2019-08-30

À Vergons

Pourquoi les filles de Vergons vont-elles s’établir sur la côte ?

C’est la question que j’ai posée à un Vergonais, celui-ci m’a raconté qu'en effet les filles du village préféraient, comme sa mère, se marier sur la côte d'Azur plutôt que d’épouser un compagnon de leurs jeux d’enfants. Il n’allait pas jusqu’à affirmer que cela répondait à l’histoire de mon ancêtre. Mais la coïncidence me plait !  


Vergons est un bourg dans les Alpes de Haute Provence, près du col de Toutes Aures; à l’altitude de 1000 m, les pâturages sont verts, fleuris et agréables aux abeilles et aux moutons.
A la fin du XVIIe siècle, dépendant de la viguerie de Castellane, le village comptait soixante feux.
Une branche de mes ancêtres vivait là à cette époque.
Marguerite Paule est la fille de Jacques Paul et de Jeanne Mouresse
Dans le sud, les patronymes s’écrivent au féminin. A Vergons, il y a encore des familles Paul et  Mourre…

La petite Marguerite est née le 12 février 1688.
J’ai trouvé, pour l’heure, quatre enfants dans les registres (AD 04).
Jean PAUL né le 19/12/1681 –
Catherine ou Catarine PAULE née le 12/12/1684 –
Honoré PAUL né le 9/09/1690.

Marguerite a six ans lorsque sa mère meurt le 4/12/1694. Je ne sais pas si l’on fêtait les anniversaire des aînés Jean (le 19) et Catherine (le 12), mais ce mois de décembre a dû être bien triste. Qui a élevé les jeunes enfants ?

En 1717, Marguerite s'installe à Saint-Tropez, le 1er février, elle épouse Jean Baptiste Marquet, il est veuf à 37 ans, avec un petit Joseph âgé de sept ans.
Marguerite, la nouvelle épousée a 28 ans, mais le curé écrit qu’elle en a 25. Ce qui va me donner l'occasion, pour vérifier cela, de tourner les pages des registres BMS de Vergons et ainsi d'étoffer les arbres.

Trois enfants vont naître dans le couple Marquet à Saint-Tropez (source AD83) :
  •  Jean Baptiste qui porte le nom de son père est un bébé chétif, ondoyé en urgence.
« l'an mil sept cent dix sept et le dix du mois de novembre à deux heures après-midi dans l'église paroissiale de Saint-Torpez a été suplée les cérémonies du baptême par moi prêtre soussigné à Jean Baptiste Marquet fils de Jean Baptiste travailleur et de Marguerite Paule du lieu de Vergons mariés né le neuvième du courant à deux heures du matin le parrain a été Jean Baptiste Rebufel de Séranon et la marraine Élisabeth Dalere qui n'ont scu signer v+  baptisé à la maison à cause qu'il s'est trouvé en danger de mort par Élisabeth sage-femme " 
 Ce premier-né meurt à l’âge de 8 semaines.
« l'an mil sept cent dix huit et le neuf du mois de janvier a été enterré dans le cimetière de cette paroisse Jean Baptiste Marquez fils de Jean Baptiste Marquez matelot et de Marguerite Paule baptisé dans cette église le dix du mois de novembre dernier le père et les parents ont assisté à l'enterrement avec les prêtres de la paroisse… »
  • Un an plus tard, arrive Marguerite Rose qui porte le prénom de sa mère, elle vivra 68 ans.
  • Mon aïeul, Jean Joseph naît en 1721, il meurt en 1795, à l'âge respectable de 74 ans. C'est un matelot , comme son père. 

Au bout de six années de vie commune, Marguerite PAULE décède à l’âge de 35 ans, elle est inhumée le 8 du mois de mai 1723, "décédée hier de maladie".

La clue de Vergon

Nous sommes allés découvrir Vergons.
Le village actuel est moins ancien que celui habité par mes ancêtres, j'aurais aimé voir les pierres de leurs maisons...

La chapelle romane Notre-Dame-de-Valvert,  entourée du cimetière, a été construite au  XIIe siècle. Nos ancêtres seraient-ils là ? 


Il sera intéressant de déchiffrer encore les pages des registres BMS de Vergons, (malgré les lacunes) pour comprendre la famille. Déjà, quelques indices sont à explorer du côté des parrains et marraines.


2019-08-24

Séranon et Valderoure

Séranon est le berceau de la famille Rebuffel.
C'est le patronyme le plus répandu entre Séranon, Caille et Vaderoure (06).

Mon sosa 142, "Jean" Baptiste Rebufel (Rebuffel) est né à Séranon, il s’est marié à Saint-Tropez le 5 octobre 1722.
Son contrat de mariage nous apprend qu’il est le fils de Philip Rebuffel et de feue Jeanne David. Le notaire et le curé ont inscrit Davite au féminin, le notaire écrivant qu’il est né à Séranon, le curé qu’il est originaire de la paroisse de La Val de Roure.
On ne peut consulter l’état civil de Séranon qu’à partir de 1692 et les homonymes ne me permettent pas d’établir leur arbre ascendant.
Voilà quelques imprécisions qui ne m’avaient pas embarrassée au début de mes recherches, trop heureuse d'avoir situé Séranon sur la route Napoléon, entre Grasse et Castellane, où j’étais passée peu de temps avant de découvrir ces ancêtres.  

En juillet 2015, j’ai voulu visiter Séranon, ce qui m'a apporte beaucoup d'éléments géographiques, de ressenti pour comprendre cette famille, mais aussi plusieurs questions sur leur lieu de vie.


Séranon est un village des Alpes-Maritimes à 1100 m d’altitude. Il se niche
aux confins du Var et des Alpes-de-Haute-Provence.

Dans ce toponyme : serre montagne en occitan. C'est un éperon rocheux calcaire, où s’accrochent le « vieux Séranon » et le château médiéval, mentionné en 1252.


Au Moyen-Age, la route entre Grasse et Castellane était un lieu de passage important, les voyageurs devaient s’arrêter à Séranon, pour acquitter un péage, lorsqu’ils se rendaient aux foires.

Il ne subsiste qu’une partie de la chapelle de Gratemoine (XIe siècle), possession de l’Abbaye de Lérins.



Grimpons ensemble sur le chemin qui menait au château. Il ne reste que des ruines. Le vieux village proche du château a été déserté par les habitants qui se sont installés dans les vallées, entre 1748 et 1774.

Le col de Séranon à 1300 m est le passage entre les deux vallées.
Valderoure : "la vallée des chênes", était à l’époque de mes ancêtres un hameau de Séranon ; c’est devenu une commune indépendante en 1790. 

En rédigeant cet article, je viens de trouver un frère de Jean, grâce à un arbre mis en ligne avec Geneanet. Pierre Rebuffel s’est marié, en 1708, à Valderoure où sont nés ses enfants. Sa descendance s’est établie à Saint-Tropez.
Quelle belle surprise de pouvoir correspondre avec les descendants de nos ancêtres, deux siècles plus tard ! Voilà comment partir en voyage ou écrire un blog contribuent à agrandir les expériences généalogiques.

En août 2019,

Nous avons eu envie de retourner à Séranon pour que mes enfants apprécient ce lieu superbe. 
Une crête rocheuse sépare les deux vallées qui ont abrité nos ancêtres jusqu’au début du XVIIIe siècle. La lumière est provençale, cependant la fraîcheur de l’air alpin est appréciable après la traversée du plateau de Canjuers. Lorsque nous arrivons à Séranon, le vent s’est levé, il amène d’inquiétants nuages gris acier, de plus en plus noirs, ils ont remonté au galop les gorges du Verdon et débouchent avec fracas sur le village.

L’aubergiste qui nous accueille avec le sourire, explique que tous les jours un orage éclate, un déluge lave le ciel et tout redevient calme. Un jeune homme, chasseur d’orages, confirme que Séranon est habitué à recevoir cette pluie qui verdit les prés. Caille qui est aussi un hameau de nos ancêtres a la particularité d’avoir des nuits très fraîches, il n’est pas rare de relever 6° au mois d’août.
Philip Rebufel (sosa 284) et Jeanne David (sosa 285) se sont mariés à Caille. Je ne pourrai en savoir davantage sur leur famille. Mais aujourd'hui, je connais un peu mieux leur  belle région. 

Leur fils, Jean Baptiste Rebufel, travaillait la terre dans la montagne. Le dépaysement a dû être important lorsqu’il est devenu laboureur, à Saint-Tropez, vers 1722. 

Bibliographie
R.J.Aubenas, Les vallées de Séranon et de Valderoure des origines à 1815, Ed. Mémoires et travaux de l’Association Méditerranéenne d’Histoire et d’Ethnologie, 1976

2019-08-15

Dix ans pour écrire 100 mots


Le billet précédent, si bref, a nécessité quelques heures d’écriture, mais il résume plus d’une dizaine d’années d'exploration. Chaque fait relaté n’a pu être découvert que lorsque j’étais capable de le lire.

J’ai longtemps bloqué, avant de trouver la famille Simon, installée à Saint-Tropez en 1733. Je ne savais où localiser ce patronyme, tellement banal qu’il se retrouve dans quatre branches de ma généalogie. Une variante orthographique inattendue ajouta une embûche supplémentaire : l’aïeul de François Simon est marqué Pierre Samoun, à Fréjus.

C’est en feuilletant attentivement toutes les pages de ces énormes registres de l’inscription maritime, conservés aux archives de la marine à Toulon, que j’ai compris la raison de ces difficultés. 


Au SHD de Toulon, le registre 4P 56 n’est pas consultable, car il est trop abîmé ; il m’aurait renseigné sur les voyages effectués entre 1748 et 1763.  Dommage !
Lorsque je commande la cote 4P 57, je ne sais pas exactement quels marins sont répertoriés, j’espère y trouver François Simon (et d’autres).


C’est avec tristesse, mais avec grand intérêt que je découvre que mon aïeul est décédé à Constantinople, en 1765. 
La plupart des actes concernant mes ancêtres indiquent qu’ils sont morts chez eux à Saint-Tropez. Voilà qui paraît étonnant et rassurant pour des marins. Jusque là, pas de noyade, pas de naufrage, pas de maladie en terre étrangère, malgré leurs périples en mer. Alors, je ne m’attendais pas à cette surprise qui confirme leurs voyages lointains vers les échelles du Levant. 


La naissance de Bruno Simon, le fils de François

AD 83, Saint-Tropez, BMS, 1762

Après l'avoir longtemps cherchée, je l’ai enfin trouvée, il y a quelques jours en rédigeant le billet précédent. Avec l’âge approximatif donné par différentes sources, (27 ans en 1792 ; 70 ans en 1836 au recensement de 1836 ; 79 ans à son décès en 1840) comment ne pas se perdre dans les registres entre 1766 et 1761 !
De plus, l’acte apparaît presque illisible et s'est dérobé à mes premières lectures.

Par déduction, en retraçant la ligne de vie de ses parents, j’ai pu supposer qu’il était né en 1761/62, l’année suivant leur mariage. Dans notre arbre, les enfants naissent dans l’ordre préféré par la société d’alors, ils ne sont pas conçus hors mariage, ce qui jusqu’à présent facilite les recherches. 
Cependant, la naissance de sa sœur Marie Anne Ursule vient poser un problème inattendu que j’essaie d’éclaircir …

2019-08-08

Un marin, de Saint-Tropez à Constantinople


Raconter en 100 mots, la vie d’un ancêtre.

François Simon

La vie de mon aïeul fut si brève. Âgé de 34 ans, il mourut à Constantinople, le 14 novembre 1767. Il avait embarqué le 20 juillet 1765, pour sa deuxième Caravane au Levant.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69495348/f1.

En six années de mariage, il n’a guère vécu près de sa femme, Ursule Talon.
Avant de partir, il a eu le temps de concevoir Marie, sa fille qu’il n’a jamais vue. Son petit Bruno (sosa 34) avait trois ans.

Registre 4P57
Son septième voyage en mer fut le dernier.
Un destin tragique comme celui de son père, de son frère : des marins décédés loin de chez eux. 

Marins en Méditerranée est le thème des 26 billets écrit pour un  ChallengeAZ. La famille de Bruno navigue là :

Le billet suivant : Dix ans pour écrire 100 mots est une réponse au commentaire ci-dessous qui estime que puisque François Simon est mort à l'âge de 34 ans, il ne fallait pas plus de 100 mots pour raconter son parcours  !  😏

2019-08-01

Une vie exceptionnellement remplie


Thomas Blanchet en 100 mots et une timeline.


La vie de Thomas Blanchet (Paris 1614-Lyon 1689) dura 75 ans.


Apprenti chez Simon Vouet, il effectua le voyage des artistes jusqu’à Rome. Ses amis l’appelaient Tomaso lorsqu’il séjournait en Italie. 
Appelé pour décorer l’Hôtel de Ville de Lyon, il réalisa plusieurs chefs-d’œuvre. Quel fut son désespoir en constatant que l’incendie avait tout brûlé ! L’escalier des Dames de Saint-Pierre témoigne encore de l’originalité de ce maître du Baroque.

 à voir sur https://time.graphics/fr/line/247461










Artiste célèbre, érudit, peintre, décorateur, sculpteur, architecte,
il fut bienveillant et apprécié de tous ceux dont il honorait les commandes.
L’oncle de Marie a veillé sur elle et sur sa famille.