Mourir
Antoine a perdu la vie le 16 juin 1917, en Lorraine dans les environs de Commercy, il a été tué au combat, aux commandes d’un SPAD VII.
Il se portait volontaire pour des missions difficiles. Il effectuait des croisières de chasse s’aventurant toujours plus en avant dans les lignes ennemies. Il était alors désespéré, rempli de chagrin, car sa jeune épouse venait de mourir. Il désirait la rejoindre. « Un télégramme redouté » est un triste épisode de la série des billets sur ce jeune grand-père.
L'appareil a été touché par des tirs, il a réussi à le poser, il était blessé, il est descendu, puis s’est couché sous l’avion pour mourir.
Ses ennemis, Seidel et le sergent Artur Rösler faisaient partie de l’escadron de protection 10 (Schutzstaffel 10). On ne peut même pas leur en vouloir, puisque le jeu de la guerre n’incite pas les soldats à réfléchir, ils doivent se montrer combattants. C’est une question de convictions, d’obéissance et d’honneur.
Antoine Laplace a reçu la croix de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, le 23 juin 1917.
L’Allemand, Artur Rösler est décédé le 3 novembre de l’année suivante.
Vivre
Lors de l’épisode héroïque relaté dans le billet précédent « De l’autre côté des combats », Antoine a fait preuve d’un extraordinaire courage de vie. Il était, à cette époque-là, jeune marié, amoureux, père d’un petit Paul âgé de 17 mois.
Dans les lettres à ses parents, il ne précise pas quel est son avion.
J’ai repris la version d’une association d’aviateurs affirmant qu’il volait sur un Morane.
Peut-être dois-je rectifier, en essayant de me documenter plus précisément, sur les conseils de mon correspondant Hannes :
En septembre 1915, l’escadrille française était en train de se doter d’un nouveau modèle ; son nom a même changé, à partir du 22 septembre lorsque les Nieuport ont été livrés, elle est devenue l’escadrille N15. Le 26 mai, quand Antoine l’a intégrée, elle était appelée MS15 avec les initiales des Maurane-Saulnier.
Le 11 septembre, le capitaine René Turin et l’observateur Antoine Laplace pouvaient voler sur un Nieuport 10 tout neuf. Dans le récit des Allemands, ils apparaissent très fiers de tester les possibilités de leur super aéronef.
Nieuport 10 _ NiD.29, CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons |
Ses adversaires témoignent de la stupéfiante rapidité de l’avion qu’ils découvrent. « Et voilà, tout à coup les gars ont la folie des grandeurs et m’attaquent avec un nouveau type de biplan, avec un fuselage et très rapide ». Le Nieuport pouvait voler jusqu’à 145 km et donc atteindre une vitesse de 15 à 25 km/h plus grande que le Maurane Saulnier.
C’est un appareil de reconnaissance conçu pour des missions d’observation afin de prendre des photographies du terrain. Plus tard, il a servi d’avion de chasse. Le photographe pouvait être mitrailleur de photos ou réellement armé d’une mitraillette.
Le biplan comportait deux places selon la configuration Nieuport 10 AV ou Nieuport 10 AR, le pilote se trouvait à l’avant et l’observateur à l’arrière ou vice-versa.
Le détail prend toute son importance dans le cas où le pilote est blessé, comme le fut la capitaine René Turin. Comment l’observateur pourra-t-il prendre sa place pour tenir les commandes ? Il fallait avoir un courage hors du commun. Cela me donne le vertige d’imaginer Antoine dans cette situation terrifiante.
S’il se trouvait à l’arrière, il devait grimper et déplacer son compagnon pour réussir à dégager le siège et occuper sa place. S’il se trouvait à l’avant, il devait se retourner, se pencher en arrière et passer à côté du pilote, le pousser pour pouvoir prendre le contrôle du manche. Tout cela au plus vite, sans attendre que l’avion pique vers le sol.
Antoine a réussi à atterrir du bon côté tout près des lignes ennemies. Le capitaine a été sauvé et Antoine a obtenu le grade de lieutenant.
Voir aussi dans la série "Antoine et Marie" :
puis
Marie, jeune épouse dans son nouveau foyer
Source : article Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nieuport_10