2023-11-30

Z_Rose et Rozalie

 

Voici le dernier billet de ce ChallengeAZ, essayons de faire vibrer un titre en Z.


Alors je pense à Rose et à Rozalie, les deux dernières porteuses du patronyme Deleurye pour cette branche descendante. 

L’une est la petite fille de Louis Nicolas, l’autre est sa fille. L’une vit à Marseille, l’autre à Paris.

Elles ne se sont jamais rencontrées, elles ignoraient même leur existence mutuelle. Elles seraient bien surprises de l’apprendre.


Il serait temps qu’elles lisent tous les articles de A à Z pour faire connaissance.

 


Rose Deleurye

est la mère de mon arrière-grand-mère. Il m’a fallu plusieurs années pour remonter jusqu’à ses racines à Paris.

Son nom paraît étrange pour les gens de Marseille, il a été souvent mal transcrit. Porté par trois personnes au XIXe siècle, ce patronyme s’est éteint dans les femmes.

Elle n’a pas connu le grand-père Louis Nicolas Deleurye, je ne suis pas sûre que son père ait su transmettre des informations sur la famille.


 

Auguste était fils unique. Il était layetier et sa femme blanchisseuse, ils sont les parents de deux filles.

Rose est née le 4 janvier 1818 au numéro 28 de la rue des Martégales dans le quartier Saint-Laurent.

La fillette avait neuf ans et sa famille habitait au numéro 15 rue de la Rose, lorsque Julie est née le 13 janvier 1827.

La vie de Julie parait trop brève, mariée à 18 ans et morte à 27 ans. Je ne sais pas si elle a eu des enfants, elle n’habitait plus Marseille, mais avec son mari, cafetier à Ollioules.

En 1854, Rose était tailleuse, elle habitait rue du Théâtre Français. le 19 novembre, elle a épousé Toussaint Nicolas qui était cordier. Elle a donné naissance à six filles et trois garçons. L’aînée Marie Augustine Rose est mon arrière-grand-mère.

 


Jeanne Françoise Rozalie Deleurye

Rozalie, la demi-sœur cachée d’Auguste n’avait pas plus de six ans, peut-être beaucoup moins lorsque sa maman et aussi sa grand-mère moururent en 1774.

Elle a grandi protégée par son grand-père maternel François René Hurault de Morainville. Il avait les moyens de lui offrir une bonne éducation. Elle reste attachée à cet homme au point d’avoir donné le prénom Françoise à sa fille.

Oubliée de son père qui avait disparu, l’abandonnant sans jamais plus donner de nouvelles, comment a-t-elle construit l’estime d’elle-même ?

Elle s’est mariée vingt ans plus tard avec monsieur Boisvilliers affublé d’un troisième prénom étonnant Charles Éléonore Dorosay. Je me demande pourquoi le nom de la mère de celui-ci n’est pas mentionné dans la table des mariages.

Leur fille est née en 1800. Elle a épousé Alphonse Edouard Lelong, un industriel qui a participé à une exposition dans la catégorie des métaux et a reçu une récompense en 1834. Ils sont les parents en 1828 de Jean Pierre Alphonse Lelong. Élève de l’École des Beaux-Arts de Paris en 1847, il est devenu architecte.

 


On voit que les deux lignées de descendants de Louis Nicolas révèlent des destins bien différents. Ils ne vivent pas dans le même milieu social, les Marseillais n’ont pas suivi d’étude, et gagnent peu en exerçant des métiers modestes. Les filles de Rose travaillent comme couturière, repasseuse, blanchisseuses, alors que Rosalie et sa famille vivent dans l’aisance.

 

Mis à part Rose qui a eu neuf enfants, les Deleurye ne sont pas très prolifiques, ceux que j'ai retrouvés au XVIIIe siècle ont seulement deux enfants.

 

Si ces personnages pouvaient lire mon ChallengeAZ 2023, je me demande si cela les intéresserait de découvrir l’histoire de leurs ancêtres. J’aimerais bien leur raconter toutes mes histoires. Mais, peut-être des descendants contemporains vont-ils manifester un intérêt… 

 

2023-11-29

Y_ On y rencontre...

 

Il y a tant de surprises dans cette série d’articles du ChallengeAZ.

On y rencontre des ancêtres et des collatéraux inattendus qui peuplent les arbres de ma forêt.

Chez les Marseillais, je voulais transmettre la particularité de cette ambiance provençale, l’eau, la mer et ses tempêtes. Je vous ai raconté nos patrons pêcheurs prud’hommes, puis un layetier et son épouse blanchisseuse. Aucun n’est monté à Paris, ils disaient « On va en France » juste lorsqu’ils sortaient de leur Provence ensoleillée. Et voilà que le 9 octobre 1777 un Parisien est venu épouser une Marseillaise !




Chez les Parisiens, j’ai vu vivre des « Bourgeois de Paris », je les ai trouvés sympathiques, certainement parce que ce sont mes ancêtres. Moi qui suis provinciale, j’ai apprivoisé les gens de Paris et j’espère avoir réussi à leur donner des couleurs.

À mille lieues de la vie de mes marins méditerranéens ou de mes ancêtres paysans et artisans, j’ai découvert d’autres existences citadines dans la capitale au cœur de l'Histoire de France. La proximité avec le roi et sa cour offrait des emplois.   

Il a fallu que je me documente pour mieux comprendre comment les officiers achètaient leurs diverses charges et ce qu’elles leur apportaient.



J’ai inscrit dans notre généalogie des métiers inouïs. Voyez donc :

Un courtier, tireur, chargeur et débardeur de la marchandisede foin en la ville et faux bourg de Paris

Un cordonnier de la Reyne

Un fourbisseur

Des marchands pelletiers

Des maîtres de musique, un compositeur, un serpent, un maître de danse

Des organistes du roi

Une lignée de chirurgiens, certains spécialisés dans l'obstétrique, des professeurs de chirurgie.



En marchant sur les pas de ces personnes au XVIIe et au XVIIIe siècles, j’ai exploré les rues de Paris. Je suis entrée dans leur maison, avec l’émotion de comprendre qu’ils y ont habité, qu’ils y ont élevé leurs enfants, qu’ils y sont morts.

Je les ai écoutés à Versailles : l’on y chante, on y danse, on y vit au service du roi. 

Je m’y suis intéressée et vous aussi je l’espère.

2023-11-28

X_ post scriptum

 Des chirurgiens Parisiens

De jour en jour, ce ChallengeAZ m’offre maintes pistes pour continuer à explorer cette branche qui nous étonne. Je pourrais écrire encore beaucoup d’histoires.

De nouveaux éléments viennent répondre aux interrogations formulées dans le billet «fils de chirurgien». Cela ouvre des perspectives pour agrandir la famille de Louis Etienne Deleurye qui restait isolé en haut d’une branche. Il me semblait peu probable que la phrase ci-dessous soit une hypothèse de recherche.


Contre toute attente, j’ai réussi à relier mon ancêtre avec une vieille lignée de chirurgiens. Voici comment :

J’ai relancé des recherches sur le patronyme avec la variante De Leurye et des noms sont apparus. Ils correspondent aux témoins présents le jour où est signé son contrat de mariage dont je n’ai pu lire qu’un bref résumé. Je vais pouvoir resituer toutes ces personnes.

J’apprends au passage le troisième prénom de Louis Etienne Elie Deleurye. Ce qui explique qu’il l’ait donné à son fils aîné Frédéric Elie Deleurye dont je ne sais rien, excepté qu’il était vivant en 1779 et qu’il ignorait ce que faisait son frère. (Moi je sais que Louis Nicolas se cache à Marseille !) 


Ses tantes :

Anne de Leurye, la sœur de son père s’est mariée le 7 janvier 1776, avec Prudent Defargues, joli prénom pour un chirurgien.

Angélique de Leurye, aussi tante paternelle me donne une information précieuse. J’ai trouvé son avis de naissance en 1673 paroisse Saint-Eustache qui annonce le nom de ses parents : 

« Francois Deleurye, Maître Chirurgien, juré en l'université de Paris».


Les ancêtres de François Deleurye

La liste funèbre des chirurgiens de Paris[i] Chirurgicorum parisiensium recense six Deleurye.











Il a eu deux fils  François et Pierre :








Stephanus ou Etienne pourrait être le père de notre Louis Etienne



Nicolas de Leurye (+1627) est son frère aîné, maitre chirurgien juré


Remarquons qu'il cite Prudent de Frades, l'époux de sa tante Anne. 

Ce sont des experts dans l'art de l'obstétrique. 


Il a transmis son métier à son fils Pierre Nicolas Deleurye, Chirurgien ordinaire du roi.

Le fils de celui-ci François Ange Deleurye est un éminent professeur spécialiste de l'accouchement et de la maternité.





Voilà ! Je suis heureuse d’inscrire ce dernier dans la lignée des maîtres chirurgiens de Paris. Il en est le plus célèbre rejeton. 



[i] Index funereus chirurgicorum parisiensium de J. de Vaix, le grand nombre de chirurgiens dont le nom s'est conservé, et qui ont exercé à Paris de 1315 à 1727. 

Chirurgicorum parisiensium, ab anno 1315 ad annum 1714 defunctorum, auctore Joanne Devaux.  


2023-11-27

W_ Who are they

 

Avant de trouver ce placard 



J’ai ouvert la porte d'entrée de la famille avec le document ci-dessous qui m’a permis de faire pousser l’arbre parisien de Nicolas Louis Deleurye. J’ai remonté les traces patiemment. Les découvertes se sont enchaînées, beaucoup apparaissaient incroyables, il a fallu assurer pour ne pas risquer d’erreur. Avant de rédiger les billets de ce challenge, j’ai vérifié avec soin en croisant les indices.

L’arbre s’est étoffé au-delà de mes espérances.

Reprenons au début de l’enquête.


Marie Anne Paulin, une tante généreuse rédige son testament le 23 mars 1764.

Nous n’avons que le résumé qui est déjà précieux, il serait intéressant de consulter l’acte original.

Marie Anne est la fille d’Hubert, sœur de Jean François, tous deux sont des marchands-pelletiers. Quelques semaines après le décès de son frère, elle épouse Claude Martin Le Preux aussi marchand-pelletier.

On comprend que Louis Nicolas, le petit-fils de son frère Hubert ait appris ce métier.



N’ayant pas d’enfant, elle désigne comme légataires ses nièces.

Anne Jeanne Paulin épouse de Louis Etienne Deleurye maître en chirurgie.

Cette relecture supplémentaire me confirme que mon aïeul Louis Etienne Deleurye (sosa 408) est vivant en 1764, alors que j’estimais la date de sa mort entre 1761 et 1777. Je supposais que son fils n’avait pas embrassé la carrière de chirurgien parce qu’il était orphelin trop jeune. En 1764, Nicolas Louis avait 29 ans, il était donc déjà marchand pelletier. Il a dû être formé par l’oncle Le Preux.  

 


La tante a quatre nièces. Anne Jeanne est l’aînée et Louise la benjamine. Pourquoi ne cite-t-elle pas le prénom des autres ?

Marie Thérèse est morte dix ans auparavant, âgée de 42 ans elle était mariée depuis un an, sans enfant.

Anne Philippe est restée célibataire auprès de son père, elle s’occupait de l’éducation des enfants de la maîtrise de la collégialeSaint-Honoré. Après le décès de Frédéric Hubert Paulin, elle est allée vivre à côté de son frère à Versailles. En 1764, elle est bien vivante, mais oubliée sur le testament. Pour quelle raison ?


Nous apprenons que son neveu est organiste du roi. Nicolas Hubert Paulin est encore connu des musiciens et bien documenté.

Il n’hérite pas, il n’apparaît que comme père de ses deux filles. Marie Françoise Pélagie et Marie Louise.

 

Louise Paulin est l’épouse de Jean Jacques Caïez, maître de danse privilégié du roi. Il formait des danseurs au sein de l’école de danse de l’Académie royale de Musique (qui deviendra l’Opéra National de Paris). Les représentations avaient lieu dans la première salle du palais Royal. On donnait des opéras-ballets et des suites de danses en intermède des spectacles. 

Louise et Jean Jacques avaient 25 ans, lorsqu’ils se sont mariés en 1745. Les compositeurs à la mode étaient Mondonville, Jean Philippe Rameau, et André Campra, professeur de composition du père de Louise.


Plusieurs généalogies de la famille Caiez d’Espinay font une grande confusion, se recopient amplifiant les erreurs sur ce couple, ignorant l'ascendance de Louise (quel dommage !). Je préfère m’appuyer sur des sources fiables et avancer tranquillement.




Louise et Jean Jacques ont cinq enfants, connus grâce à un acte de notoriété[i]. Certains ont un destin passionnant et bien documenté, dans l'île Maurice.

Je vous ai dit que c'était sans fin d'explorer cette forêt parisienne

2023-11-26

V_ Versailles

 

Le roi Louis XIV et la Cour se sont installés à Versailles en 1682.



Il faut se représenter le château, encombré de courtisans et de domestiques attachés à chacun d’entre eux et rempli du personnel doté de mille spécialités pour servir le roi et la famille royale. Les gens du château assuraient la bonne gestion de cette entreprise gigantesque.

Avez-vous des connaissances ayant vécu ou travaillé à Versailles ?




J’étais bien loin d’imaginer que je pourrais retrouver des ancêtres ou des oncles, des tantes, des cousins dans ce lieu prestigieux. Ils ont traversé les jardins, parcouru les immenses couloirs, ouvert les portes, ils ont salué le roi et ses proches. Ils ont agrémenté son quotidien, avec des fleurs, du vin, de la musique…

Voici quelques personnages que j’aimerais suivre, si je pouvais me transporter à Versailles aux 17e et 18e siècles.

Charles François Coré (frère de Marie Coré, sosa 1637) était le cordonnier de la feue reine. Marie-Thérèse d’Autriche est morte le 30 juillet 1683 ; elle n’a pas séjourné longtemps à Versailles, mais je suppose que lorsque la Cour a déménagé, il l’a suivie depuis Paris. Si ses talents étaient reconnus, il a pu rester pour fabriquer des chaussures sur mesure pour les belles dames de l’entourage du roi.


Pierre Nicolas Deleurye (neveu de Louis Etienne Deleurye, sosa 408) issu d’une longue lignée de chirurgiens était maitre-chirurgien ordinaire du roi. Son fils François Ange Deleurye était conseiller chirurgien du roi.


Nicolas Hubert Paulin (frère d’Anne Jeanne Paulin, sosa 409) a habité plus de quarante ans à Versailles. Il s’est marié en 1742 avec la veuve de l’organiste qu’il a alors remplacé. C'est ainsi qu'il est devenu titulaire de l’orgue de la paroisse de Versailles. Le 21 avril 1755, il a été nommé organiste de la chapelle royale, c’est-à-dire organiste de la Chapelle musique du Roy. Le roi était Louis XV.



Dans la généalogie de mon mari, il se trouve une branche qui s’est installée à Versailles.

Catherine Julie Guy de la Findoise (sosa 143) est connue comme une «Belle Bouquetière ». Sa famille occupait des fonctions insolites qui nous ravissent aujourd’hui.

Barthélemy Alexis Guy de la Findoise, l’aîné de ses frères, fait partie des 50 Gardes de la porte du roi, il est valet de garde, puis sous-brigadier. Le second, « Emmanuel » Louis Guy de la Findoise avait la responsabilité en Chef de gobelet de vin du Roi. Il était aussi lieutenant de la grande louveterie.

Barthélemy Guy de la Findoise (sosa 686), leur père, avait la charge d’officier du roi en tant que Garde des écuries de la chambre. Fils de Joachim Guy de la Findoise (sosa 1372) officier du roi, il avait épousé le 12 février 1725, leur mère; Julie Françoise Guibert (sosa 685) était femme de chambre de Madame la Marquise d’Heudicour.

 


Je suis restée éblouie par les ors de Versailles qui font briller les fonctions de ces personnages. Sont-ils des professionnels, des employés, des domestiques, discrets ou appréciés par les puissants du royaume ? Ont-ils travaillé beaucoup ? Certains ont gagné de l’argent, de la considération, mais à quel prix ?

Mes recherches récentes m’ont appris que tous avaient acheté leur office. Ils avaient payé cher pour se placer au service du roi. Les artistes souhaitaient exprimer leurs talents in the place to be de l’époque.  

Les Guy de la Findoise se sont installés à Versailles, ils avaient besoin de travailler et espéraient une ascension sociale. La Belle Bouquetière ne se trouvait pas dans les jardins à cause de sa beauté ou des jolis bouquets qu’elle composait. En connaissance du lieu, ses parents l’avaient placée au château pour obtenir une carrière dans la belle société.

L’Almanach de Versailles précise leur fonction. Le roi ayant besoin d’argent créa moult offices, inattendus, voyant le succès et la demande croissante d’emplois, il instaura une modalité semestrielle pour enregistrer davantage d’officiers.

Ainsi, Nicolas Hubert Paulin tenait-il l’orgue de la Chapelle royale pendant le premier semestre 1773.



Emmanuel Guy de la Findoise était chef de quartier du gobelet de vin en échansonnerie bouche au mois d’octobre 1774.



Alexis Guy de la Findoise était maître d’hôtel des pages en 1774. Garde de la porte en 1776, il gagne 200 livres[i].



Il serait intéressant de reconstituer leur carrière en compulsant toutes les pages de cet Almanach[ii].

 

Cela me donne envie de visiter une nouvelle fois Versailles, avec un intérêt redoublé, en pensant à chacun de ces personnages de ma forêt. 

 



2023-11-24

U_ Un fourbisseur

 

Pierre Destas (sosa 1638 à la génération XI) est un maître-fourbisseur. C’est un armurier qui fourbit, monte et vend toutes sortes d’armes blanches, pointues et tranchantes.


Voici sa signature, posée et modeste par rapport à celle de ses beaux-frères, c'était le 7 décembre 1791 jour de l’inventaire d’Edme Mauprivé.



Pourtant son métier de fourbisseur était respecté.

- Que fourbissait-il ?

Il fourbissait des épées, des dagues, des fleurets, des glaives, des poignards, des rapières, des sabres…


- Est-ce lui qui les fabriquait ?

Il importait des lames en acier de Solingen dans le royaume de Prusse.

Il les emmanchait dans une poignée munie d’une garde.



- En quoi consistait son métier ?

Fourbir c’est polir, nettoyer, astiquer, rendre brillant.

- Qui était sa clientèle ?

Des personnages aisés ; en effet, porter des armes n’était permis qu’aux gens nobles et aux officiers du roi, les militaires, la milice bourgeoise.

On arborait des armes pour affirmer une supériorité, pour impressionner, pour parader, pour se défendre, pour attaquer, pour blesser, tuer… Ou seulement pour jouer. La pratique de l’escrime devait lui amener des acheteurs.

- Comment se présentait-il ?

Il travaillait dans un atelier pour forger, il devait avoir comme boutique une salle d’armes pour exposer les épées, suffisamment spacieuse pour permettre à ses clients de les manier.


Encyclopédie de Diderot et d’Alembert — l’art du fourbisseur


Vêtu avec élégance, beau parleur, il se devait d’être à la hauteur, il savait conseiller sur le choix de la précieuse épée étincelante qui conviendrait à l’acheteur.

- Travaillait-il seul ?

Étant maître de métier, il formait un apprenti qui l’aidait pour affûter, réparer, fourbir.  

 

La confrérie des fourbisseurs se réunissait dans le couvent des Grands-Augustins, ils célébraient leur fête le 24 juin. 

En 1714, il est cité sur la liste des membres de la communauté des maitres fourbisseurs qui doivent fournir du pain béni suivant l'ordre de leur réception dans la communauté, à peine de payer 30 livres. *

 

- Où habitait-il ?

En 1695, rue de la Juiverie, paroisse de la Madeleine. On l’apprend le jour où il est nommé tuteur de ses trois neveux Guichon.

Sa famille demeurait rue de la Savaterie en 1706, lorsque sa fille Anne Destas (sosa 819) a épousé Frédéric Hubert Paulin le maître de musique.

Il a une autre fille Geneviève Destas, mariée avec Germain Eloy Legrand, architecte du roi et intendant des bâtiments de monseigneur le duc d’Orléans.

Je n’ai pas connaissance d’enfants ou personnes de son entourage qui auraient continué ce métier de fourbisseur.

Je ne connais pas ses parents et je me demande s’il était parisien avant son mariage avec Marie-Louise Mauprivé dont le contrat fut signé le 25 octobre 1678.

Pierre Destas est décédé avant sa femme, entre 1714 et 1731.

 

Délibération en date du 15/06/1714 des Maitres Fourbisseurs de la ville et Fbg de Paris. 


2023-11-23

T_ Tutelle de sa fille

 

La fille de Nicolas Louis Deleurye est orpheline de mère. Heureusement, pendant une dizaine d’années le grand-père maternel demeure bien présent. Mais, lorsqu’il décède, qui va s’occuper d’elle ?



Le registre de tutelle établi le 4 septembre 1785 explique la situation,

où l’on apprend que le père a disparu.

Sur quoy nous disons qu’attendu l’absence dudit Nicolas Louis Deleurye

Père de ladite Jeanne Françoize Rozalie Deleurye mineure [...]

La jeune fille ne doit pas avoir plus de 17 ans. Elle avait environ six ans lorsque sa mère est morte.

Les témoins assurent qu’« à leur connaissance ledit Nicolas Louis Deleurye, père de ladite mineure s’étoit absenté de cette ville de Paris depuis l’année 1774, incontinent après le décès de ladite Marie Angélique Victoire Hurault, décédée, son épouse, arrivé dans ladite année, que depuis cet époque l’on ignorait absolument le lieu de sa retraite et qu’il n’a donné aucune de ses nouvelles. »

Il apparaît qu’il y a urgence de statuer sur la situation de cette jeune personne qui est encore mineure.  Cinq amis qui l’entourent vont nommer un tuteur. Parmi les témoins présents se trouve son oncle Jacques Miche Seney, maître-perruquier, époux de Marguerite Thérèse, la sœur de sa mère.

Ce n'est pas lui le tuteur, mais un certain Michel Pierre Jacquemard, bourgeois de Paris y demeurant rue de la Culture Ste-Catherine qui accepte cette charge. 

Jeanne Françoize Rozalie est héritière de la part de sa mère qui correspond à un tiers de la succession. Le deuxième tiers doit être celui de sa tante Marguerite Thérèse. Le troisième tiers  pour Jean Baptiste Louis François son oncle.



Pour l’heure, il faut demander la levée des scellés, apposés par des commissaires au Châtelet, sur l’appartement du défunt, afin d’accélérer l’estimation des biens et l’inventaire des papiers.

Pourquoi avoir attendu tout l’été pour régler cette situation ? L’aïeul est décédé le 26 juin 1785, et cette réunion se tient le 4 septembre.

 

Rue de Beaujolais by Wikipédia

La résidence de François René Hurault de Morainville se trouve rue de Beaujolais. C’est une petite rue toute neuve, ouverte en 1784 sur une partie de l’ancien jardin du Palais-Royal. Les immeubles se montrent cossus et attractifs pour les bourgeois parisiens.

Où vivait la jeune fille à cette époque ? Chez sa tante, ou bien avait-on confié son éducation à un couvent ?


Ce que l'on sait sur sa mère et que Louis Nicolas n'a pas dit :

Qui est sa première épouse ?

C'était un cachotier

 Rozalie et ses descendants

Et sur toute la famille, l'enquête continue avec ce ChallengeAZ :

A - Ancêtres inattendus

2023-11-22

S_ Serpent

 

Un serpent ! Je ne m’attendais pas à découvrir un ancêtre qualifié de serpent. Quel serpent ? Était-il un médium spécialisé dans la communication animale ? Un sorcier qui aurait le don de parler le fourchelang ? Ou bien un passionné d’herpétologie ?



En vrai :

Frédéric Hubert Paulin jouait d’un instrument de musique appelé serpent.

Le serpent est un bel instrument à vent, en bois recouvert de cuir et d’ivoire, il fait partie de la famille des cornets à bouquin. Le son s'exprime très grave. Il sert à soutenir le chant grégorien.

 

Je vous ai raconté la vie de Frédéric Hubert Paulin (sosa 818) dans ce billet : Grosse surprise.

Il avait neuf ans en juin 1687, lorsqu’il a été admis, sur la recommandation de son oncle, à intégrer la maîtrise de l’église des Saints-Innocents de Paris.

Ils étaient six enfants de chœur et chantaient lors des offices. Leur formation musicale était complète, ils savaient lire la musique, ils travaillaient le souffle, le maintien, leur voix de jeune garçon, et sûrement la discipline et l’éducation religieuse, ils servaient la messe.

Chacun devait apprendre à jouer d’un instrument.

Frédéric Hubert tenait le serpent.



Le 12 novembre 1693, il a quinze ans, il achète un serpent ; il se rend à Senlis probablement pour se présenter à un poste de Serpent, dans l’une des églises de Senlis, mais sans succès. Il étudie la composition avec André Campra.

En août 1698, il a vingt ans, il est nommé comme joueur de serpent à Notre-Dame de Paris, avec des émoluments de 60 livres par an. La fonction paraît prestigieuse, mais pas très bien payée.

 

Il quitte la cathédrale Notre-Dame le 30 août 1706, car il avait été recruté pour tenir le serpent de la collégiale Saint-Honoré. Il gagnait 200 livres par an, c’était plus intéressant pour lui; en effet, il allait se marier deux mois plus tard, fonder une famille. Ensuite, élever quatre filles et un garçon, cela coûte cher. Ils étaient logés dans un appartement au rez-de-chaussée dans le cloître de Saint-Honoré.

 


Pendant 57 ans, il occupe la fonction de maître des enfants de chœur et maître de musique de la collégiale Saint-Honoré à Paris ainsi que le poste de serpent. Il a composé des motets qu’il faisait chanter aux enfants. Les multiples gratifications financières qu’il reçut tout au long de sa carrière témoignent de la grande considération qu’il avait. On appréciait « la bonne éducation qu’il a donnée aux enfants de chœur ». Cet excellent pédagogue a formé des chanteurs, des musiciens et des joueurs de serpent.  

 


Murmures d’ancêtres raconte un aïeul serpentaire 

mis à l’honneur dans son ChallengeAZ 2024

https://murmuresdancetres.blogspot.com/2023/11/i-comme-instrumentistes.html

 Pour entendre le serpent :

https://www.youtube.com/watch?v=YlgxDjO18BA&ab_channel=FranceMusique

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La source de cet article provient de l’étude consacrée à Frédéric Hubert Paulin, pages 189 à 222 de l’ouvrage L’art vocal en France au XVIIe et XVIIIe siècles. L’auteur est Erik Kocevar que j’aimerais vraiment rencontrer pour le remercier et lui dire ma gratitude.