2024-11-08

Gobelet de vin du Roi


Chef de gobelet de vin du Roi, la profession est inattendue. Je voyais un domestique en livrée, debout auprès du monarque, chargé de tenir le gobelet, de le goûter pour tester s’il est bon et de surveiller qu’il ne soit pas empoisonné. 

En réalité, la fonction requérait différentes qualités de gestion et d’organisation.

Les officiers devaient dresser le couvert. (Admirez le service du gobelet du roi en 1756.) Ils s’assuraient de l’approvisionnement en pain, sel, linges et fruits d’une part , et ils supervisaient la fourniture de boissons, glaces et rafraîchissements d’autre part.




Le gobelet est l'un des sept offices du service de table de la maison du roi. Il comprend la paneterie et l’échansonnerie.


Emmanuel Guy de la Findoise est entré en charge au sommier de paneterie-commun, le 6 juin 1751. Ils étaient trois sommiers à travailler pendant le semestre de janvier jusqu’à la fin du mois de juin.

Les panetiers assuraient la provision et la distribution du pain. Les sommiers étaient des porteurs et s’occupaient des bêtes de somme.

Lorsque la Cour voyageait, le sommier de paneterie devait superviser le transport et l’entretien des coffres contenant le pain, et des coffres contenant la vaisselle. Ensuite, il s’occupait du service des tables des convives secondaires : officiers et commensaux, s’il travaillait pour le commun, et celle du souverain et de sa famille s’il était dans la partie bouche, c’est-à-dire au service du roi. Le roi et sa suite avaient l’habitude de se déplacer à Fontainebleau et à Compiègne. 

Le semestre de janvier était le plus tranquille, car la Cour ne partait jamais en campagne durant l’hiver. Quand les beaux jours incitaient aux déplacements, le travail devenait très prenant. 

Emmanuel était jeune, il avait 25 ans. Ses gages s’élevaient à 600 Livres tournois.

Il est sorti de cette charge, qu’il a revendue en démissionnant quatre ans plus tard, en avril 1755.



Recensement des officiers de la maison du roi en 1755

Il devait être compliqué de cumuler deux emplois. En effet, l’année précédente, le 25 août 1754, il était devenu chef de l’Echansonnerie-bouche, c’était une belle promotion dans la hiérarchie du Gobelet.

Le prix de cet office était d’environ 36 000 livres. Il a travaillé de 1754 à 1775, dans le quartier d’octobre.

Il devait prendre soin de tout ce qui concernait les boissons. Le rituel du repas se déroulait avec précision.

Les officiers dressaient la table, ils frottaient les couverts avec de la mie de pain que le chef du gobelet doit manger pour montrer que les ustensiles ne sont pas empoisonnés. 

L’étiquette instaurée par Louis XIV était-elle aussi rigoureuse au milieu du 18e siècle ? Voici le repas du roi en 1702.

« Celuy qui sert d’Echançon, lorsque le roy a demandé à boire, aussitôt crie tout haut, A boire pour le roy ;  vient au buffet prendre des mains du Chef d’Echançonerie-bouche la soucoupe d’or garnie du verre couvert, et des deux caraffes de crystail, plaines de vin et d’eau, puis revient précédé du Chef et suivi de l’Aide du Goblet-Echançonerie-bouche. Alors étant tous trois arrivez à la table du roy, ils font la révérence devant le roy, le Chef se range de côté, et le Gentil-homme-Servant verse des caraffes un peu de vin et d’eau dans l’essey ou petite tasse vermeil doré, qui tient le Chef du Goblet. Puis ce Chef de Gobelet reverse la moitié de ce qui lui a été versé, dans l’autre essay ou petite tasse de vermeil qui lui est présenté par son Aide. Pour lors ce même Chef de Gobelet fait l’essay. et le Gentil-homme-Servant se tournant vers le roy le fait après, aïant remis entre las mains dudit Chef du Gobelet la tasse avec laquelle il a fait essay, et ce Chef les rend toutes deux à l’Aide. Vous remarquerez que ces deux petites tasses, sont aussi apelées des Essais. L’essai fait à la vûë du roy de cette sorte, le Gentil-homme-Servant fait encore la révérence devant Sa Majesté, lui découvre le verre, et lui présente en même temps la soucoupe, où sont les caraffes. Le roy se sert lui-même le vin et l’eau, puis aïant bû et remis le verre sur la soucoupe, le Gentil-homme-Servant reprend la soucoupe avec ce qui est dessus, recouvre le verre, fait encore la révérence devant le roy, ensuite il rend le tout au même Chef d’Echançonerie-bouche, qui le reporte au buffet. » http://www.chateauversailles-recherche-ressources.fr/jlbweb/jlbWeb?html=notetiquette&ref=2001

 

 

Emmanuel Guy de la Findoise était maître d’hôtel des pages de la Petite Écurie, entre 1774 et 1778.

Les pages de l’Écurie appartenaient à la noblesse, ils recevaient une éducation complète et étaient entraînés à monter à cheval, ils savaient manier les armes pour la guerre et pour la chasse ; ils étaient attachés au roi.

Il n’apparaît pas étonnant que le frère de Catherine Julie (sosa 343) travaille pour la Petite Ecurie du roi dont le patron était un ami de celle-ci.

Emmanuel n’oubliait pas de négocier ses pensions relatives à ses différents emplois. On peut le voir dans l'Almanach de la Cour.





Son contrat de mariage, avec Louise Jeanne Chamont, en 1761, énonce les biens du futur. Il déclare que le roi lui a accordé un brevet de 18 000 livres de retenue, plus 10000 livres.

J’ignore sa date de décès; si son épouse lui a survécu, elle a touché une belle pension. Ils ne semblent pas avoir eu d’enfant. 


Source

La base Prosocour retrace sa carrière :

https://www.prosocour.chateauversailles-recherche.fr/info_personne/_R7Bs3kBGuoZ3L-atyD0

2024-11-07

Femme de chambre de la marquise

 

Madame la Marquise d’Heudicourt 

employait Julie Françoise Guibert (sosa 687) 

comme Femme de chambre en 1725.



Julie Françoise Guibert est née le 4 avril 1697. Elle est morte entre 1761 et 1769.


1725 est l’année de son mariage, elle avait 27 ans lorsqu’elle a épousé à Versailles, Barthélemy Guy de la Findoise, il était alors Garde des écuries du roi. 

Sa fille, Julie Catherine est arrivée neuf mois plus tard.



Qui est la marquise d’Heudicourt ?

La plus célèbre Bonne de Pons, marquise d’Heudicourt :

Elle passe pour être un temps favorite du roi. Elle est l’amie de Madame de Maintenon dont la biographie, racontée dans le roman « L’Allée du Roi » que je viens de relire, m’inspire beaucoup pour comprendre la vie à Versailles. Bonne est mariée avec Michel Sublet, marquis d’Heudicourt, grand louvetier de France. Cet office se transmet à son fils Pons-Auguste.

Bonne est morte en 1709. Elle n’a pas connu cette femme de chambre.

Les autres marquises d’Heudicourt, proches de l’entourage du roi, ont habité dans un appartement dans le palais de Versailles.

Bonne confia sa fille, Louise Sublet à Madame de Maintenon qui s’occupait des enfants illégitimes du roi. Celle-ci fut ensuite Dame du palais de la Dauphine, duchesse de Bourgogne. Elle épousa le marquis de Montgon. Louise mourut en 1707, et n’a pas connu cette femme de chambre.

L'épouse de son fils Pons-Auguste, Julie de Hautefort serait décédée en 1721, c’est l’information que donnent la plupart des arbres Geneanet. Aucun ne cite de source, cela aurait dû faire vaciller ma confiance, mais les archives de Paris ne sont pas consultables à cette époque.

1721, c’est l’année de la naissance de sa fille. Charlotte « Alexandrine », la quatrième marquise d’Heudicourt avait donc 4 ans en 1725. Julie Françoise serait-elle la femme de chambre d’une si petite marquise ?

En cours d’écriture de cet article, je suis restée sur cette hypothèse qui m’a tout de même permis d’avancer ainsi :

En étudiant la généalogie de cette noble famille, un détail m’interpelle et de manière inattendue, cela tend à renforcer les relations avec notre famille.

La grand-mère maternelle de la petite est la fille du maréchal duc d’Humières. Évidemment, elle connaissait le concierge du château de Mouchy qui se trouve sur leurs terres de Monchy-Humières. Ce concierge… c’est Claude Balthazar Guibert, le père de Julie Françoise Guibert.

 

La profession « femme de chambre de la marquise d’Heudicourt » n’est mentionnée qu’une fois dans la vie de Julie. J’ai cherché les actes de baptême de ses enfants. En 1736, le parrain du petit François Nicolas est « officier de cuisine chez monsieur le marquis d’Heudicourt ».  

En 1738, pour le baptême d’Alexandre, j’ai eu raison d’insister pour déchiffrer cet acte :


La marraine d’Alexandre est Charlotte « Alexandrine » Marquise d’Heudicourt comtesse de Belsunce, représentée par Madeleine le Tellier épouse du parrain Jean François Leclerc, agent des affaires de Monsieur le Marquis d’Heudicourt.»

J’ai trouvé leur acte de mariage en 1733, Madeleine est femme de chambre de Madame la marquise d’Heudicourt.

La marquise Charlotte « Alexandrine » est une dame d’honneur de Madame Adélaïde de France. Elle compte parmi les favorites du roi.

Alexandrine Charlotte  _  Marquise d'Heudicourt

Le baptême d’Emmanuel en 1729 fait apparaître ce qui me semble une anomalie.


« Le parein a été Louis Chapperon officier de Mr le marquis d’Hedicourt grand Louvetier de France, la mareine dame Julie d’Autefort, marquise d’Hedicourt qui a constitué et mis en sa place Genevière Guy, tante paternelle de l’enfant qui a declaré ne scavoir signer ».


Julie d’Hautefort, Marquise d’Heudicourt serait toujours vivante ?

Un seul des très nombreux arbres sur Geneanet annonce sa date de décès le 3 novembre 1748. Je le crois volontiers, puisqu’elle signe un acte notarié en 1743[i].


Voilà, la Marquise d’Heudicourt qui employait Julie Françoise est bien Julie d’Hautefort.


Nous la retrouverons dans le billet 

Haute et puissante marraine.

 



2024-11-06

Écuries du Roi

 

Tous les chevaux du roi dormaient dans de belles écuries royales à Versailles. Soigneusement tenues, elles contribuaient à montrer la puissance et le prestige de la cour.


Les chevaux de grande qualité étaient choisis pour leur beauté et leur comportement. On comptait, au milieu du XVIIIe siècle, environ 398 chevaux dans la Grande Écurie, et 250 dont 125 pour les attelages dans la Petite Écurie.



Deux bâtiments symétriques abritaient les écuries. Mansart a voulu qu’ils soient en harmonie avec le château, majestueux comme une réplique qui ne lui ferait pas de l’ombre.

 

La Grande Écurie s’occupait des chevaux de selle agiles et rapides, des chevaux pour la chasse et la guerre.

La Petite Écurie gérait le transport et les besoins quotidiens pour les activités de la cour. Magnifiquement préparés pour les cérémonies officielles et les parades, les chevaux d’attelage et les carrosses contribuaient à la représentation du pouvoir royal


Le responsable de la Petite-Écurie était Premier écuyer que l’on appelait Monsieur Le Premier, il avait une grande autorité, car tout dépendait de lui.  


Henri Camille de Beringhen avait prêté serment le 6 février 1724. C’était un gentilhomme proche du roi qui faisait preuve d’une fidélité absolue. Il assistait au lever et au coucher du monarque.  




Le 11 janvier 1729

On n’avoit point vu depuis nombre d’années un tems si propre à aller en Traineaux, à cause de la forte gelée & de la quantité de neige. 

Il avait beaucoup neigé depuis le début de l’année, Louis XV lui avait communiqué son souhait d’organiser une course de traîneaux. À dix heures lorsque le roi se réveilla, Beringhen était présent pour la cérémonie du lever. Louis donna son programme, invita quelques courtisans, et demanda de préparer les chevaux et les attelages afin que le sien apparaisse magnifique.


Une grande effervescence régnait donc dans la Petite Écurie. Les palefreniers bouchonnaient les chevaux, les pages s’affairaient pour apporter la nourriture et les abreuver. Un maréchal-ferrant posait des fers.

stalles de la Petite-Ecurie Versailles Johann Georg Rosenberg


Les stalles avaient été nettoyées. L’air était frais, chargé des odeurs de foin et de cuir. Les selliers et les harnacheurs ajustaient les selles et les brides. On attela les traîneaux. Les chevaux, resplendissants dans leurs robes lustrées, attendaient impatiemment. Quelques hennissements se répondaient.

Au centre de la cour intérieure, des officiers en uniforme discutaient à voix basse, feuilletant des plans de la journée.

Beringhen dans son bel habit s’assura que tout était en ordre, inspectant les équipements et donnant des instructions précises. Il savait que tout devait être parfait pour plaire au souverain.

Pour souffler un peu et faire baisser le stress. Il leva la tête et porta son regard sur le fronton de la face est, sur le bas-relief de Girardon « Alexandre domptant Bucéphale » semblait l’encourager.

 



Quand Louis arriva, entouré d’un grand nombre de Princes, de princesses, de seigneurs et de dames de la cour, un silence respectueux s’installa. Tous les regards se tournèrent vers lui alors qu’il s’approchait.

Henri Camille le rejoignit, ils échangèrent quelques mots en aparté.

Puis tout ce beau monde prit place pour la parade.

Ils étaient presque tous en bonnet fourrez et de grandes moustaches postiches, avec des redingotes ou d’autres habits fourrez ; Les princesses et les dames, étoient en bagnolettes, en mantilles et quelques-unes par-dessus leurs habits avaient des manières de cazaquins fourrez, à la polonoise.



Le premier écuyer donna le signal du départ au cocher et les chevaux se mirent en route avec précautions pour assurer leur pas dans la neige.

Le marquis de Beringhen marchoit en tête sur un grand traîneau est tiré par quatre chevaux pour frayer le chemin. Tous les autres traîneaux étoient à un seul cheval.

Sa Majesté suivoit immédiatement sur un magnifique traîneau, dont le cheval avoit un riche caparaçon bordé de grelots d’argent.  

Claude Déruet, L'eau.

Le roi avec toute sa suite en traîneaux, après avoir fait le tour du grand canal, alla faire collation à la ménagerie. & ensuite, souper à Trianon.

Ce spectacle brillant a suscité la curiosité de la Cour et de la Ville.

 

Catherine Julie, âgée alors de quatre ans, assista probablement à cette parade avec sa mère. Avait-elle déjà été éblouie par le beau marquis qui menait le défilé et s’en souviendrait-elle lorsqu’à son tour elle attirerait ses regards ?    

 

 

Source des citations :

Mercure de France : dédié au Roy 1729-02-01 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3817153f/f196

 

2024-11-05

D’où viennent-ils

 

C’était être attiré par Versailles. C’était parcourir quelques lieues pour y aller ou seulement imaginer ce qui se passait là-bas.

C’était savoir qu’un château se construisait, un château immense, luxueux, avec des étages, des couloirs, des escaliers, des pièces avec des miroirs, beaucoup de miroirs.

C’était se rêver en princesse, avec une robe de taffetas, ornée de dentelles et de rubans.  

C’était porter une livrée, une épée, un chapeau à plumes.

C’était se rapprocher du Soleil, du Roi Soleil, être séduit par les dorures, par l’or en fait, par l’argent que l’on allait gagner. Par un travail qu’ils imaginaient si facile. Comme s’il suffisait d’être là, près des nobles, pour les servir, pour leur sourire, pour ouvrir les portes devant eux, devant leurs chevaux.

C’était soigner les chevaux, soigner les lévriers, les épagneuls.

C'étaient des courses en traîneaux dans la neige.

C’était aller dans les jardins, cueillir des fleurs, croiser la reine, croiser les dames d’honneur de la reine, les gentilshommes. les ducs, les marquis.





Naguère,

C’était vivre au bord des forêts, entendre les loups, chasser le loup. Être piqueur du roi, s’occuper des lévriers du roi. C’était s’appeler Barthélemy Guy, mais pas encore Guy de la Findoise, naître vivre et mourir à Andrésy.

C’était Marie Sequeville, sa femme, fille d’un marchand de Triel-sur-Seine.

C’étaient les parents de Marie, mariés en 1603 à Conflans-Cainte-Honorine, Conflans qui se trouve au confluent de la Seine et de l’Oise, à la Fin d’Oise.


C’étaient les patronymes de là-bas, dans les boucles de la Seine : Regnault Sequeville et Françoise Malfuzon, Thomas Beuzeville et Jacqueline Raguichon.

C’était Jean Bidault, marchand de bois à Compiègne avec Angélique Monart.

Et tous ceux qui restent à retrouver...


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2024-11-04

Châteaux, etc.

 

La vie de château, ça vous fait rêver ? Cela dépend : si l’on y travaille, si l’on est en vacances, si l’on y vit confortablement, si l’on doit tout nettoyer…

 

Le château de Mouchy,

À Monchy-Humières, dans l’Oise sur les bords de l’Aronde, le domaine était la propriété des ducs d’Humières. Les jardins ont été créés par André Le Nôtre. Il est bien possible que ce soit Claude Guibert (sosa 2748) qui ait accueilli dans le parc ce jardinier-paysagiste renommé. 


Pars du château de Mouchy _ Franck devedjian, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

Les grands-parents maternels de Catherine Julie étaient concierges au château de Mouchy, depuis deux générations. 

La famille Guibert était appréciée par les d’HumièresMadame la Maréchale ou encore ses filles sont citées comme marraines. On va retrouver ces relations qui appuient les parcours de leurs descendants.

 

Château de Mouchy  Humières


Versailles

Julie Françoise Guibert, était employée comme femme de chambre chez le marquisd’Heudicourt

Château de Versailles _ DiscoA340, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


À Versailles, celui-ci occupait les appartements 100 et 100 A, dans l’aile des Princes, sur la cour de la surintendance. Cet appartement double se situait dans l’attique et les galetas du pavillon. C’est là que sont logés les courtisans et leurs domestiques. L’appartement 100 comptait quatre pièces dont trois à cheminée, onze entresols dont quatre à cheminée. L’appartement 100A comptait deux pièces à cheminées.

via Wikimedia Commons  Château de Versailles 


Il semble que pour pouvoir élever ses enfants, Julie Françoise s'est arrêtée de travailler. Barthélemy était garde au château. La famille Guy de la Findoise logeait dans un appartement en ville, ils étaient paroissiens de Notre-Dame.

Lorsque leur fille Catherine Julie s’est mariée, elle habitait à Paris, rue des Petites-écuries où exerçait son époux Jean Gabriel Verne.


Cormatin

Le château de Cormatin, en Bourgogne appartenait à la famille de Béringhen. Henri Camille l’avait proposé pour le prix intéressant au couple Verne qui a pu l’acquérir.

 

Château de Cormatin

Henri Camille était sûrement amoureux de Julie Catherine ; il lui a offert de beaux cadeaux. Lorsqu’elle s’est mariée, il a fait une donation de 35000 livres, selon le contrat signé le 7 octobre 1747. Henri Camille lui avait trouvé un bon mari en la personne de Jean Gabriel Verne, son subalterne à la Petite Écurie du roi. Il lui avait donné des responsabilités de contrôleur des équipages de la Petite Écurie qui lui ont procuré une fortune appréciable au fil des années.

Julie Catherine n’a pas eu à se plaindre de son mari qui apparaît avoir été un bon époux.

Quatre enfants sont nés entre 1755 et 1760. Elle a appelé leur fille Sophie Geneviève Henriette. C’est elle qui a hérité du château de Cormatin.

Château de Cormatin 


Le château de Cormatin n’est pas resté longtemps dans la famille de Sophie. Il a été le théâtre de fêtes éblouissantes, de romantiques histoires d’amour et de peines de cœur, de naissances, de deuils. 

Il a été oublié dans la mémoire familiale, mais il fait partie de mes belles découvertes généalogiques. Et j’aime à penser à cet écrin digne d’un conte ancien. 



2024-11-02

Belle Bouquetière

 

Catherine Julie Guy de la Findoise est connue comme « la Bouquetière » de Versailles.

Beaucoup de billets de ce challenge AZ, consacré à Versailles, gravitent autour de sa famille.

Elle est la sosa 343 de mes enfants. Son surnom qui reste intrigant a traversé les siècles et incite à imaginer sa vie de jeune fille, dans un lieu prestigieux plein de fleurs.

Il n’est pas apparu si facile de me la représenter lorsque j’ai visité le parc. De nos jours, les jardiniers sont moins nombreux qu’au 18e siècle. Mais essayons…

Ce tableau est peint par l'ami de son ami : JB Oudry, L'odorat


Dans les jardins de Versailles

Une Bouquetière passe. Regardons-la : ce serait un matin d’été, une ravissante jeune fille vêtue d’une robe légère, jupe de brocard ample et corsage ajusté aux manches bouffantes, parcourt les allées. D’un pas léger, elle se rend dans le jardin de la reine. Elle porte un panier qu’elle va remplir de fleurs.


Les roses au parfum subtil, les dahlias épanouis, les lys élégants, les pivoines voluptueuses ont déplié leurs pétales pour l’attirer. Elle prend le temps d’observer chacune, pour choisir celles qui lui conviennent. Elle approche son nez pour humer leur odeur. Elle pique une rose sur le ruban de son chapeau de paille. Elle prend garde aux épines en coupant de longues tiges qui iront dans les grands vases. Pour mettre une touche de verdure qui équilibrera la couleur des feuilles, elle va chercher du feuillage de laurier qui pousse à côté de la statue de Daphné. Elle ajoute des fougères délicates, et du buis qui pousse à profusion dans les bosquets.


De retour au château, elle s'applique à composer son bouquet.

Concentrée sur sa tâche, elle n’a pas vu arriver un homme élégant qui semble la connaître. Il la complimente sur son bouquet. Il dit qu’il souhaiterait avoir quelques fleurs chez lui aussi.

Elle promet de lui en apporter. Elle sourit et lui offre une rose.


J'ai cherché à voir des vases dans le château de Versailles, mais ils ont été dispersés, cassés, perdus ou vendus.

J'ai imaginé en admirant ce vase, racheté par les collectionneurs Anglais et exposé dans la Wallace Collection, qu'il pourrait être un de ceux dans lesquels elle va disposer ses fleurs.




Barthélémy et Julie Françoise, les parents de Catherine Julie se sont mariés le 12 février 1725, à Versailles. Leur fille est née neuf mois plus tard, c’était le jour de la Sainte-Catherine, fêté le 25 novembre. Elle avait une tante qui portait ce prénom.

J’ai supposé que le père de Catherine Julie avait acheté une charge pour sa fille, comme il l’avait fait pour ses fils et pour lui même. Mais, il n’existe pas d’emploi officiel de bouquetière. 

La belle bouquetière, très jeune, avait attiré les regards du Premier écuyer du roi. Il avait 32 ans de plus qu’elle. L’amour était-il réciproque ? C’est fort possible, Henri Camille de Béringhen apparait bel homme, cultivé, aimant les arts, prévenant et bienveillant envers sa maitresse (comme on le verra dans le billet suivant).




2024-11-01

Ancêtres à Versailles

 

Il y a bien longtemps, j’avais visité Versailles pour la première fois. J’étais émerveillée comme si j’entrais dans un autre monde. Telle une touriste étrangère, j’étais éblouie par la magnificence de ce château : les ors, les lumières et les reflets de l’Histoire de France s’y déployaient avec éclat, offrant un spectacle à couper le souffle.


Photo : Myrabella/Wikimedia Commons


Cependant, je restais peu concernée, jusqu’au jour où j’ai découvert dans la généalogie de mes enfants une ancêtre à la vie tumultueuse qui avait été, dit-on, « Bouquetière à Versailles ». Ces deux mots suffisaient à titiller l’imagination, j’ai commencé à m’intéresser à l’époque de XVIIIe siècle dans ce lieu.

Les parents et les frères de Catherine Julie étaient employés comme officiers du roi, leur patronyme Guy s’est allongé en Guy de la Findoyse. Ils n’étaient pas nobles, mais au service des puissants. Ils travaillaient comme valets de garde-robe, valet des lévriers, garde des écuries, garde de la porte, sommier de paneterie, puis chef du gobelet du roi.

Obtenir un emploi dans l’entourage de la Cour, c’est avoir la possibilité d’une ascension sociale et des gains économiques pour sa famille.

Cette enquête donne enfin l’occasion d’aborder la question du réseau d’amitié de Catherine Julie qui fréquentait Monsieur le Premier, un homme haut placé. J’avoue avoir été séduite moi aussi par sa généalogie. Je ne peux le relier qu’en pointillé avec notre arbre, mais je vous en reparlerai.


Du côté de ma généalogie, les articles du ChallengeAZ de l’an dernier m’ont fait découvrir deux oncles incroyables : Nicolas Hubert Paulin l’organiste de la Chapelle royale et un inattendu savetier de la reine Marie-Thérèse d’Autriche.

Ce sont eux qui m’ont donné envie de revoir Versailles, mais cette fois-ci en me mettant dans les pas de ces personnages. J’ai marché dans les rues de la ville, je me suis recueillie dans la chapelle royale imaginant entendre l’organiste, j’ai visité les appartements du roi, j’ai parcouru les mêmes couloirs où ont déambulé des rois, des reines et des figures historiques, j’ai avancé dans les allées des jardins et je me suis promenée dans le parc. Je ressentais un frisson de connexion avec le passé et une étrange proximité avec l’histoire.

Ce printemps, il n’était pas certain que je trouve 26 récits intéressantes à écrire pour nourrir ce ChallengeAZ. Alors j’ai accumulé de la documentation pour comprendre comment s’organisait leur vie, comment se tissaient leurs réseaux de relations.

Le site Prosocour est une mine précieuse pour apprendre en quoi consistaient leurs charges, quelle chance de pouvoir lancer une recherche par individu pour découvrir leur carrière.

 

Depuis 10 ans, je participe au ChallengeAZ, je suis étonnée de tout ce que ce défi d’écriture me donne l’occasion de comprendre. Si j’ai parfois un doute sur le thème, me demandant s’il va être intéressant à traiter, et surtout à lire, l’aventure qui s’ensuit ne laisse pas de m’étonner.

Au fur et à mesure, je me surprends à être passionnée par les découvertes que je n’aurais jamais faites si je n’avais pas participé au ChallengeAZ. 

 

Allons à Versailles, pour ce nouveau Challenge AZ 2024 

  

ToucanWings, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons


Je vous invite à découvrir la ville, son église, à longer les écuries, à traverser la place d’Armes, à franchir la grille en or et passer dans la cour d’honneur. Entrons ! Barthélemy nous ouvre les portes de Versailles. 




2024-09-30

La mort ou la vie

 


Mourir

Antoine a perdu la vie le 16 juin 1917, en Lorraine dans les environs de Commercy, il a été tué au combat, aux commandes d’un SPAD VII.

Il se portait volontaire pour des missions difficiles. Il effectuait des croisières de chasse s’aventurant toujours plus en avant dans les lignes ennemies. Il était alors désespéré, rempli de chagrin, car sa jeune épouse venait de mourir. Il désirait la rejoindre. « Un télégramme redouté » est un triste épisode de la série des billets sur ce jeune grand-père.

L'appareil a été touché par des tirs, il a réussi à le poser, il était blessé, il est descendu, puis s’est couché sous l’avion pour mourir.

Ses ennemis, Seidel et le sergent Artur Rösler faisaient partie de l’escadron de protection 10 (Schutzstaffel 10).  On ne peut même pas leur en vouloir, puisque le jeu de la guerre n’incite pas les soldats à réfléchir, ils doivent se montrer combattants. C’est une question de convictions, d’obéissance et d’honneur.


Antoine Laplace a reçu la croix de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, le 23 juin 1917.

L’Allemand, Artur Rösler est décédé le 3 novembre de l’année suivante.


Vivre

Lors de l’épisode héroïque relaté dans le billet précédent « De l’autre côté des combats », Antoine a fait preuve d’un extraordinaire courage de vie. Il était, à cette époque-là, jeune marié, amoureux, père d’un petit Paul âgé de 17 mois.

Dans les lettres à ses parents, il ne précise pas quel est son avion.

J’ai repris la version d’une association d’aviateurs affirmant qu’il volait sur un Morane.

Peut-être dois-je rectifier, en essayant de me documenter plus précisément, sur les conseils de mon correspondant Hannes :

En septembre 1915, l’escadrille française était en train de se doter d’un nouveau modèle ; son nom a même changé, à partir du 22 septembre lorsque les Nieuport ont été livrés, elle est devenue l’escadrille N15. Le 26 mai, quand Antoine l’a intégrée, elle était appelée MS15 avec les initiales des Maurane-Saulnier.

Le 11 septembre, le capitaine René Turin et l’observateur Antoine Laplace pouvaient voler sur un Nieuport 10 tout neuf. Dans le récit des Allemands, ils apparaissent très fiers de tester les possibilités de leur super aéronef.

Nieuport 10 _ NiD.29, CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons


Ses adversaires témoignent de la stupéfiante rapidité de l’avion qu’ils découvrent. « Et voilà, tout à coup les gars ont la folie des grandeurs et m’attaquent avec un nouveau type de biplan, avec un fuselage et très rapide ». Le Nieuport pouvait voler jusqu’à 145 km et donc atteindre une vitesse de 15 à 25 km/h plus grande que le Maurane Saulnier.

C’est un appareil de reconnaissance conçu pour des missions d’observation afin de prendre des photographies du terrain. Plus tard, il a servi d’avion de chasse. Le photographe pouvait être mitrailleur de photos ou réellement armé d’une mitraillette.

Le biplan comportait deux places selon la configuration Nieuport 10 AV ou Nieuport 10 AR, le pilote se trouvait à l’avant et l’observateur à l’arrière ou vice-versa.

Le détail prend toute son importance dans le cas où le pilote est blessé, comme le fut la capitaine René Turin. Comment l’observateur pourra-t-il prendre sa place pour tenir les commandes ?  Il fallait avoir un courage hors du commun. Cela me donne le vertige d’imaginer Antoine dans cette situation terrifiante.

S’il se trouvait à l’arrière, il devait grimper et déplacer son compagnon pour réussir à dégager le siège et occuper sa place. S’il se trouvait à l’avant, il devait se retourner, se pencher en arrière et passer à côté du pilote, le pousser pour pouvoir prendre le contrôle du manche. Tout cela au plus vite, sans attendre que l’avion pique vers le sol.

Antoine a réussi à atterrir du bon côté tout près des lignes ennemies. Le capitaine a été sauvé et Antoine a obtenu le grade de lieutenant.

 

Voir aussi dans la série "Antoine et Marie" :

De l'autre côté des combats

S’envoler

puis

  Antoine, un As de l’aviation

 Marie, jeune épouse dans son nouveau foyer

   Détruire les lettres

     Un télégramme redouté

Source :  article Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nieuport_10