2023-04-30

Les quatre filles du docteur B.


Alors que nous nous dirigions vers le centre de Bourg, le carillon sonna, nous avons eu la chance de nous trouver à 11 h 50, juste au bon moment pour l’entendre. À midi, nous sommes entrés dans la co-cathédrale, les nombreux fidèles chantaient un cantique. La lumière pénétrait par les vitraux, illuminant la nef flamboyante. Puis, l’orgue résonna de toute sa puissance pour célébrer ce jour de fête.

Ite missa est, les portes se sont ouvertes. Le flot des paroissiens se déversait lentement, un peu plus brouillon qu’un cortège. Les femmes arboraient leur tenue printanière, comme il se doit le jour de Pâques.

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Y avait-il autant de monde lors du mariage de chacune des quatre filles du docteur Buget ?

Pierre Buget était un notable. En tant que chirurgien, il exerçait comme médecin en chef de l’Hôtel-Dieu de Bourg. Il avait été diplômé le 8 thermidor de l’an 12 à Paris, pour sa thèse intitulée « Considérations sur la gangrène d’hôpital, et sur les moyens propres à prévenir sa contagion, et à la combattre ».

Hotel-Dieu de Bourg

Il occupait la fonction de membre du conseil municipal, et siégeait aussi au conseil de fabrique de l’église  Notre-Dame. 


La noce de Céleste 

Le 20 août 1823, on se pressait sans doute pour admirer la mariée ravissante au bras de Félix le séduisant futur, tous deux âgés de 21 ans.

Pierre avait choisi pour sa fille aînée un excellent docteur en médecine, poète aussi. Parfaitement assortis, les jeunes gens apparaissaient radieux sur le porche pour saluer les habitants de Bourg.

Co-cathédrale ND de Bourg (Wikipédia)


En 1831, lorsque le père décéda, « sa mort provoqua d’unanimes regrets […] D’une bonté et d’un dévouement à toute épreuve, très homme du monde, très bon cavalier, il avait depuis longtemps de nombreuses sympathies dans la ville. »  

Ses funérailles ont rassemblé tout Bourg dans l’église Notre-Dame. La famille habitait rue Clavargy, près de la place.


Trois filles restaient à marier et cela devait causer du souci pour Adrianne Monnier.

Victor, le seul fils avait alors 25 ans. « C’était un excellent homme, grand, bien fait, très doux, d’une intelligence ordinaire, fonctionnaire modèle ». Sa situation parait assurée en tant que receveur de l’Enregistrement, mais il était affligé d’un bégaiement qui ruina les perspectives de fonder une famille.


La noce de Victoire

En 1835 Victoire accepta l'union avec son cousin, doublement issu de germain puisque leurs grands-parents respectifs étaient deux frères Buget ayant épousé deux sœurs Charlet. Félix Celsis, orphelin très jeune se montrait rebelle, n’ayant pas suffisamment reçu d’éducation aimante et bienveillante. « Doté d’une imagination exubérante et d’une grande activité, il essaya successivement tous les métiers ». Il acheta une étude de notaire qu’il garda peu de temps.   

Sa femme « très douce, très fine supportait sans se plaindre toutes les originalités » de cet homme turbulent. Celui-ci la pleura beaucoup lorsqu’elle mourut ; « il s’est alors souvenu de toutes les vertus de celle dont il a grossi les mérites pour le ciel ».

 

La noce de Justine

En 1838, le 1er janvier

On attendait le fiancé qui ne se pointait pas. Antoine était un célibataire endurci, âgé de 37 ans. Il aurait « oublié l’heure de son mariage et après l’avoir attendu longtemps pour aller à l’église, il fallut l’envoyer chercher. Il fumait tranquillement sa pipe et songeait à je ne sais quoi. » Les accordailles avaient été arrangées par Benjamin Martine, le neveu de Rosalie. Je me doutais que la mère d’Antoine essayait de marier son fils malgré ses réticences. Timide… dit-on ! « La seule vue d’une femme le mettait en fuite ». Pourtant, « on entama des négociations » avec la famille de Justine. Antoine « se résigna à son sort, se laissa présenter, fut agréé, eut beaucoup à souffrir de tous ces préliminaires, mais se trouva en définitive marié sans s’en douter ». 

Antoine et Justine sont des ancêtres de la génération VI, sosas 40 et 41.



La noce de Fanny

En 1842, Fanny, la benjamine donna son cœur à Eugène Renaud, de deux ans plus jeune qu’elle, il avait 28 ans. Cet ancien militaire était devenu percepteur.


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Les quatre filles du docteur Buget avaient chacune leur genre de beauté 

Celeste, la grâce féminine.

Justine, la force, l’esprit d’initiative, la résolution.

Victoire, l’esprit et l’enjouement.

Fanny une belle mélancolique, sentimentale et tendre, un clair de lune très blond.

Selon les souvenirs du fils de Justine (sosa 20) auquel j’ai emprunté les descriptions données dans son livre de raison, il nous est possible d’imaginer les quatre mariages et l’enterrement rassemblant famille, amis et curieux.     

Voir aussi ces billets pour connaitre la famille :

Bourgeois de Bourg

Justine invite ses sœurs



2023-04-09

Bourgeois de Bourg

 

Bourg-en-Bresse n’est pas si loin, pourtant il serait temps que j’invite ma famille à découvrir cette cité qui a vu vivre une branche de leurs ancêtres. Certains depuis trois générations (et davantage, je dois approfondir...) étaient des bourgeois de Bourg (prononcez Bourk). Ce titre doit être compris au sens de citoyen de la ville.  

Justine Buget (sosa 41) 
a vu le jour le 26 février 1807, au numéro 2 rue Clavagry à Bourg.

Elle a quitté la maison de ses parents après son mariage en 1838. La date m'étonne, puisqu’il fut célébré le 1er janvier, mais cela ne posait pas de problème il y a deux siècles. 

Elle était entourée de sa mère Adrienne Monnier, de son frère François Victor et de ses sœurs qui signent de leurs jolis prénoms : Céleste, Victoire, Fanny.


En admirant ce portrait de Céleste, je peux imaginer quatre belles demoiselles vêtues d’élégantes tenues.

Célestine

Célestine est l’aînée, jeune et en pleine beauté elle apparait superbe dans sa robe en soie. Elle porte une coiffure très dessinée par une raie en V partageant une épaisse chevelure brillante, une tresse se relève en chignon sur l’arrière et de chaque côté des anglaises couvrent les oreilles. Un sourire doux et malicieux, et de grands yeux sombres qui vous respectent, montrent qu’elle est sûre d’elle. L’originalité de l'impressionnant col festonné dégage un cou élancé, et met en valeur ses belles épaules dénudées. Les manches bouffantes se resserrent sur les avant-bras. Elle a posé ses ciseaux, le dé et son ouvrage pour lire la lettre bien mystérieuse qu’elle tient dans la main gauche. La taille paraît étranglée par une ceinture fermée par une large boucle qui la rend incroyablement mince. Respire Céleste !

Céleste a épousé un docteur que son père médecin a dû lui choisir. Tous deux avaient 21 ans en 1823. Ce portrait pourrait avoir été peint à cette époque-là.

Justine et Fanny, sans doute moins séduisantes, se sont mariées à trente ans. Orphelines de père, étaient-elles moins dotées ?


J’aimerais voir un portrait de Justine à l'époque de ses fiançailles avec Antoine A.  On ne la connaît que sur des photos où elle est plus âgée. Je me demande même si Rosalie Martine, sa belle-mère n’avait pas un lien de parenté avec elle, elle aurait donc pu arranger les fiançailles. Elle est morte trois mois après le mariage. Je dois chercher si l’on peut relier cette branche. Antoine, sept ans de plus qu’elle, ne se montrait certainement pas désagréable, mais trop rêveur. C’est un architecte qui n’a rien construit, il préférait se promener et dessiner dans la campagne. La vie loin de la ville n’apparaissait pas très joyeuse pour Justine. Elle a élevé deux enfants. Hélas en 1859, elle a éprouvé la douleur de perdre sa fille Fanny âgée de dix-neuf ans.


Justine

Ce tableau la montre très digne dans sa robe sombre, boutonnée jusqu’au cou et fermée par un col très sage, la taille corsetée. Elle a conservé sa coiffure avec des anglaises, à la mode de sa jeunesse. Elle ferme les lèvres sans sourire. Même nez droit et fin, ainsi que des yeux bruns, comme ceux de sa sœur, mais les siens paraissent beaucoup plus éteints. Je ne peux pas imaginer Céleste aussi sévère et triste.

 

En 1838, lorsque Justine s’est mariée, son père Pierre Buget médecin, officier de santé était mort depuis sept ans.

 



Elle n’a connu aucun de ses aieuls.


Du côté paternel :

Claude Buget est né à Châtillon-la-Palud dans la Dombes. En 1763, il avait 24 ans, il exerçait comme chirurgien major dans deux hôpitaux de la ville. Son mariage avec Marie Joseph Charlet est célébré à Bourg, le onze janvier, en même temps que celui de son frère qui épouse la sœur de sa femme. Toutes deux sont les filles de Gaspard Charlet, un marchand connu à Bourg, puisqu'il avait la fonction de major de milice bourgeoise.


Du côté maternel :

Louis Monnier est né à Pont-de Veyle en Val de Saône, lieutenant de la maréchaussée puis inspecteur de gendarmerie. Il était lui-même fils de Jean Joseph Monnier, un docteur en médecine qui vivait à Bourg avec sa famille.

Il a épousé Louise Vorle en 1773. Son beau-père Pierre Vorle était contrôleur des actes des notaires.



Pour l’heure, je ne prospecte pas plus en amont sur les habitants de Bourg. Je dois aller me promener dans la ville. Plus tard, je vous raconterai les exploits militaires des oncles de Justine.

 

Voir aussi :

Les quatre filles du docteur B.

Justine invite ses sœurs