2023-11-02

B_ Un bel étranger


Nicolas Louis Deleurye est-il venu tenter l’aventure à Marseille ? 

Je ne m’attendais pas du tout à inscrire un Parisien dans mon arbre. C’est dans la branche marseillaise que mon sosa 204 a accroché ses racines parisiennes. Cela me ravit de chercher à comprendre sa trajectoire.
 
Pourtant à mille lieues d’être marin, Nicolas Louis Deleurye a épousé la fille d’un patron pêcheur en 1777. 
Quelle autre raison que l’amour a pu provoquer ce mariage ? 

Élisabeth Bouis avait trente ans, elle a dû être séduite par un bel étranger venu du nord. Certes, il comptait 42 ans, mais il portait fière allure, ce marchand pelletier qui parlait le français comme un monsieur de Paris. Peut-être, assurait-il avoir fait de bonnes affaires en vendant ses peaux et fourrures à la foire de Beaucaire où il s’était probablement rendu au mois de juillet. Et si Élisabeth était allée en famille à cette fameuse Foire de la Madeleine et l’avait rencontré là. Il n’aurait alors éprouvé aucune envie de rentrer parmi les siens et se serait laissé tenter par une union et une installation à Marseille.

Foire de Beaucaire 

Relisant plus attentivement l’acte de mariage, je dois modifier cette version romantique. (Ce qui n'exclut pas l'éventualité qu'il ait fréquenté cette foire importante). En 1777, Nicolas se déclare « résidant en cette ville depuis trois ans, paroissien des Accoules, rue de la coutellerie. » 




Au bas de l’acte, sa signature soulignée par un paraphe bien dessiné, s’impose grande, affirmée, comme une marque de son éducation. Il devait avoir une belle prestance. 


9 octobre 1777, Paroisse Saint-Laurent, AD 13

Les témoins qui les entourent apparaissent plus discrets, le curé de Saint-Laurent les connait bien, ils ont pour profession : officier naviguant, capitaine de navire, patron pêcheur. Les frères se semblent pas présents, Joseph Estienne est un oncle maternel. L’épouse et sa mère ont dit ne pas savoir écrire. 

Marseille, Saint-Laurent


Tel un voyageur expérimenté, il racontait son chemin jusqu’à Chalon-sur-Saône, puis la descente du Rhône en bateau sur lequel il avait chargé ses précieuses marchandises. Avec quantité d’anecdotes qui ravissaient Élisabeth, il pouvait décrire les rues de Paris, le palais Royal, la place de Grève, les églises Saint-Germain l’Auxerrois, Saint-Eustache, la cathédrale Notre-Dame. Il racontait Versailles où travaillait son oncle que le roi écoutait avec plaisir… (Promis, je vous donnerai des détails de ces histoires dans les épisodes suivants !) Cultivé, issu de bonne famille avec des cousins renommés, l’homme pouvait se vanter d’excellentes références qui ont suffi pour que la mère et les frères consentent au mariage. 

Il semble étonnant que les parents d’Élisabeth, tous deux fils de patrons pêcheurs n’aient pas choisi l’époux de leur fille pour continuer la tradition des marins. Leurs fils étaient des pêcheurs. 
Leur famille était réputée dans le port de Marseille ; en effet, parmi les oncles d’Élisabeth deux ont été élus prud’hommes, ils assumaient une responsabilité importante. 

François Bouis est décédé en mer alors qu'Élisabeth avait 24 ans. Comment se fait-il qu’il n’ait pas réussi à présenter sa fille à un matelot ? Aurait-elle refusé d'éventuels fiancés, car aucun ne lui plaisait ?


2 commentaires:

  1. En lisant cet article, on a envie de se perdre, en flânant dans les rues de la ville. J'y croiserai aussi volontiers "mes" marseillais.

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  2. J'irais bien moi aussi marcher dans les rues de Marseille, avec les copines, en pensant à nos ancêtres.

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