2024-09-30

La mort ou la vie

 


Mourir

Antoine a perdu la vie le 16 juin 1917, en Lorraine dans les environs de Commercy, il a été tué au combat, aux commandes d’un SPAD VII.

Il se portait volontaire pour des missions difficiles. Il effectuait des croisières de chasse s’aventurant toujours plus en avant dans les lignes ennemies. Il était alors désespéré, rempli de chagrin, car sa jeune épouse venait de mourir. Il désirait la rejoindre. « Un télégramme redouté » est un triste épisode de la série des billets sur ce jeune grand-père.

L'appareil a été touché par des tirs, il a réussi à le poser, il était blessé, il est descendu, puis s’est couché sous l’avion pour mourir.

Ses ennemis, Seidel et le sergent Artur Rösler faisaient partie de l’escadron de protection 10 (Schutzstaffel 10).  On ne peut même pas leur en vouloir, puisque le jeu de la guerre n’incite pas les soldats à réfléchir, ils doivent se montrer combattants. C’est une question de convictions, d’obéissance et d’honneur.


Antoine Laplace a reçu la croix de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, le 23 juin 1917.

L’Allemand, Artur Rösler est décédé le 3 novembre de l’année suivante.


Vivre

Lors de l’épisode héroïque relaté dans le billet précédent « De l’autre côté des combats », Antoine a fait preuve d’un extraordinaire courage de vie. Il était, à cette époque-là, jeune marié, amoureux, père d’un petit Paul âgé de 17 mois.

Dans les lettres à ses parents, il ne précise pas quel est son avion.

J’ai repris la version d’une association d’aviateurs affirmant qu’il volait sur un Morane.

Peut-être dois-je rectifier, en essayant de me documenter plus précisément, sur les conseils de mon correspondant Hannes :

En septembre 1915, l’escadrille française était en train de se doter d’un nouveau modèle ; son nom a même changé, à partir du 22 septembre lorsque les Nieuport ont été livrés, elle est devenue l’escadrille N15. Le 26 mai, quand Antoine l’a intégrée, elle était appelée MS15 avec les initiales des Maurane-Saulnier.

Le 11 septembre, le capitaine René Turin et l’observateur Antoine Laplace pouvaient voler sur un Nieuport 10 tout neuf. Dans le récit des Allemands, ils apparaissent très fiers de tester les possibilités de leur super aéronef.

Nieuport 10 _ NiD.29, CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons


Ses adversaires témoignent de la stupéfiante rapidité de l’avion qu’ils découvrent. « Et voilà, tout à coup les gars ont la folie des grandeurs et m’attaquent avec un nouveau type de biplan, avec un fuselage et très rapide ». Le Nieuport pouvait voler jusqu’à 145 km et donc atteindre une vitesse de 15 à 25 km/h plus grande que le Maurane Saulnier.

C’est un appareil de reconnaissance conçu pour des missions d’observation afin de prendre des photographies du terrain. Plus tard, il a servi d’avion de chasse. Le photographe pouvait être mitrailleur de photos ou réellement armé d’une mitraillette.

Le biplan comportait deux places selon la configuration Nieuport 10 AV ou Nieuport 10 AR, le pilote se trouvait à l’avant et l’observateur à l’arrière ou vice-versa.

Le détail prend toute son importance dans le cas où le pilote est blessé, comme le fut la capitaine René Turin. Comment l’observateur pourra-t-il prendre sa place pour tenir les commandes ?  Il fallait avoir un courage hors du commun. Cela me donne le vertige d’imaginer Antoine dans cette situation terrifiante.

S’il se trouvait à l’arrière, il devait grimper et déplacer son compagnon pour réussir à dégager le siège et occuper sa place. S’il se trouvait à l’avant, il devait se retourner, se pencher en arrière et passer à côté du pilote, le pousser pour pouvoir prendre le contrôle du manche. Tout cela au plus vite, sans attendre que l’avion pique vers le sol.

Antoine a réussi à atterrir du bon côté tout près des lignes ennemies. Le capitaine a été sauvé et Antoine a obtenu le grade de lieutenant.

 

Voir aussi dans la série "Antoine et Marie" :

De l'autre côté des combats

S’envoler

puis

  Antoine, un As de l’aviation

 Marie, jeune épouse dans son nouveau foyer

   Détruire les lettres

     Un télégramme redouté

Source :  article Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nieuport_10


2024-08-19

De l'autre côté des combats

 

Il arrive que l’on soit contacté par des lecteurs intéressés, mais là je ne m’attendais pas à ce partage fabuleux.

Sous l’article « S’envoler » qui relate les batailles aériennes auxquelles a participé notre grand-père, en 1915, un message arrive d’Allemagne. Il apporte ces précisions à mon récit :

« Les adversaires de Turin et de Laplace étaient deux monoplans Fokker avec Max Immelmann et Oswald Boelcke ». Mon mystérieux correspondant ajoute : « Salutations de Dresde ».

Un échange d'informations s’engage avec Hannes de plus en plus amical. L’auteur, passionné par les pionniers de l’aviation, prépare une biographie d'Immelmann.

Je vous propose de découvrir les deux versions de la bataille aérienne que racontait Antoine dans une lettre à ses parents en septembre 1915 (que j’ai transcrite dans cet article).

Du côté d’Antoine 

La série d’articles retraçant les années 1913-1917 du grand-père Antoine était nécessaire pour mettre au clair les zones tristes ; elle fut difficile à écrire, car elle raconte l’histoire d’un couple d’amoureux qui traverse une dernière année tragique.



En 1915, Antoine Laplace est sous-lieutenant observateur. Il rejoint l’escadrille MS15 qui s'installe à Savy-Berlette, près d’Arras.

La deuxième offensive d’Artois se prépare. Les troupes franco-britanniques se rassemblent sur le front.

Les aviateurs effectuent des missions de reconnaissance en survolant les terrains sensibles. S’ils rencontrent des chasseurs ennemis, leurs repérages prennent la tournure de violentes batailles aériennes.

Morane-Saulnier L Wikimedia CC BY-SA 4.0

L’escadrille vent de se doter d’un nouveau modèle d’avion, le Morane Saulnier, type L avec son aile parasol. 

Le 11 septembre 1915

Antoine décolle à bord d’un Morane, en qualité de copilote, aux côtés de son capitaine René Turin, commandant de l’escadrille. 

Du côté des Allemands

Les versions des Allemands Oswald Boelke et Max Immelmann, divergent sur quelques points, mais apportent des informations intéressantes.


Fokker E.III.

Mon correspondant qualifie la situation de la soirée par ces mots : « after a few dogfights », il faut comprendre qu’ils ont mené des batailles aériennes entre avions de chasse à courte distance, ce qui nous met dans l’ambiance.

La nuit commençait à tomber, il est temps pour chacun de rejoindre la base. Au sol, les hommes dans les tranchées ont suivi leurs combattants avec inquiétude sûrement. Les Allemands veulent leur montrer qu’ils ont dominé la bataille et décident d’effectuer quelques virages dans les airs. Les pilotes sont connus comme des champions des manœuvres acrobatiques. La figure de voltige nommée Immelmann est encore célèbre, il était capable d’exécuter un demi-looping suivi d’un demi-tonneau pour surprendre ses adversaires par l’arrière. Constatant que le niveau d’essence baisse, ils se préparent ensuite à atterrir.

À ce moment-là, les Français décident d’attaquer.

Oswald Boelcke raconte « Et voilà, tout à coup les gars ont la folie des grandeurs et m’attaquent avec un nouveau type de biplan, avec un fuselage et très rapide. Mais ils semblaient surpris que nous non seulement nous laissions attaquer calmement, mais que nous nous réjouissions au contraire d’avoir enfin quelqu'un qui ne s'est pas enfui immédiatement. »

Dans un même élan non concerté, les deux pilotes Allemands font demi-tour et se rapprochent des Français. Ils tirent et atteignent René Turin. Max Immelmann dit : « Puis soudain, je vois, je n’en crois pas mes yeux, comment le pilote ennemi lève les deux bras. Son casque tombe en un large arc de cercle et un instant plus tard, l’appareil tombe verticalement de 2 200 mètres dans les profondeurs. Une colonne de poussière le montrait en train d’impacter. » 

Boelke décrit la chute : « J’ai dû blesser mortellement le Führer. Il a soudainement levé les deux mains et l’avion est tombé verticalement. Je l’ai vu tomber tout en bas. Il s’est retourné plusieurs fois puis est tombé verticalement dans la partie Est d’Ablain. Ablain se trouve à environ 400 m devant nos tranchées. Tous les gens dans la tranchée étaient contents du combat aérien et il est clairement établi que l’avion a été complètement détruit et que les occupants étaient morts. Immelmann l’a également vu tomber et était très heureux de notre victoire. »

En réalité, voyant que le pilote blessé à la jambe a perdu connaissance Antoine Laplace a réussi l’exploit de reprendre le contrôle de l’appareil, de le redresser à 500 m du sol, de passer à travers « d'un feu d’enfer transformant notre appareil en écumoire » et de le poser à terre.

Chacun des deux pilotes allemands fait également un atterrissage d’urgence, le moteur s’arrête en raison d’un manque de carburant. Ils doivent toucher terre dans l’obscurité.

Épilogue

Ce jour-là, les hommes rentrent sains et saufs dans leurs tranchées où leurs camarades les félicitent. Le pilote blessé va être soigné. Laplace reçoit la croix de guerre, il est proposé pour la Légion d’honneur. Boelke et Immermann ajoutent cette victoire à leur palmarès, ils seront décorés et considérés comme des as.

Voici le témoignage d’un de leurs collègues :"... ces chasses fantastiques sont folles de danger, mais on a l’impression qu’on rend un service personnel à son pays, et toutes les fois, on lui offre sa vie."

Les quatre hommes vont trouver la mort avant la fin de la guerre. Très jeunes, tous ont fait preuve d’un courage extraordinaire pour voler dans des avions aussi fragiles et affronter le feu des ennemis. Nés en 1888, 1890 et 1891, ils étaient sensiblement du même âge. Passionnés d’aviation, leurs parcours étaient similaires.

Ils auraient pu être amis.


Oswald Boelke & Max Immelmann


Voir aussi dans la série "Antoine et Marie" :

La mort ou la vie  pour compléter l'article ci-dessus

S’envoler

puis

  Antoine, un As de l’aviation

 Marie, jeune épouse dans son nouveau foyer

   Détruire les lettres

     Un télégramme redouté

Source :  articles Wikipédia

Oswald Boelcke : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oswald_Boelcke

Max Immelmann: https://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Immelmann

Immelmann (voltige) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Immelmann_(voltige)

Fokker E.III : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fokker_E.III

Maurane-Saulnier : https://fr.wikipedia.org/wiki/Morane-Saulnier_Type_L


2024-05-23

Adopter un ancêtre

 

Dans l’article précédent, j’ai partagé ma généajoie de pouvoir assembler un chaînon manquant en apprenant (merci Hélène!) les prénoms de François Deleurye x Anne Claude Langlois.



Ici j’aimerais vous déplier les bribes d’information qui suscitent des questions autour du patronyme Langlois. Trois branches sont présentes dans l’arbre:



  • 1ere branche : ce sont mes ancêtres :

 


Je ne connais pas les parents d’Anne Claude Langlois (sosa 817)

J’ai rencontré ses deux sœurs Élisabeth et Hélène Élisabeth. Elles portent le même prénom, mais ne se ressemblent pas.

Élisabeth est une sage-femme renommée. Hélène Élisabeth, épouse de Girard Aubert, marchand-mercier, est la mère de deux filles qu’Élisabeth aime bien puisqu’elle les a gâtées dans son testament.

Hélas, les trois sœurs restent silencieuses sur leurs parents. Aucune ne m’a révélé leur nom : pas d’acte de baptême ni de contrat de mariage. Je me demande même si c’était à Paris.

 

Allons voir du côté des cousins qui assistaient à l’enterrement de notre tante Élisabeth Langlois.

Ceux-ci m’apparaissent particulièrement intéressants, ils sont imprimeurs, marchands-libraires, graveurs, collectionneurs influents. Les familles Mariette et Coignard sont liées par plusieurs alliances.


  •  2ème branche : Un certain Nicolas Langlois a épousé la fille d’un imprimeur, bien qu’il soit marchand-tapissier.

au clic pour agrandir


Pour l’heure, cet outsider ne se place que comme grand-oncle des deux cousins JB Coignard et PJ Mariette

Est-il apparenté à Élisabeth Langlois ?

 

Voilà que le commentaire déposé sur le billet précédent introduit un autre personnage nommé Langlois dans cette branche. Je remercie Odile, généablogueuse qui a consacré une série d’articles sur la maison de la famille Mariette au 67 rue Saint-Jacques à Paris ainsi qu’aux personnes dignes d’intérêt autour de cette famille. J’ai appris beaucoup en lisant son enquête, notamment sur François Langlois [i]. 

 

François Langlois (1589-1647)


  • François Langlois est le premier époux de la grand-mère de Pierre Jean Mariette. 

Peintre, graveur, libraire, éditeur, marchand d’œuvres d’art et voyageur. Cet homme se montre particulièrement séduisant et j’aurais envie de l’adopter comme ancêtre.

Sur Wikipédia, l'article François Langlois dit Chartres le rend très séduisant.

Ah, si je pouvais trouver une source qui me permettrait de remonter jusqu’à lui !

 

François Langlois est le père de six enfants. Le site https://www.idref.fr/070759766 confirme que son fils Nicolas est bien le même que ce Nicolas Langlois dont je supposais qu’il ne se trouvait pas là par hasard dans l’arbre. Donc, le grand-oncle maternel est aussi l’oncle paternel de Pierre Jean Mariette.

 

 

En résumé, l’énigme à éclaircir se pose ainsi :

Quel est le lien de parenté entre la sage-femme Élisabeth Langlois et les cousins imprimeurs Coignard et Mariette ?

 

Mais, si je considère qu’Élisabeth Langlois est la sœur de mon ancêtre. Anne Claude Langlois se trouve être aussi la cousine de ces familles, j’ai de bonnes raisons de m’intéresser à ces personnages.  

 

 

Observons la situation établie :

Clic pour agrandir

François Langlois est le premier mari de Magdelaine de Collemont. Elle lui a donné six enfants. En secondes noces, elle épouse Pierre Mariette; leur fils Jean est le père de Pierre Jean.

Les cousins Langlois de Pierre Jean sont les enfants de ses oncles. On ne connaît que Nicolas, fils de Nicolas qui a succédé à son père en 1703, parce que les imprimeurs de renom laissent davantage de traces.

Et si les trois cousines se plaçaient dans cette famille. Elles pourraient être les filles de François, de Jacques, de Jacques ou de Nicolas. Ou peut-être de Claude, si le prénom d’Anne Claude peut passer pour un indice.  

 

Trouverais-je un jour la reconstitution de cette chaîne ? Rien n’apparaît certain. Cependant, cela me plairait bien d’adopter François Langlois comme ancêtre.


2024-04-16

Rebondissements

 

MichaelMaggs Edit by Richard Bartz, CC BY-SA 3.0  via Wikimedia Commons


C’est pour participer au ChallengeAZ que j’ai créé ce blog. En juin 2015, mon premier Challenge AZ naviguait avec mes « Marins en Méditerranée ».

Le généathème proposé ce mois-ci m’incite à revoir les récits que j’ai publiés, il y a neuf ans.


Alors que je suis en train de rédiger ce billet, tels de jolis ballons qui vont encore rebondir, de nouvelles découvertes viennent d’arriver et je remercie Hélène, car mon arbre s’enrichit.


Arrêt sur la branche de Rose Deleurye

Le billet intitulé Where in Marseille me rappelle que cette branche est restée longtemps bloquée au 19e siècle, ne pouvant trouver le chemin pour remonter sur Auguste Deleurye. Mon sosa 102 travaillait comme layetier, il était encore vivant en 1843, témoin de la naissance de Rose, mon arrière-grand-mère.

Cet article s’achève sur un post-scriptum pour rebondir :

Quelques minutes après avoir publié cette page juste avant minuit, j’ai eu une belle surprise. Selma m’envoie l’acte de mariage de Rose Deleurye qui me permet d’ajouter une génération.

Un cousinage sympa

J’ai eu l’occasion de séjourner à Marseille quatre mois plus tard et je me réjouissais de rencontrer un fameux généablogueur. Pour préparer mes recherches, je me penche sur les parents d’Auguste dont j’avais réussi à trouver l’acte de naissance le 6 avril 1789. Leur mariage indique que Louis Nicolas, marchand pelletier originaire de Paris, est veuf.

Et voilà que, du côté maternel, je découvre à point nommé un cousinage avec Tom que je devais voir. Il a dressé l’arbre ascendant de la famille Bouis, des hommes travaillant en mer comme patrons-pêcheurs ; Marseille se révèle riche de tant d’archives notariales bien conservées.

 

Une famille étonnante

J’ai lancé des recherches sur ce patronyme Deleurye, rare dans le sud et souvent écrit selon différentes versions dans le nord.

Mon ancêtre arrive de Paris en 1777. Son acte de mariage dit qu’il est le fils de Louis Etienne et d’Anne Jeanne Paulin.

En janvier 2016, j’acquiers un ouvrage sur les musiciens de la famille Paulin. L’auteur cite ses sources. Tout cela me paraît trop extraordinaire, alors je prends le temps de digérer les informations. Plusieurs mois s’écoulent.

 

Le scoop

Le temps passe; en juillet 2023,  je veux écrire une série d’articles pour mettre cette famille au clair. Je consulte le site Familles parisiennes qui numérise beaucoup de registres, ensuite des indexeurs partagent un travail formidable.

C’est alors qu’apparaît Marie Angélique Victoire, fille de Nicolas Louis Deleurye avec sa première épouse. Personne ne connaissait l’existence de cette enfant dont il s’est désintéressé. Je suppose qu’il n’en a pas parlé à sa femme marseillaise. J’ai pu retrouver quelques traces de sa descendance.

Je décide alors que cette série d’articles constituera le ChallengeAZ 2023 « des Ancêtres inattendus ». Je devrais pouvoir écrire 26 billets tout au long du mois de novembre.

 

Rédiger un tel challenge suscite évidemment de nouvelles découvertes. Les participants constatent cela : plus on cherche, plus on se documente, plus on trouve d’histoires dans nos familles.

 

J’ai continué à ajouter deux articles sur une tante et des cousins auxquels je pourrais donner une suite, car leurs existences apparaissent intéressantes et inattendues.

 

And now

L’événement ChallengeAz attire des lecteurs fidèles qui peuvent devenir des amis. Hélène m’a dit que ses ancêtres parisiens pouvaient être des voisins des miens. Elle m’a proposé de commander des cotes lorsqu’elle se rendrait aux Archives Nationales, et elle vient de m’envoyer deux contrats de mariage qui me font gagner de nouveaux ancêtres.

 

Je peux compléter le maillon manquant entre Nicolas Louis et son grand-père François en ajoutant François Deleurye, époux d’Anne Claude Langlois, dont j’ignorais les prénoms.

 

François Deleurye est chirurgien major de l’amirauté de Dieppe, en 1733. Il s’inscrit dans cette longue lignée de chirurgiens fameux.

Beaucoup de membres de leurs familles signent ce contrat : des oncles, des tantes des cousins. Quelle bonne idée de les avoir invités, cela me réjouit de les connaître !

 

Last but not least

Le grand-père d’Anne Jeanne Paulin était maître fourbisseur d’épées. Mais je ne connaissais pas ses origines.

Le contrat de mariage de Pierre Destas m’apprend qu’il est né à Orléans où vivaient son père Jacques Destas et sa mère Jacqueline Trossard.

Je ne m’attendais pas du tout à rebondir pour de nouvelles recherches autour de la ville d’Orléans. Voilà qui pourrait suggérer un projet de voyage, car cette région ne m’est pas encore familière.

 

 

2024-03-30

Un portefeuille plein de douceur, de nostalgie et de mystère

 

Une archive insolite, un trésor… Décidément, le fonds d’archives que j’étudie révèle des surprises.

Dans le billet précédent, j’étais touchée par la tendresse émanant des lettres de Pierre Antoine Barou adressées à son épouse Jeanne Marie Durand.

Je suis retournée aux Archives du Rhône pour continuer d’explorer de nouveaux dossiers.

Dans les papiers personnels de Jeanne Marie Durand de Châtillon, se trouvent divers documents qui me permettent de donner vie à cette femme. Ce sont des lettres, son journal et ses réflexions intimes. Ce sont aussi ses notes en souvenir de son époux, qu’elle rédige fidèlement pour les anniversaires de sa mort. Il a été guillotiné à Lyon en décembre 1793 et elle reste seule, inconsolable d’avoir perdu l’amour de sa vie.


Au milieu de tous ces papiers un petit objet m’interpelle et m’émeut. J’ai failli le montrer aux archivistes de la salle de lecture, je n’ai pas osé, telle une relique le respect imposait le silence, j’ai préféré le photographier, les yeux embués par l’émotion.




Voici un portefeuille en soie, confectionné il y a plus de deux siècles, il a eu la chance d’être emprisonné dans le carton d’archives, je le libère pour quelques minutes. Il tient dans ma main, je l’admire tel un trésor inattendu. Le satin de soie caramel prend la lumière, je peux le caresser du bout des doigts, toucher sa douceur, sentir l’odeur des vieux papiers au milieu desquels il demeure enserré. C’est intimidant, je me demande ce que dirait Jeanne Marie si ses yeux bleus pouvaient voir ce souvenir dans mes mains. J’aimerais bien qu’il me parle d’elle. 

Madame Barou passe pour une femme de goût, cultivée. Pierre Antoine en témoigne : « Tes excellentes qualités m’engageraient toujours à te choisir parmi toutes les femmes ».


L’inventaire de ses vêtements (elle a gardé les comptes de la blanchisserie) détaille quantité de robes, de jupons, de rubans, des souliers… Son mari la conseille sur la mode de Paris ; il lui explique les tendances, en se renseignant auprès des jolies femmes parisiennes.


Cette petite pochette caractéristique de la fin du XVIIIe apparaît cependant assez simple. Elle devait en posséder d’autres ayant plus de prix. Mais c’est celle-ci qui a traversé les siècles.

Elle appartient à une dame élégante, mais qui sait rester discrète.

Confectionnée en soie, cela s’impose à Lyon ! Le taffetas est matelassé, piqué d’un fil de coton marron glacé.

Un galon de croquet serpentine tout autour des bordures et de chacun des deux rabats. L’intérieur couleur crème met en valeur les petits points du fil marron.



Je la tourne, je la retourne cette délicate pochette. Elle se compose de deux compartiments qui se rabattent comme un portefeuille. Je ne sais comment il convient de la plier vers l’intérieur, ou vers l’extérieur. Je ne connais pas les manières raffinées de madame.

Utilisée par une femme soigneuse, qui la manipulait avec douceur, elle est restée en très bon état comme un objet auquel on tient. De légères traces d’usure visibles apparaissent sur les boucles en pointes du galon et en bordure de la pliure centrale.

Un petit accroc témoigne de son utilisation. Aurait-elle été déchirée par la griffe enchâssant une pierre précieuse sur une bague ? Jeanne Marie dont l’époux est accusé d’être contre-révolutionnaire s’est vu confisquer ses bijoux. Elle n’a pas retrouvé tous ceux qu’elle a cachés, beaucoup de ses biens ont été volés à l’époque de la Terreur qui a sévi à Lyon.

 



Intriguée, j’entrouvre les poches, espérant y trouver un billet minuscule adressé à Madame Barou, une petite lettre pliée comme celle-ci. 



Le portefeuille reste vide désormais. Il ne porte ni secret ni billet tendre. S’il a été conservé, c’est qu’il devait être chargé de sens pour Jeanne Marie et aussi pour ses héritiers qui ne l’ont pas dissocié des « papiers de l’écritoire ».


Une archive insolite est le sujet du Généathème, ce billet fait suite à celui du mois dernier :

De la tendresse dans les archives




2024-02-20

De la tendresse dans les archives

 

En ce jour de Saint-Valentin, faut-il s’attendre à dénicher de la tendresse sous la poussière des archives ?


Depuis plus de deux siècles, une correspondance a été soigneusement conservée, d’abord par sa destinataire, ensuite par les neveux et descendants des petits-neveux qui ont décidé de la confier aux AD 69, ainsi qu’une grande partie de leurs archives familiales.

Écrites entre 1771 et 1793, les lettres sont devenues encore plus précieuses pour Jeanne Marie après la mort de son époux, qui fut guillotiné en décembre 1793, victime de la Terreur à Lyon.

Pierre Antoine Barou est un lointain cousin de mon mari. Nos ancêtres communs sont ses grands-parents Antoine Barou et Marie Léorat (génération XI, sosas 1692 et 1693) mariés en 1696 à Annonay.  

Cet homme me touche, car sa famille est originaire de la même ville que moi et il habitait à Lyon dans des maisons que je peux situer. Au cours de mes recherches, j’ai croisé plusieurs personnes qu’il a rencontrées, notamment lors de l’envol des premières montgolfières, en 1784.


J’ai réservé plusieurs cotes aux Archives du Rhône pour donner du corps à mes recherches sur cet homme élégant, un gentilhomme qui m’intrigue. C’est son cœur que j’ai vu battre d’amour pour sa femme à qui il adresse des pensées pleines de tendresse.

La dame de 💜
(carte dans le fonds d'archives)

Chaque missive offre une déclinaison de ses sentiments :

« Adieu ma bonne et tendre amie, je t’aime et t’embrasse du plus profond de mon cœur. »


18 août 1782


21 may 1783


Sa fin tragique ajoute une tension terrible qui irrigue la lecture de sa correspondance. Pierre Antoine et Jeanne Marie n’ont pas eu d’enfant. Ils apparaissent comme un couple uni, amoureux, ils se confient leurs projets ainsi que les moments de déception. Il lui explique en détail les rencontres, les visites aux amis, et les affaires professionnelles qu’il traite avec plus ou moins de succès.    

Les mots par lesquels il termine ses missives sont touchants. Aimeriez-vous recevoir de telles déclarations ? 

18 septembre 1771


Lettré, polyglotte, maniant le verbe comme un avocat, séducteur jouant à l'italien, il écrit quelques pages dans cette langue et Jeanne Marie joue le jeu en lui répondant sur le même ton. 



Certaines lettres commencent sur des reproches mutuels qui apparaissent d’abord sans gravité et semblent liés aux aléas de la poste. Je dois les relire plus attentivement pour déceler ce qu’il se trame entre les lignes. Madame suspecte quelque infidélité et monsieur se justifie avec brio. 




Au nom du plus tendre attachement, ne trouble pas ma tête des inquiétudes de la tienne ; mon amitié bien éprouvée devroit t’inspirer plus de confiance, et ce n’est pas à mon âge, qu’on peut craindre de me trouver moins fidèle à ce sentiment. – Je t’embrasse sans réserve et sans conditions. Adieu. (16 août 1782)

Ces mots semblent être une réponse à la lettre de Jeanne Marie rangée sous une autre cote. Par retour, elle lui adresse de vives réprimandes sur sa conduite légère et conclut : «Je te prierai aussi de ne pas brûler cette lettre et de me la rendre à ton retour ». C’est ainsi que ces correspondances ont été conservées jusqu’à nous.

Ce billet est inspiré par le généathème "Rendons-nous aux archives !"


2024-01-20

Blog anniversaire 9 ans


Il y a 9 ans, mon blog était tout neuf.



J‘espère qu’il n’a pas pris la poussière, car je l’astique régulièrement pour qu’il brille de tous ses feux, pour ne pas laisser éteindre le souvenir de ceux que j’ai ranimés. Un peu magique, il me transporte chez mes ancêtres.



A présent, il comporte 455 articles.


De nouveaux lecteurs viennent s'ajouter à ceux qui fidèlement me suivent. Plusieurs cousins éloignés m'ont contactée, après avoir trouvé des traces de leurs ancêtres dans les récits que je raconte. 



Bilan 2023

En 2023, j’ai publié 35 billets. La plupart s’intéressent à des branches peu explorées.

Nous sommes allés à Bourg-en-Bresse pour connaître la ville où vivait autrefois une famille que je n’avais pas encore visitée. Ce qui a inspiré ces billets : Bourgeois de Bourg, Les quatre filles du docteur B, Justine invite ses sœurs.  

Je pourrais continuer, en cherchant d’autres informations, notamment sur les collatéraux.

Bien souvent, l’écriture m'aide à dénouer des nœuds et à rénover ma forêt.




Les généathèmes proposés par Geneatech m’ont souvent inspiré des histoires que je n’aurais pas dénichées sans cette motivation.

En juillet, j’ai cherché les Charbonnier à Chatillon-sur-Chalaronne.

Pour la rentrée, j’ai trouvé beaucoup de détails concernant la vie de mon aïeul à la onzième génération qui exerçait comme Régent des écoles au XVIIe siècle.


Mon neuvième Challenge AZ  : Des ancêtres inattendus.

Un thème commençait à prendre forme. Durant le mois d’août, j’ai réalisé que la série d’articles que je rédigeais pour l’été pouvait constituer 26 épisodes de A à Z. J’ai alors mis de côté le projet en cours, je me suis lancée. Les semaines de préparation ont été bien remplies entre la recherche et la rédaction. Arrivée à la fin du mois, je constate que 26 billets ne suffiront pas à explorer cette incroyable branche parisienne tellement éloignée de celle de Marseille. 


Aux Archives de Lyon

Voici une capsule pour annoncer ma présentation dans le cadre de la semaine de généalogie aux AML : Généalogie et réseaux sociaux.



Les réseaux sociaux s'installent dans de nouveaux canaux, (on ne dit déjà plus Twitter, comme au printemps dernier).

Comme beaucoup d’ami.e.s j’ai ouvert un compte sur Mastodon et sur Bluesky. Pour l’heure, ils ne fonctionnent pas aussi bien que je le souhaiterais, car il n’est pas aisé de changer nos habitudes. 

J'apprécie toujours les échanges entres généablogueurs.euses avec lesquels des amitiés se sont créées.


Mes projets pour 2024

Je viens de finaliser une présentation pour mon groupe PFL (Patrimoine et Familles du Lyonnais), sur le thème des transports au XIXe siècle au travers des correspondances que j’étudie.



J’avais prévu d’en faire le sujet du Challenge AZ 2023. Peut-être sera-t-il celui de cette année ? 


Dans mon logiciel Généatique j’ai crée une nouvelle catégorie de notes : Billet de blog. Je vais reprendre chacun de mes articles pour les associer à un ou plusieurs personnages de ma généalogie. Je garde en mémoire les histoires que j’ai écrites, mais ce sera plus simple pour les retrouver en deux clics. Cette entreprise comporte un risque certain, si la relecture de ces textes me pousse à les améliorer, cela constituerait un projet gigantesque à entreprendre dans les coulisses de la Forêt de Briqueloup.

🌟

Voici mes vœux pour l’an neuf.