, sa femme Marie Clerc et leurs enfants, ainsi que Pierre Chartron, son épouse Marguerite Sauzion et leurs enfants. Ils marièrent leurs jeunes (sosas 178 et 179) le 15 août de cette année 1784. Il est bien possible que les familles Sandier et Mital et Durand se soient déplacées vers le centre-ville pour assister à l’événement.


Voici Le Flesselles, impressionnant par ses proportions gigantesques.



« Dès que le ballon fut enflé, le prince Charles, les comtes de Laurencin, de Dampierre et de Laporte s’y jetèrent. Ils étaient tous armés et bien décidés à ne pas céder leur place à qui que ce soit. M. Pilâtre […] proposa de réduire le nombre des voyageurs à trois et de tirer au sort. Personne ne voulut descendre. Ce débat s’animait. Les quatre hommes placés dans la galerie crièrent de couper les cordes. M. L’Intendant pensa qu’il convenait de les satisfaire. À l’instant où on coupa les cordes, M. de Montgolfier et M. Pilatre se jetèrent dans la galerie.* »

Alors que le ballon commençait à décoller, le sieur Claude Gabriel Fontaine, un jeune homme qui avait eu beaucoup de part à la construction de la machine s’accrocha.

Alors, la montgolfière tourna, baissa un peu, renversa deux pieux. Elle resta attachée par une corde qu’une personne intelligente coupa d’un coup de hache.

Il était midi ¾. Le vent était faible et la marche lente, mais l’effet parut extraordinaire .

Les voyageurs étaient très gais.

En quatorze minutes, l'aérostat s’éleva à plus de 10 ou 18 cents pieds. Il se dirigea vers le Rhône. De crainte de tomber dans le fleuve, les voyageurs alimentèrent le feu pour monter plus rapidement. Le vent ayant tourné, le ballon revint au-dessus des Brotteaux.

Il se déchira là où les toiles avaient déjà été endommagées par les intempéries des jours précédents. Le ballon resta un instant stationnaire. La déchirure contraignit Pilâtre de Rozier à lâcher du lest, pour ralentir la chute de la machine. À cause de l’atterrissage brutal, on déplora quelques contusions et des dents cassées, les aéronautes furent accueillis en triomphe. L’émotion des spectateurs s'exprimait par des cris et des battements de mains.



Parmi les Lyonnais présents, j’aimerais reconnaître ceux dont je n’ai jamais vu la silhouette, des hommes, des femmes, des enfants participant à l'enthousiasme de cette foule.

 Voir l’article que j’ai créé sur Wikipedia :

 Le Flesselles (Montgolfière)

L'envol suivant, cette même année 1784 à Lyon :

Une Lyonnaise dans les airs 

Sources :

Jean-Baptiste de Laurencin, Lettre à M. de Montgolfier, 1784 (lire en ligne

  • Faujas de Saint-Fond, Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier, 1784 (lire en ligne sur Gallica)

5 commentaires:

  1. Quel bel article, bien contextualisé, Bravo

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    1. Ah oui ! Et en plus rencontrer nos ancêtres à cette occasion, mais les aurions-nous reconnus ?

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  3. avant dernier paragraphe: "de Rozier a lâché du lest et la machine descendit..." !!!! il faut que l'on m'explique tout celà...

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    1. Effectivement la remarque est judicieuse. La descente s'accélérait à cause de la déchirure. Le pilote a lâché du lest pour ralentir la chute. Il avait conscience que l'aérostat était beaucoup trop chargé. Imaginons les efforts pour juguler la panique.

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