2025-02-14

De la tendresse dans les archives (2)


Pour fêter l’amour blotti dans les archives qui nous parlent de généalogie, j’ai continué d’explorer un fonds privé conservé aux AD du Rhône.

Voici une suite à l’article que j’avais publié il y a un an.

 

De la tendresse dans les archives (1) vous présentait la correspondance envoyée par Pierre Antoine Barou à sa femme Jeanne Marie.

 




Aimeriez-vous recevoir des lettres se terminant par ces mots ?

 

21 juin 1783

Je t’embrasse de toute mon âme, et comme la meilleure amie de mon cœur, qui est tout à toi.

 

Les très belles formules qu’il emploie témoignent d’une exquise politesse envers sa femme.

Même s’il les répète souvent et presque systématiquement, Pierre Antoine se montre craquant. Je ne résiste pas au charme de ce gentilhomme du 18ème siècle.

 

Son épouse tient à lui, elle reçoit ses lettres avec plaisir, elle s’intéresse à tout ce qu’il lui raconte de sa vie, de ses voyages, de ses séjours à Paris, de ses rencontres. Elle espère qu’il lui demeure fidèle. Mais comme elle, j’ai quelques doutes. C’est un homme séduisant soignant sa mise, ses bas de soie, ses cheveux poudrés. Tel un avocat, il est beau parleur. Mélomane accompli, il joue du violon. Cet homme de lettres érudit possède une importante bibliothèque que nous visiterons plus tard. Il mène une vie sociale intéressante, voire éblouissante.

Il peut conter fleurette dans leur langue aussi bien à une Anglaise qu’à une Italienne, et les Françaises lui plaisent aussi.

 

Celle qu’il préfère, c’est sa femme qu’il a choisie et épousée le 9 mars 1770 à Lyon. Jeanne Marie n’est pas aussi cultivée que lui, mais il la considère comme sa « bonne et tendre amie » et sa confidente. 


4 avril 1785

Adieu, ma bonne et tendre amie,

Je vais porter ma lettre moi-même pour être assuré qu’elle partira –

Donne de mes nouvelles à mon père ;

J’aurais soin de t’écrire souvent et longuement, et je te manderai tout ce que je croirai propre à t’amuser. Ménage bien ta santé ; Sois bien tranquille sur la mienne, et reçois les baisers que je t’envoie du profond mon cœur. Mille choses aux amis.

 

Pierre Antoine lui raconte ses sorties dans les théâtres parisiens, à l’Opéra, en détaillant ses critiques comme un connaisseur. Il lui confie quelques secrets sur les personnes qu’il rencontre.

 

1783 Sortie de l'Opéra


Il lui écrit presque tous les deux jours. Il termine sa lettre au bas de la quatrième page, avec des baisers; sans jamais signer.

 

Je bavarderais plus longtemps mais le papier me manque. Mille tendres baisers.

 

22 avril 1785

Je t’envoie mille et mille baisers.


30 avril 1785
Ou encore, en anglais : Thousand kisses from my heart.


28 juin 1783

Les baisers que je t’envoie, et qui partent du fond de mon cœur t’arriveront surement.


15 juin 1783

 que tu continues à m’aimer, et je suis heureux. Je t’embrasse du plus profond de mon cœur.


Jeanne Marie a continué à l'aimer. 

Il est poignant le chagrin qu'elle éprouve après la mort de son époux, guillotiné en décembre 1793. Elle pleure son amour perdu, elle écrit sa peine dans son journal intime dont je vous ferai lire quelques lignes.


Ce billet est inspiré par le généathème "L'amour dans les archives !"


J'ai rencontré Pierre Antoine Barou du Soleil :

A Versailles, qui voulait-il rencontrer ? 

Dans le ciel de Lyon 

Dans la série L : administration et tribunaux de la période révolutionnaire

J'ai détesté : Les dénonciateurs qui ont provoqué son arrestation

Jeanne Marie a gardé (fonds privé aux AD 69)





6 commentaires:

  1. C'est magnifique ! Merci d'avoir partagé ces mots tendres avec nous...

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  2. Oh que de mots choisis, de tendres sentiments, merci de ce partage

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  3. Quelle chance de posséder ces mots d'amour !

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  4. Trésor d’encre et de papier … 🥰

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  5. Mille et mille bravos pour ce moment de pure tendresse 😍

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  6. Merci encore merci pour tout ses documents de la vie de nos ancêtres

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