2023-09-23

Régent des écoles

 

En cette période de rentrée, le généathème nous invite à mettre à l’honneur les enseignants.

Le seul ancêtre qui prétende me faire rédiger un billet sur ce thème s’appelle Jacques Gastaud, et je suis contente de l’avoir pour sosa 1722, à la 11e génération, car moi aussi je suis maîtresse d’école. Je suis restée prudente avant d’affirmer que celui-ci était mon aïeul, puisqu’on trouve un autre Jacques Gastaud présent dans le voisinage. À présent, je connais beaucoup de détails concernant la vie de sa famille.

 

Régent des écoles

En 1678, il avait 23 ans, on le connaissait depuis trois ans comme régent, avec la fonction de « régent des escolles ». C’est un agent municipal choisi par les habitants du village, il a passé un contrat avec la commune qui lui confie la responsabilité de l’enseignement. Il est chargé d’apprendre à lire, à écrire et à compter.


Selon les archives communales [2] :

En 1675, Jacques Gastaud gagne 60 écus.

En 1697, son salaire est de 45 livres.

et chaque écolier lui paye trois sous par mois. Les enfants des familles les plus pauvres sont accueillies gratuitement.

Le régent occupe aussi la fonction de consul, il siège au conseil municipal.

 

Deux morts se suivent

Son acte de décès, le 18 octobre 1719, est suivi le 21 octobre de celui de son épouse.

On peut supposer qu’une maladie contagieuse les a emportés ensemble, dans leur tombe de notre cimetière de Saint-Julien-le-Montagnier.

Le curé a un peu vieilli Jacques lequel n’avait pas 70 ans, mais plutôt 64 ans.



Magdalene, sa femme en secondes noces

Dans cet acte, elle est désignée Magdalaine Jeardenne. Je l’avais auparavant inscrite sous le nom Marguerite Jourdan et c’est l’occasion de rectifier cela, enregistrée alors que j’étais débutante insuffisamment exercée à la lecture. J’ai lu trop rapidement et n’ai pas poussé la recherche. Mon arbre comporte une erreur ; bien sûr, plusieurs personnes l’ont recopiée sur Généanet !

Vraiment, Jacques devrait m’enseigne la lecture et m’inciter à faire davantage attention. Quelle mauvaise lectrice je fais ! Je vais m’appliquer à comparer les traces qu’elle a laissées.

En observant plus attentivement, je peux à présent affirmer qu’elle s’appelle Magdalene Icardene.

Cette deuxième compagne de Jacques Gastaud n’est pas mon ancêtre.

Il l’a épousée le 25 janvier 1701. Il était urgent pour lui de se remarier, sa femme était morte deux mois plus tôt, le 25 novembre 1699. Magdelene a élevé les six enfants orphelins de mère.



Et regardez bien : on voit la signature de Magdelene Icarde qui s’étale tout en bas de la page. Elle n’a pas été invitée à parapher immédiatement à la suite de son mari. Tous ont dû être surpris qu’une femme veuille signer son acte de mariage. Je n’ai pas d’exemple de filles sachant écrire dans ma famille là-bas à cette époque. Je me demande si elle ne se faisait pas appeler Magdalena ; à moins de lire Aycarde…


Comme tout cela m’intrigue, je lance une recherche et je trouve le mariage de celle qui semble être sa fille : Jeanne Delorme, fille de feu Jean et de Marguerite Icardene. C’est dommage qu’elle n’ait pas signé pour m’assurer que c’est bien elle. L'union est célébrée à Puyloubier, avec un jeune homme de La Verdière, un bourg voisin de Saint-Julien-le-Montagnier. Magdelene et sa fille sont de Trets, comme cela était précisé en 1701 lorsqu’elle arrivée chez nous.

Poursuivant mon enquête sur Jean Delorme, je vois indexé le contrat de mariage, en 1679 à Marseille, de Jean Delorme avec Magdelene Aycardenc. La variante orthographique ne m’inquiète plus, le patronyme Icard est connu sous diverses formes à Marseille. Il s’en trouve dans ma forêt généalogique.

Mais je m’éloigne… Jacques et Magdeleine n’ont pas eu d’enfant.  

Honorade, en première noce

Jacques Gastaud avait épousé Honorate ou Honorade Gastaud (sosa 1723), le 22 février 1678.

Ce jour-là, la future épouse était « ornée d’ung habit d’estoffe de couleur à elle agréable ». Sachant que « les robes bagues et joyaux nuptiaux seront et demeureront au survivant desdits mariés ».


Mes deux ancêtres portent le même patronyme, mais ils appartiennent à deux branches qui ne semblent pas reliées. Elles sont issues de deux villages voisins : Saint-Julien et Ginasservis. Honorade est née le 1er novembre 1649, ses parents Guilhem Gastaud et Josèphe Jourdan(e) ont ensuite résidé plusieurs années à Aix-en-Provence, ils ont fait baptiser cinq enfants dans l’église de la Madeleine, entre 1654 et 1666. Ils les ont fait instruire et je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la signature de la petite sœur d’Honorate en 1688



Jacques et Françoise, frère et sœur, sont mes ancêtres. 

Descendance de Pons Gastaud sur deux branches Jacques et Françoise

Jacques (sosa 1722) est le fils de Pons Gastaud et de Philippe Brun(e). Sa sœur Françoise est, elle aussi, mon ancêtre (sosa 6771). Les descendants de Pons et de Philippe se sont éloignés sur chaque rive du Verdon, se sont perdus de vue pendant deux siècles et se sont réunis en 1855 par le mariage de Pierre et de Constance.

Jacques, « régent »

Jacques Gastaud apparait bien présent dans les registres des notaires. Sa belle signature se retrouve dans des actes de vente, des quittances…

Pour 333 livres, il vend une maison sise rue de Cavaillon, en 1696.

Ensuite, il récupère la dot de sa femme, selon l’héritage de l’oncle Maximin...

En mars 1701, à peine remarié avec Magdalene, il paye pour elle la somme exorbitante de 239 livres 17 sols onze deniers de marchandises, qu’est-ce que cela pouvait bien être ?

Tout cela est bien mystérieux…


Jacques a éduqué ses filles. Marianne paraît la plus instruite, puisqu’à son tour elle assure l’enseignement à l’école des filles.

En 1717, Marianne Gastaud « remplit le rôle d’institutrice sans aucune rétribution, ni de la commune, ni de la part des enfants pauvres ».

C’est sa plus jeune sœur Thérèse qui est mon aïeule (sosa 861), mais celle-ci ne semble pas savoir écrire.

Il faut encore ajouter qu’un certain Gastaud est régent des écoles à Saint-Julien en 1760. Serait-il proche de Jacques ? 



[1] AD 83, Contrat 3E 14 486

[2] Source AD 83  délibérations communales https://archives.var.fr/ark:/73531/s005767a5e639cbb/57babe548bc18