2023-11-10

I_ Dans l’intimité de l’inventaire

 


Ce vendredi sept décembre 1691, sur les huit heures du matin, il fait encore nuit et froid à Paris. Nous traversons la place de Grève, laissant à droite de l’Hôtel de Ville. Nous passons sous une arcade et arrivons dans la rue du Martroy où nous attend la famille en deuil d’Edme Mauprivé.


Les six filles du défunt, accompagnées de leurs maris, suivent leur mère Anne Fallot qui guide l’huissier chargé de dresser l’inventaire des biens d’Edme Mauprivé. Il est mon aïeul sosa 3278 à la génération XII.

Je me tiens proche de Marie Louise et Pierre Destas, ce sont mes ancêtres. Son père était encore vivant trois jours auparavant. Elle très émue d’entrer dans la maison où il a rendu son dernier souffle.

Nous montons jusqu’au second étage et entrons dans une chambre occupée par Anne Fallot. Le notaire Jean Antoine Caron note le déroulement, il leur présente un papier et une plume. 


Anne Fallot s’applique à bien former ses lettres ; à la suite de leur belle-mère seuls les gendres sont invités à inscrire leur signature, reflet de leur personnalité. Henry Sauvage joue le premier rôle, au titre de mari d’Anne la fille aînée, de plus sa position de Conseiller du roi impressionne toute la famille, il est Contrôleur des rentes de l’Hôtel de Ville de Paris. Ses beaux-frères gagnent assez bien leur vie comme des maîtres artisans aisés : fourbisseur, fondeur, bourrelier, miroitier et marchand mercier.  

Le notaire et l’huissier étalent leur paraphe avec des ruches bouclées.


Descendons d’abord à la cave pour estimer les réserves de bois et de vin (un demy muid plain de vin) qui assurent un hiver confortable. Puis montons à nouveau au second étage. Dans la cuisine, peu de meubles : un coffre sur pieds, une grande armoire en bois de chêne. Sur les murs sont accrochés cinq tableaux peints sur toile. Je jette un coup d’œil par la fenêtre pour regarder la vue sur la cour. Quel tintamarre, les femmes se mettent à déballer pelles, poêles à frire, marmites et chaudrons. Je m’intéresse à la fontaine en cuivre rouge qui ressemble à la mienne.




Nous passons dans une chambre attenante, celle qui a vue sur la rue du Martroi Les filles déplient le linge sur le lit pour montrer que les draps au nombre de dix, quatre nappes, une douzaine de serviettes sont tous fort usés et rapiécés.  

Elles ne se doutent pas que plus personne ne voudrait de l’argenterie démodée, sauf une petite cuillère en argent que j’aimerais mettre dans ma poche, mais je n’oserais pas.

Après la pause de midi, on examine longuement les papiers d’Edme. 

Mais quel dommage ! On ne me laisse pas la possibilité de lire son contrat de mariage qui pourrait m’apprendre le nom des parents.

 

Juste après cet inventaire, la vie continue et je vous donne rendez-vous dans le prochain billet pour une vente spéciale qui nous en apprend plus sur le métier d'Edme Mauprivé.

Juste après l'inventaire


3 commentaires:

  1. Beaucoup aimé la lecture de ce billet et sa jolie tournure !

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  2. Par petites touches tout est bien amené, émotion des uns et des autres et de la rédactrice

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  3. On imagine bien l'intérieur en lisant, bravo

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