Chef de gobelet de vin du Roi, la profession est inattendue. Je voyais un domestique en livrée, debout auprès du monarque, chargé de tenir le gobelet, de le goûter pour tester s’il est bon et de surveiller qu’il ne soit pas empoisonné.
En réalité, la fonction requérait différentes qualités de gestion et d’organisation.
Les officiers devaient dresser le couvert. (Admirez le service du gobelet du roi en 1756.) Ils s’assuraient de l’approvisionnement en pain, sel, linges et fruits d’une part , et ils supervisaient la fourniture de boissons, glaces et rafraîchissements d’autre part.
Le gobelet est l'un des sept offices du service de table de la maison du roi. Il comprend la paneterie et l’échansonnerie.
Emmanuel Guy de la Findoise est entré en charge au sommier de paneterie-commun, le 6 juin 1751. Ils étaient trois sommiers à travailler pendant le semestre de janvier jusqu’à la fin du mois de juin.
Les panetiers assuraient la provision et la distribution du pain. Les sommiers étaient des porteurs et s’occupaient des bêtes de somme.
Lorsque la Cour voyageait, le sommier de paneterie devait superviser le transport et l’entretien des coffres contenant le pain, et des coffres contenant la vaisselle. Ensuite, il s’occupait du service des tables des convives secondaires : officiers et commensaux, s’il travaillait pour le commun, et celle du souverain et de sa famille s’il était dans la partie bouche, c’est-à-dire au service du roi. Le roi et sa suite avaient l’habitude de se déplacer à Fontainebleau et à Compiègne.
Le semestre de janvier était le plus tranquille, car la Cour ne partait jamais en campagne durant l’hiver. Quand les beaux jours incitaient aux déplacements, le travail devenait très prenant.
Emmanuel était jeune, il avait 25 ans. Ses gages s’élevaient à 600 Livres tournois.
Il est sorti de cette charge, qu’il a revendue en démissionnant quatre ans plus tard, en avril 1755.
Recensement des officiers de la maison du roi en 1755 |
Il devait être compliqué de cumuler deux emplois. En effet, l’année précédente, le 25 août 1754, il était devenu chef de l’Echansonnerie-bouche, c’était une belle promotion dans la hiérarchie du Gobelet.
Le prix de cet office était d’environ 36 000 livres. Il a travaillé de 1754 à 1775, dans le quartier d’octobre.
Il devait prendre soin de tout ce qui concernait les boissons. Le rituel du repas se déroulait avec précision.
Les officiers dressaient la table, ils frottaient les couverts avec de la mie de pain que le chef du gobelet doit manger pour montrer que les ustensiles ne sont pas empoisonnés.
L’étiquette instaurée par Louis XIV était-elle aussi rigoureuse au milieu du 18e siècle ? Voici le repas du roi en 1702.
« Celuy qui sert d’Echançon, lorsque le roy a demandé à boire, aussitôt crie tout haut, A boire pour le roy ; vient au buffet prendre des mains du Chef d’Echançonerie-bouche la soucoupe d’or garnie du verre couvert, et des deux caraffes de crystail, plaines de vin et d’eau, puis revient précédé du Chef et suivi de l’Aide du Goblet-Echançonerie-bouche. Alors étant tous trois arrivez à la table du roy, ils font la révérence devant le roy, le Chef se range de côté, et le Gentil-homme-Servant verse des caraffes un peu de vin et d’eau dans l’essey ou petite tasse vermeil doré, qui tient le Chef du Goblet. Puis ce Chef de Gobelet reverse la moitié de ce qui lui a été versé, dans l’autre essay ou petite tasse de vermeil qui lui est présenté par son Aide. Pour lors ce même Chef de Gobelet fait l’essay. et le Gentil-homme-Servant se tournant vers le roy le fait après, aïant remis entre las mains dudit Chef du Gobelet la tasse avec laquelle il a fait essay, et ce Chef les rend toutes deux à l’Aide. Vous remarquerez que ces deux petites tasses, sont aussi apelées des Essais. L’essai fait à la vûë du roy de cette sorte, le Gentil-homme-Servant fait encore la révérence devant Sa Majesté, lui découvre le verre, et lui présente en même temps la soucoupe, où sont les caraffes. Le roy se sert lui-même le vin et l’eau, puis aïant bû et remis le verre sur la soucoupe, le Gentil-homme-Servant reprend la soucoupe avec ce qui est dessus, recouvre le verre, fait encore la révérence devant le roy, ensuite il rend le tout au même Chef d’Echançonerie-bouche, qui le reporte au buffet. » http://www.chateauversailles-recherche-ressources.fr/jlbweb/jlbWeb?html=notetiquette&ref=2001
Emmanuel Guy de la Findoise était maître d’hôtel des pages de la Petite Écurie, entre 1774 et 1778.
Les pages de l’Écurie appartenaient à la noblesse, ils recevaient une éducation complète et étaient entraînés à monter à cheval, ils savaient manier les armes pour la guerre et pour la chasse ; ils étaient attachés au roi.
Il n’apparaît pas étonnant que le frère de Catherine Julie (sosa 343) travaille pour la Petite Ecurie du roi dont le patron était un ami de celle-ci.
Emmanuel n’oubliait pas de négocier ses pensions relatives à ses différents emplois. On peut le voir dans l'Almanach de la Cour.
Son contrat de mariage, avec Louise Jeanne Chamont, en 1761, énonce les biens du futur. Il déclare que le roi lui a accordé un brevet de 18 000 livres de retenue, plus 10000 livres.
J’ignore sa date de décès; si son épouse lui a survécu, elle a touché une belle pension. Ils ne semblent pas avoir eu d’enfant.
Source
La base Prosocour retrace sa carrière :
https://www.prosocour.chateauversailles-recherche.fr/info_personne/_R7Bs3kBGuoZ3L-atyD0