2023-07-16

Cherchons les Charbonnier à Châtillon-sur-Chalaronne

 

Je ne suis jamais allée à Châtillon-sur-Chalaronne, pourtant ce n’est pas si loin de Lyon. Puisque le généathème nous invite à suivre le Tour de France qui passait par là hier, voilà l'occasion de me pencher sur les sosas 370 et 371 qui jouent à chat caché.

Ils se marièrent dans ce bourg le 26 janvier 1763, Châtillon était alors appelé Châtillon-en-Dombes. 

Au cœur de la Dombes, tel un pays de cocagne, s’étend une zone humide de mille étangs, où vivent grenouilles, carpes, brochets et une multitude d’oiseaux.




Nos ancêtres ont marché dans les rues bordées de maisons médiévales en brique et à colombages pour se rendre au marché qui se tient sous les halles du XVe siècle. Ils se sont mariés dans l’église qui, comme les halles, apparaît surdimensionnée.

 

 

Claude Germain et Marie Honoré Charbonnier ont ensuite résidé non loin de là, il leur fallait deux heures à pied pour aller à Saint-Didier-sur- Chalaronne.

Quatre enfants sont nés  :

 


C’est à Saint-Didier-sur-Chalaronne que l’on célèbre, le 17 février 1795, une double noce de leurs deux filles.

Julie épouse François Noël Falcouz, marchand fabriquant de chapeaux (sosas 184 et 185).

Constance épouse Joseph Marie Potalier, tanneur et corroyeur.

Pour le citoyen Claude Germain, leur père on indique la profession d’agriculteur. Trois ans plus tard lors du mariage de leur frère, il déclare être propriétaire. Mais n’allez pas imaginer qu’il avait toujours les pieds dans la boue, en 1763 on lui reconnaissait le statut de bourgeois. À l’époque de la Révolution, le statut d'agriculteur pouvait cependant être préférable.

 

Julie possédait vignes, terres et corps de bâtiment à Saint-Didier-sur-Chalaronne (selon le Journal de l’Ain en 1853[i]).


Je ne connais guère cette famille. A l’occasion de cet article, je vais essayer d’explorer les indices que j’avais laissés de côté.

Je pourrais d’abord me laisser porter par les sonorités de leurs patronymes qui chuchotent sur un rythme de danse cha… cha : Châtillon-sur-Chalaronne où s’est mariée mademoiselle Charbonnier, dite Charbonnier de la Tour…  

 


Comment se fait-il que je n’ai récolté qu’un acte de mariage dans cette ville ? Retournons observer de plus près ce document.

 


Claude est le fils majeur de Claude Jérôme GERMAIN, sa famille réside à Saint-Didier-de-Vallin-en-Dombes.


Marie Honorée est fille de Gaspard Charbonnier de la Tour, elle est « demoiselle, majeure et maîtresse de ses droits ». (Pourquoi donc ?) « Pensionnaire aux dames d’Ursule depuis près de neuf ans », elle réside chez les Ursulines. Les religieuses éduquaient les jeunes filles dans le couvent. Marie Honoré a pu apprendre la recette du Petit Pain Châtillonais au safran qui avait la réputation de soigner les maladies des étangs.

Le couvent des Ursulines de Chatillon-sur-Chalaronne


J’aimerais aller à la rencontre de la demoiselle que j’imagine observant l’horizon en haut d’une tour. Mais où est-elle ?



Son père Gaspard, fils de Gaspard Charbonnier, avait le titre d’écuyer. Il est seigneur de la Tour de Journans.

Pour mieux comprendre, il faut remonter le temps. 

Le nobiliaire de l’Ain[i] nous apprend que le 13 juillet 1609, la Tour de Becerel a été vendue à Jean Charbonnier qui l’a laissée le 20 mars 1641 à son fils Charles Charbonnier, conseiller du roi et très digne président en l’élection de Bresse. Ce fief est dans le village de Journans.

La dite Tour consiste en bâtiments, petit jardin et 20 ouvrées de vigne, et une rente portant lods.

Une ouvrée est l’étendue de terre qu’un homme peut labourer dans une journée, ce qui représente environ 550 m2 pour un vigneron.

Le domaine n’est pas très grand, mais cela suffit pour avoir le privilège d’ajouter une pseudo particule au patronyme : Charbonnier de Becerel, ou : de la Tour de Journans.

 

Philibert en devient le chef en 1675. Après son décès en 1710, le domaine revient à Gaspard, ensuite à Gaspard fils de Gaspard; puis après la mort de ce dernier à son frère François, l’oncle de Marie Honorée.

On comprend maintenant que la demoiselle soit maitresse de ses droits et résidant au couvent des Ursulines, puisque son père et sa mère étaient décédés. L'oncle n’apparait même pas à son mariage. 

Sa vie durant, elle conservera le nom de Charbonnier de la Tour.

Quant à la Tour de Becerel, si quelqu’un l’a vue à Journans, dites-le moi !

 




 Sources :

Toutes les photos se trouvent sur Wikimédia Commons

Chabe01, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

[i] Lectura Plus : https://www.lectura.plus/Presse/show/?id=01JOURNALAIN-18531109-P-0004.pdf&query=FALCOUZ

[i] https://books.google.fr/books?id=vbVlc5ZkoTIC&newbks=1&newbks_redir=0&dq=fief%20de%20la%20tour%20de%20journans&hl=fr&pg=RA1-PA202#v=onepage&q=fief%20de%20la%20tour%20de%20journans&f=false