- Ma très chère femme, dit Thomas à
son épouse Anne, j’ai décidé de faire un testament en votre faveur.
Thomas Blanchet se rend chez son
notaire où une surprise va lui causer du souci, puisque maître Jacques Romieu
constate que l’acte de mariage n’est pas conforme.
- Chère Anne, nous devons nous
marier une seconde fois, annonce Thomas. Nous irons dans notre paroisse Notre-Dame
de la Platière.
On sait que « le sanctuaire
a été embelli sur le dessein de Thomas Blanchet qui a peint cinq petits
tableaux et deux dans le chœur représentant "La purification de la Sainte
Vierge" et "La mort de la Sainte Vierge".»
- Comment est-ce possible ? s’étonne
Anne, inquiète. Cela fait cinq ans que nous vivons comme mari et femme. Tout le
monde constate que nous assistons à la messe en bons chrétiens dans cette
église. On ne va tout de même pas me reprocher d’avoir abandonné la religion
protestante.
- Thomas rassure sa femme : Ce
n’est pas cela le problème. Vous souvenez-vous, le 26 mars 1668, nous étions
impatients de nous unir, nous avions demandé une dispense à Monseigneur l’abbé Antoine
de Neuville. Nous l’avons remise au frère gardien du couvent de l’église des
religieux de Saint-François de la Guillotière. Il a bien voulu célébrer nos
noces. Mais voilà, cette dispense est perdue, aujourd’hui, « il ne s’en
peut rien trouver dans les registres ».
- Qu’allons-nous faire à présent qu’Antoine de Neuville est décédé ?
- Je vais m’adresser à monsieur le
Révérend vicaire général, substitué de l’archevesché, pour qu’il nous accorde une
dispense, afin que l’on puisse renouveler notre consentement, dit Thomas, sachant qu'il peut compter sur des relations influentes.
Ainsi fut fait, le mariage est
célébré le 4 juillet 1672.
Le 6 juillet suivant, Thomas signe son
testament, en désignant damoiselle Anne de la Couche « sa très chère femme » comme son héritière universelle, « à laquelle il veult entend tous ses
biens délaisser et advenir ses debtes légats intérêts et œuvres pies
premièrement payé et aquité. »
Regardez la signature d’Anne, au
bas de l’acte de mariage. Elle rature la première syllabe de son nom. N’avait-elle
pas suffisamment de place ?
Son patronyme est répertorié sous
différentes formes :
Anne de la Cauche, La couche, de
la Conche, delacouche, delacoche
J’adopte celle-ci, plus appliquée, qui ne laisse aucun doute.
Des mauvaises langues disent que
cette femme avait un caractère exécrable.
Quant à Thomas, « son
caractère aimable le faisait rechercher dans les sociétés où il allait se
dédommager de tous les déplaisirs que lui causaient l’humeur bizarre de sa
femme. »
« La vivacité de son esprit
répendoit beaucoup d’agrément dans la conversation ».
On peut l’imaginer dans les salons où il a dû rencontrer les plus belles femmes de Lyon » dont il peignit les portraits.
A-t-il été malheureux dans son
mariage ?
Thomas a survécu à son épouse, il semble qu’Anne est morte entre
1681 et 1685.
Avez vous lu ces billets qui mettent en scène Thomas
Blanchet :
8- Épouser deux fois
la même femme
Sources:
Thomas Blanchet (1614-1689), Lucie Galactéros de Boissier, Paris, Arthena, 1991
Archives de Lyon, BMS
AD 69, 1er testament de Thomas Blanchet
Charvet Léon, Vie et œuvres de Thomas Blanchet in Réunion des sociétés savantes, section des beaux-arts, 1893Lire sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206212r/f148.image