Un serpent ! Je ne m’attendais pas à découvrir un ancêtre qualifié de serpent. Quel serpent ? Était-il un médium spécialisé dans la communication animale ? Un sorcier qui aurait le don de parler le fourchelang ? Ou bien un passionné d’herpétologie ?
Frédéric Hubert Paulin jouait d’un instrument de musique appelé serpent.
Le serpent est un bel instrument à vent, en bois recouvert de cuir et d’ivoire, il fait partie de la famille des cornets à bouquin. Le son s'exprime très grave. Il sert à soutenir le chant grégorien.
Je vous ai raconté la vie de Frédéric Hubert Paulin (sosa 818) dans ce billet : Grosse surprise.
Il avait neuf ans en juin 1687, lorsqu’il a été admis, sur la recommandation de son oncle, à intégrer la maîtrise de l’église des Saints-Innocents de Paris.
Ils étaient six enfants de chœur et chantaient lors des offices. Leur formation musicale était complète, ils savaient lire la musique, ils travaillaient le souffle, le maintien, leur voix de jeune garçon, et sûrement la discipline et l’éducation religieuse, ils servaient la messe.
Chacun devait apprendre à jouer d’un instrument.
Frédéric Hubert tenait le serpent.
Le 12 novembre 1693, il a quinze ans, il achète un serpent ; il se rend à Senlis probablement pour se présenter à un poste de Serpent, dans l’une des églises de Senlis, mais sans succès. Il étudie la composition avec André Campra.
En août 1698, il a vingt ans, il est nommé comme joueur de serpent à Notre-Dame de Paris, avec des émoluments de 60 livres par an. La fonction paraît prestigieuse, mais pas très bien payée.
Il quitte la cathédrale Notre-Dame le 30 août 1706, car il avait été recruté pour tenir le serpent de la collégiale Saint-Honoré. Il gagnait 200 livres par an, c’était plus intéressant pour lui; en effet, il allait se marier deux mois plus tard, fonder une famille. Ensuite, élever quatre filles et un garçon, cela coûte cher. Ils étaient logés dans un appartement au rez-de-chaussée dans le cloître de Saint-Honoré.
Pendant 57 ans, il occupe la fonction de maître des enfants de chœur et maître de musique de la collégiale Saint-Honoré à Paris ainsi que le poste de serpent. Il a composé des motets qu’il faisait chanter aux enfants. Les multiples gratifications financières qu’il reçut tout au long de sa carrière témoignent de la grande considération qu’il avait. On appréciait « la bonne éducation qu’il a donnée aux enfants de chœur ». Cet excellent pédagogue a formé des chanteurs, des musiciens et des joueurs de serpent.
Murmures d’ancêtres raconte un aïeul serpentaire
mis à l’honneur dans son ChallengeAZ 2024
https://murmuresdancetres.blogspot.com/2023/11/i-comme-instrumentistes.html
Pour entendre le serpent :
https://www.youtube.com/watch?v=YlgxDjO18BA&ab_channel=FranceMusique
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La source de cet article provient de l’étude consacrée à Frédéric Hubert Paulin, pages 189 à 222 de l’ouvrage L’art vocal en France au XVIIe et XVIIIe siècles. L’auteur est Erik Kocevar que j’aimerais vraiment rencontrer pour le remercier et lui dire ma gratitude.
Un instrument bien insolite de nos jours !
RépondreSupprimerMerci pour le lien ! Je serai curieuse d'entendre le son que produit un serpent, pas toi ?
RépondreSupprimerMélanie - Murmures d'ancêtres
Voici une démonstration :
Supprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=YlgxDjO18BA&ab_channel=FranceMusique
J'aimerais bien que soient enregistrés les motets de Frédéric Hubert Paulin.
Merci pour cette découverte ! Je ne m'étais pas rendue compte que l'instrument était si grand. Ses sonorités ont beaucoup intrigué Sosa mon chat ;-)
SupprimerMélanie - Murmures d'ancêtres
Alors, là ! je reste sans voix.
RépondreSupprimerHier j'ai relu ce billet et écouté les sonorités de cet instrument qui me plaisent
RépondreSupprimermerci pour cette découverte
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