On l’appelle la Pichotte, c’est une jolie et tendre manière de désigner la fille de Pierre Pichot.
La féminisation des patronymes est en usage dans nos familles.
Françoise Pichot dite la Pichotte, a vécu en Ardèche, à Mayres. Quand est-elle née ? Quand est-elle morte ? Je n’en sais rien.
Elle est ma grand-mère, sosa 867 à la 10e génération.
J’ai lu son contrat de mariage, passé le 25 novembre 1665. Ce jour-là, elle épousait Antoine Bonnefoy, (sosa 866). En écrivant les deux derniers billets, j’ai fait connaissance avec les ancêtres d’Antoine qui vivaient dans la montagne du Vivarais. Je ne pourrais pas vous dire grand-chose sur ceux de Françoise qui manquent de source.
Sa maison se trouve à Saint-Martin de Mayres. Il ne subsiste pas de bâtiments de son époque dans le quartier situé en bas à gauche de l'église.
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Qui prenait soin d’elle ?
Anthoine, son époux
J’espère qu’Anthoine a été un bon époux.
Ils ont eu au moins cinq enfants dont deux filles, Anne et Marguerite qui sont chacune mes ancêtres !
Antoine, mentionné comme "hoste", doit tenir une auberge; par ailleurs il exerce la charge de fermier, il se charge de récolter les fermages.
Il a pu faire plusieurs acquisitions, notamment le 13 mai 1668 "d'un bois chastagnet* et d'une "terre issartille"**, ce qui témoigne d’une certaine aisance.
Jacques, son premier mari
Françoise était veuve de Jacques Cellier. Elle a dû hériter de son logis puisque le contrat qui régit le second mariage est signé dans la maison de la Pichotte.
Je ne peux m’empêcher de penser qu’avec Antoine le mariage a été plus heureux. D’abord, puisqu’il est mon ancêtre, j’ai un a priori positif. Je revendique une certaine subjectivité. J’aime mes ancêtres comme des aïeux bienveillants, j’essaye de leur rendre un hommage respectueux, ne serait-ce que parce qu’ils m’ont donné la vie. Les recherches dans ma forêt me font rencontrer d’autres personnes qui ne sont pas mes sosas et certains ne m’apparaissent pas aussi sympathiques ; je crains parfois qu’ils leur aient causé des soucis.
Je n’ai pas de certitude, seulement une intuition en ce qui concerne le premier mari de Françoise.
Regardons cette étonnante quittance qui lui est payée le dernier jour du mois de septembre 1646, par Jean Pichot.
Jean, son frère aîné
Le 30 septembre 1646, Jean règle, ou charge une personne de payer audit Jacques Cellier :
La somme de 38 livres pour la
nourriture et entretènement de Françoise Pichot fille de feu Pierre Pichot,
Laquelle il a nourry et guardé pendant 2 ans
et demy
Faut-il imaginer Françoise, petite orpheline, avec des jolies rondeurs de jeunesse, bien nourrie telle la captive de l’ogre. C’est quoi cette histoire ? Donc après l’avoir nourrie et entretenue pendant deux ans et demi, Jacques Cellier l’a épousée. Était-elle consentante, avait-elle le choix ? Je suis inquiète, je ne le connais pas, je n’ai trouvé aucune trace de cet homme. J’espère que mes craintes ne sont pas justifiées.
Les amis et alliés
En 1665, dix neuf ans plus tard, beaucoup de personnes entourent Françoise Pichot avec Anthoine Bonnefoy, lors de la lecture de leur contrat de mariage, dans la maison de ladite Pichotte à Saint-Martin de Mayres.
Auprès d’Anthoine se tient son oncle, Jacques Challas.
Oh ! Je vois aussi Louis Daubert qui est fils du notaire Estienne Daubert (mon sosa 3498), et encore Jacques Prat, le mari de la fille du notaire Jeanne d’Aubert (sosa 1747). Celui-ci deviendra mon sosa 1748, lorsque son fils Louis Prat épousera Marguerite Bonnefoy (sosa 875). Nous sommes en famille !
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Jean Pierre, son frère
Alors, je suis sûre que Jean Pierre a pris soin de sa sœur
C’est elle qu’il mentionne d’emblée dans son testament en 1690.
Il lui lègue 200 livres payables à raison de 40 livres par an.
Antoine Albert, le gendre va se charger de payer le légat que donne JP Pichot à sa sœur Françoise, veuve d’Antoine Bonnefoy. 80 livres, le 15 mai 1695 et sans attendre, dès le 27 juillet de la même année, il lui verse le solde.
Jean, son fils
Jean va hériter de tous les biens de sa mère, comme elle le mentionne dans le contrat signé à l'occasion de son mariage en janvier 1695. C'est lui qui se chargera des affaires familiales, s'occupant de sa mère et de la dot de ses sœurs.
Le fils de Françoise jouit d’une ascension sociale inattendue. Il est procureur d’office. C’est dans sa maison que se passe l’évènement ci-dessus.
Marie, sa fille
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250 livres, une robe rayé grise et 2 brebis de l’héritage de son père : et 125 livres de sa mère.
Françoise a bien marié ses filles qui sont restées proches d’elle.
La solidarité familiale se révèle au fil des quittances acquittées. Françoise Pichot était entourée depuis ses jeunes années d’orpheline de mère puis de père, ses frères ont pris soin de payer pour qu’elle n’ait ni faim ni froid.
Veuve en premières noces, elle a réussi un second mariage qui lui a donné 5 enfants. Anthoine Bonnefoy est mort trop tôt entre 1681 et 1682, les enfants étaient très jeunes. Anne n’avait que quelques mois. Françoise les a élevés peut-être avec l’aide de ses frères. Je suppose que Jean est l’aîné. Mon préféré est désigné comme Jean Pierre, on devait l’appeler Pierre comme leur père. Antoine probablement le cadet, était cordonnier, il a épousé Elenne Bonnaud en avril, peu après les noces de Françoise et Antoine.
Françoise Pichot est ma double grand-mère à la génération 10.
Voir aussi
* Un "Bois chastagnet" est une châtaigneraie. Les châtaignes fournissent une subsistance essentielle en Ardèche.
"Terre
issartille" désigne dans le parler occitan une terre "essartée".
C’est une parcelle de terre anciennement débroussaillée ou défrichée (souvent
en forêt), mise en culture après avoir été déboisée.
Françoise a peut-être convolé en première noce avec son tuteur ... Il était "de coutume" que les tuteurs épousent leur pupille surtout si elles étaient jeunes, jolies et vigoureuses ... Ce qui pourrait expliquer la quittance réglée par le frère pour l'entretient de la petite
RépondreSupprimerIl n'y a pas d'acte désignant le tuteur officiellement, mais j'ai la même intuition que toi.
SupprimerJe ne connaissais pas cette coutume car je n'ai pas eu ce genre de cas dans les tutelles trouvées. J'aime bien aussi la féminisation du nom de familles!
SupprimerDes liens invisibles à travers le temps, et le petit monde de la Pichonne révélé
RépondreSupprimerQue cet article est bien écrit, bravo.
RépondreSupprimerQuel belle écriture pour faire revivre ta Pichotte et nous faire ressentir toute la tendresse que tu as pour elle et ton inquiétude sur ce qu'elle a pu traverser dans cette période où tu ne sais rien sur elle !
RépondreSupprimerC'est vrai que l'on est obligé de se poser des questions au sujet du premier mari de "la Pichotte".
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