En 1915, Marie me sert de guide
pour aller à la rencontre de nos ancêtres. J’apprécie qu’elle m’accompagne lors
du RDVAncestral, comme celui-ci où je n’oserais me rendre seule.
Ce vendredi 2 avril 1915, nous sommes
allés faire une visite à Joséphine. Elle repose chez sa fille Thérèse, au n°6 rue du Plat.
Il est un peu tard pour faire sa connaissance, car l’aïeule ne respire plus, son cœur usé s’est arrêté de battre ce matin à 8h.
Il est un peu tard pour faire sa connaissance, car l’aïeule ne respire plus, son cœur usé s’est arrêté de battre ce matin à 8h.
L’appartement est envahi par les visites de condoléances, ses quatre filles et sa mère s’affairent
pour recevoir la famille et les amis qui viennent rendre un dernier hommage à
Joséphine gisant sur son lit entouré de fleurs.
Je préfère rester discrète, il me
semble que ce n’est pas le moment de me présenter. Je laisse notre cousine jouer son
rôle puisqu’elle représente André, parti à la Grande Guerre depuis neuf mois, il
n’a pas encore eu de permission pour venir à Lyon.
Sur le chemin du retour, je peux
parler librement avec Marie ainsi qu’elle le fait avec André au travers de sa
correspondance. La jeune femme
m’explique qu’elle ne connaissait guère la défunte. C’était une cousine, issue
de germain, de son époux.
Marie assure vaillamment les visites de condoléances, de plus en plus fréquentes en cette époque. Ces rituels s’imposent pour consolider les relations
familiales lors d’un décès. Sur le faire-part prend place la famille élargie,
sans oublier les branches lointaines. Marie explique que leur nom sera inscrit
parmi celui de tous les cousins.
Joséphine Falcouz est l’aïeule de mes
enfants à la 5ème génération (sosa 23). Elle est décédée à 56 ans.
Elle apparaît comme une vieille dame à sa jeune cousine, ce que ne dément pas cette photo. Il faut dire que son air triste l’enlaidissait depuis longtemps
Elle apparaît comme une vieille dame à sa jeune cousine, ce que ne dément pas cette photo. Il faut dire que son air triste l’enlaidissait depuis longtemps
- Je crois que Joséphine était un
peu plus jolie lorsqu’elle avait votre âge, chère Marie. Je pourrais vous
montrer une photo datant de l’époque de son mariage avec Joseph Chartron.
Une époque heureuse qui la
rendait presque belle, dis-je en ouvrant la généalogie sur mon smartphone.
Marie est curieuse de comprendre d’où provient cette photo stockée sur le
cloud.
- Alors Joséphine est déjà au ciel dans les nuages ?
Comme c’est rapide ! Marie s’étonne à peine et me rapporte ce que l’on dit à son sujet « Tu ne
saurais croire ce que Joséphine gagne à être connue ; c’est une
perfection ».
- Son mari est un bel homme, il a
l’air si doux ! s’exclame Marie.
- Joseph était malade. La tante
Zélia écrivait déjà le 22/03/1881 « Cette pauvre Joséphine qui à peine
mariée ne vit plus que d’inquiétudes et de chagrins … »
- Vous connaissez donc la tante
Zélia de Paris ?
- Zélia est une vieille amie dont
j’ai lu les lettres dans vos archives. Je vous conseille de bien les conserver
pour pouvoir les lire plus tard. ( Marie se doute-t-elle que je peux lire les
siennes ? )
- J'apprécie lorsque Zélia nous donne
des nouvelles de toute la famille. En décembre 1892, elle s’inquiétait :
« Avez-vous su que cette pauvre Joséphine avait failli perdre son
petit garçon ? heureusement, il s’est remis, mais il parait qu’il
avait été condamné par tous les médecins. Cette pauvre Joséphine a bien du
souci et la première cause soit dit entre nous, est la mauvaise santé de son
mari. (4/12/1892)
Le petit Jean Casimir souffrait d’une
maladie de poitrine « qu’il tient de
son père et sa grand-mère Chartron Mital qui en est morte. » (23/12/1892).
Il s'éteint le 30 décembre à l’âge de cinq mois.
- Perdre un enfant ! j’espère que
nous serons épargnés de cette douleur, s’effraye la jeune maman qui ignore ce
que lui réserve l’avenir.
- Joséphine porte une grande
tristesse en elle, car six ans plus tard c’est Joseph qui décède après une
longue maladie. Il avait les poumons fragiles comme sa mère qui l’a laissé
orphelin à deux ans et demi.
« Pauvre Joseph, quelle bonne nature avait ce brave garçon. Si sa
tête avait été aussi bien organisée que son cœur, c’était la perfection et elle
est rare. La pauvre Joséphine a bien souffert avec lui, et elle souffrira plus
encore de l’avoir perdu » compatit Zélia le 12/11/1898.
Je comprends qu‘elle puisse
ajouter (le 18/02/1913) :
« Joséphine dont le cœur paraît-il,
est plus usé que celui d’un vieillard »
Marie est pressée de rentrer pour
faire à André le récit de cette visite funèbre.
« J'ai été voir hier la
pauvre Joséphine qui avait un air presque heureux j'ai trouvé, sur son lit de
mort ; j'ai embrassé ses filles et lundi j'irai à l'enterrement qu'on a
repoussé à cause de Pâques ; je crois bien que Gabriel veut y aller aussi »
(3 avril 1915)
Texte bien mené qui permet de conter la vie familiale en utilisant ces merveilleuses missives.
RépondreSupprimerEncore un très beau #RDVAncestral qui nous permet de découvrir la vie de Joséphine. Les lettres que tu as en ta possession sont une source essentielle, mais au delà de nous les transcrire, tu réussis grâce à ton écriture, à leur donner vie. Merci en tout cas pour ces beaux moments de lecture !
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