La Grande Guerre dure beaucoup
plus longtemps que prévu. Comment ne pas désespérer ?
Les épreuves s’ajoutent à l’inquiétude
que l’on éprouve au sujet des hommes présents sur les lieux de bataille. La vie
quotidienne devient de plus en plus difficile pour les familles.
A Lyon,
trouver les provisions est le souci permanent pour Marie comme pour les autres
ménagères, d’autant plus que les prix
augmentent et que la qualité baisse.
Le marché du quai St-Antoine, qui
était bien achalandé avant la guerre, apparaît piteux.
Marché quai St-Antoine, avant guerre |
Les hommes sont partis au combat,
les chevaux ont été réquisitionnés ; à la campagne les femmes essayent de les
remplacer, mais la production agricole diminue. Comment assurer le transport
des marchandises ?
A partir de 1915, Marie témoigne : « des
difficulté à s’approvisionner en lait pour les enfants. Il n’y a plus ni
automobiles, ni chevaux on ne trouve plus de laitière de campagne » Elle
explique que c’est une « conséquence
de la guerre de Serbie ». (le 20/10/1915)
Dans la lettre suivante, elle
ajoute :
« Je ne sais plus que faire à manger à nos pauvres très petits,
c’est une misère pour avoir une quantité suffisante d’un lait quelconque et les
œufs qu’on paye 4 et 5 sous pièce sont très souvent de vraies saletés. » (22/10/15)
Le sel et le sucre sont des
produits sans lesquels on ne peut cuisiner. Comment faire si
les épiciers ne peuvent plus en vendre ?
« Je vais aller tout à l’heure chez Bresard pour essayer d’avoir
du sucre : on refusait le sel ce matin chez les épiciers. Pepe dit que le
magasin Dufier était rempli de cuisinières qui imploraient » (27/11/1916)
Le 7 mai 1917, Marie a vraiment besoin
de sucre, elle prévoit de faire des confitures avec les fruits du jardin de
St-Rambert.
C’est encore une chance, l’épicier
a vendu 5 kg de sucre à Marie. Si elle avait eu la carte de rationnement, il ne
lui en aurait pas cédé autant. Elle doit déposer la demande d‘un carnet de
sucre pour cinq personnes, ce qui lui paraît bien insuffisant pour faire ses
confitures cet été.
Carnet de Pain, Musée Gadagne , Lyon |
Plus de pain « ils disent
qu’ils n’ont pas assez de farine pour en donner davantage » (31/12/1917)
Les œufs, le beurre et le lait manquent. Les Lyonnaises doivent se
résoudre à renoncer au beurre et accepter de cuisiner à l’huile.
« Les œufs sont à peu près
introuvables et coûtent 16 sous pièce pour le beurre il faut aller chez 6
marchands et nous nous en sommes passés faisant tout à l’huile comme dans le
midi, pour le lait , après de supplications nous obtenons 3 demi litres, mais
que sera ce lait de quartier mélangé et
probablement additionné d’eau ? » (21/12/1918)
Même lorsque la guerre est
terminée, les boutiques sont vides. Marie ne trouve plus de pâtes : « ni nouilles, ni vermicelle, ni
macaronis que veux-tu qu’on fasse avec les enfants ?» (17/12/1919)
La jeune femme nous a expliqué
son souci récurrent, dès que le froid revient, pour se procurer du charbon.
Il est difficile d’imaginer comment
nous aurions fait à sa place pour supporter toutes ces privations.
Pour retrouver la série des
billets qui racontent Marie pendant la Grande Guerre voir les articles
précédents.