2023-11-24

U_ Un fourbisseur

 

Pierre Destas (sosa 1638 à la génération XI) est un maître-fourbisseur. C’est un armurier qui fourbit, monte et vend toutes sortes d’armes blanches, pointues et tranchantes.


Voici sa signature, posée et modeste par rapport à celle de ses beaux-frères, c'était le 7 décembre 1791 jour de l’inventaire d’Edme Mauprivé.



Pourtant son métier de fourbisseur était respecté.

- Que fourbissait-il ?

Il fourbissait des épées, des dagues, des fleurets, des glaives, des poignards, des rapières, des sabres…


- Est-ce lui qui les fabriquait ?

Il importait des lames en acier de Solingen dans le royaume de Prusse.

Il les emmanchait dans une poignée munie d’une garde.



- En quoi consistait son métier ?

Fourbir c’est polir, nettoyer, astiquer, rendre brillant.

- Qui était sa clientèle ?

Des personnages aisés ; en effet, porter des armes n’était permis qu’aux gens nobles et aux officiers du roi, les militaires, la milice bourgeoise.

On arborait des armes pour affirmer une supériorité, pour impressionner, pour parader, pour se défendre, pour attaquer, pour blesser, tuer… Ou seulement pour jouer. La pratique de l’escrime devait lui amener des acheteurs.

- Comment se présentait-il ?

Il travaillait dans un atelier pour forger, il devait avoir comme boutique une salle d’armes pour exposer les épées, suffisamment spacieuse pour permettre à ses clients de les manier.


Encyclopédie de Diderot et d’Alembert — l’art du fourbisseur


Vêtu avec élégance, beau parleur, il se devait d’être à la hauteur, il savait conseiller sur le choix de la précieuse épée étincelante qui conviendrait à l’acheteur.

- Travaillait-il seul ?

Étant maître de métier, il formait un apprenti qui l’aidait pour affûter, réparer, fourbir.  

 

La confrérie des fourbisseurs se réunissait dans le couvent des Grands-Augustins, ils célébraient leur fête le 24 juin. 

En 1714, il est cité sur la liste des membres de la communauté des maitres fourbisseurs qui doivent fournir du pain béni suivant l'ordre de leur réception dans la communauté, à peine de payer 30 livres. *

 

- Où habitait-il ?

En 1695, rue de la Juiverie, paroisse de la Madeleine. On l’apprend le jour où il est nommé tuteur de ses trois neveux Guichon.

Sa famille demeurait rue de la Savaterie en 1706, lorsque sa fille Anne Destas (sosa 819) a épousé Frédéric Hubert Paulin le maître de musique.

Il a une autre fille Geneviève Destas, mariée avec Germain Eloy Legrand, architecte du roi et intendant des bâtiments de monseigneur le duc d’Orléans.

Je n’ai pas connaissance d’enfants ou personnes de son entourage qui auraient continué ce métier de fourbisseur.

Je ne connais pas ses parents et je me demande s’il était parisien avant son mariage avec Marie-Louise Mauprivé dont le contrat fut signé le 25 octobre 1678.

Pierre Destas est décédé avant sa femme, entre 1714 et 1731.

 

Délibération en date du 15/06/1714 des Maitres Fourbisseurs de la ville et Fbg de Paris. 


13 commentaires:

  1. Tu m'amènes à me replonger dans mes maîtres fourbisseurs qui sont d'ailleurs 4 et non 3 ancêtres. Et je crois avoir fait une super découverte ! La dernière fois que je suis allée aux AN, j'avais photographié, l'inventaire de Pierre HOUILLET, l'un de mes maîtres fourbisseurs, passé en 1638. J'avais déchiffré la première page pour rentrer les données généalogiques mais prise par d'autres recherches, je n'avais pas tenté de déchiffrer le reste, plutôt ardu. Je viens de le reprendre et le peu de mots que j'arrive à lire me laisse à penser que cela débute par ce que contient sa boutique ! J'essaierai de voir un peu plus en fin de journée...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Super, quelle chance d'avoir cet inventaire ! J'ai découvert ce métier en écrivant cet article, et j'ai essayé de rassembler ce que je pouvais pour comprendre sa vie. Je vais continuer à chercher comment était sa vie.

      Supprimer
    2. Il y a bien l'inventaire de sa boutique faite par un maître fourbisseur extérieur à la famille. Passionnant mais je ne suis pas au bout de ma peine pour déchiffrer...

      Supprimer
    3. Je veux bien transcrire cet inventaire, si tu veux !

      Supprimer
    4. Hélène Fréret6 mars 2024 à 21:02

      Je viens de revenir me promener sur ton article que j'avais enregistré et je découvre ta gentille proposition que j'accepte bien sûr avec grand plaisir. Je ne suis pas chez moi, cette semaine, je t'envoie l'inventaire quand je rentre. J'ai trouvé ton mail sur ta page d'accueil.

      Supprimer
  2. Tu parlais d'un CM pour lui, l'as-tu ou juste la référence ? Normalement je ferai une escapade au CARAN début janvier. Si tu ne l'as pas d'ici là, dis-le moi et je le sortirai sur mon quota.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Anonyme de cette super proposition. Ce serait super sympa !
      Voici la cote :
      Archives notariales - Paris, France
      Cote / Source RE/V/2
      Notaire GAUDIN Pierre
      Date 1678-10-25 Type d'acte Mariage
      Nom DESTAS Pierre
      Nom conjoint MAUPRIVE Marie Louise

      Supprimer
    2. Hélène Fréret6 mars 2024 à 21:13

      Je découvre aussi seulement maintenant cette autre réponse. Le mois de mars est bien chargé pour moi mais j'irai sûrement courant avril passer une journée aux AN. Je mets avec plaisir ton acte dans ma liste. Si tu en as un autre que tu aimerais avoir, donne-moi les références.

      Supprimer
    3. Hélène Fréret21 mars 2024 à 18:29

      J'ai préparé un mail à t'envoyer mais le mail que tu indiques dans tes contacts ne semble pas complet et en tous cas ne marche pas.

      Supprimer
  3. Voilà un métier ancien fort bien expliqué, de même que l'univers de cet ancêtre fourbisseur

    RépondreSupprimer
  4. Une belle découverte ! Je ne connaissais pas ce métier et ce billet m’a emportée dans son monde 🤗

    RépondreSupprimer

Merci pour le commentaire que vous laisserez !
Si vous voulez mentionner votre prénom ou alias, je pourrai reconnaitre ceux qui s'affichent comme anonyme.