2024-11-13

Carrosses

 

Roulez carrosses, calèches, berlines, gondoles. Trottez, chevaux du roi en tirant de brillants attelages.

Transportant reines et princesses, les carrosses font rêver. Et si je vous racontais un conte de fées…



Comme une suite à l’article précédent, il y aurait des fées marraines penchées sur une femme de chambre, puis sur sa fille, une jolie bouquetière qui aurait grandi à Versailles.  

Viendrait un prince charmant ou un marquis qui aurait un coup de foudre pour la jeune fille.

Un carrosse tiré par de beaux chevaux, attendrait la Belle. Je vous rappelle que le Premier écuyer est le responsable de la Petite-Écurie qui gère les attelages pour le roi.



Monsieur le Premier contracta un mariage comme il convient à son rang, avec une marquise cousine. Mais il n’oublia pas la jeune fille (elle habitait comme lui rue Saint-Nicaise, peut-être même dans son hôtel) et il lui trouva un mari. C’était lui le patron, il employait l’heureux élu comme contrôleur des équipages de la Petite-Écurie.


Henri Camille de Beringhen, 
(portrait offert par JG Verne en 1759)
British Museum


Vous avez reconnu les personnages.

Henri Camille de Beringhen dans le rôle principal. Le couple Catherine Julie et Jean Gabriel Verne qui a gagné un château et une situation intéressante.



À Paris, ils résident au numéro 13 de la rue des Petites-Écuries. Vers 1755, c’est une annexe de la Petite-Écurie de Versailles, on remisait dans ces bâtiments les voitures royales, on abritait des chevaux. Au-dessus des écuries et des remises se trouvaient les logements des employés. Dans la cour, qui actuellement est nommée le Passage des Petites-Écuries, s’ouvraient les ateliers de menuiserie, de bourrellerie, de sellerie, de carrosserie, etc. Beaucoup de personnes travaillaient dans ce lieu. Les artisans effectuaient l'entretien et les réparations, d’autres construisaient des véhicules neufs. Les besoins de déplacement de la Cour nécessitaient toujours plus de moyens.

Les plus somptueux carrosses arboraient des sculptures, des dorures, des tapisseries avec un luxe inouï. Ceux-ci n’étaient pas conçus pour voyager, ils servaient aux souverains, lors des fêtes d’apparat pour se montrer. Symboles du pouvoir royal, ceux de l’Ancien-Régime ont disparu. C'étaient de remarquables œuvres d’art, tel ce carrosse du sacre de Louis XVI, en 1775.


Dans l’Almanach de la Cour, le poste de contrôleur des équipages de la Petite-Écurie n’est pas mentionné, alors que pour les emplois et leurs titulaires, tout est détaillé avec précision. Le Premier Écuyer disposait librement du budget qui provenait des fonds privés de la cassette du roi. Il ne pouvait pas créer d’offices, personne n’achetait sa charge,  mais il nommait selon son choix. 



En 1779, le roi souhaite faire des économies en réduisant les effectifs, on comptait plus de 300 personnes travaillant pour la Petite Écurie. Un grand nombre d’employés fut mis à la retraite. On peut lire ci-dessus que les services de Jean Gabriel Verne ne sont plus nécessaires à Sa Majesté et qu’elle le récompense avec une pension de 1926 livres. 



Ces portraits datent de 1760.

Jean Gabriel avait réussi un beau mariage, le 7 octobre 1747, en épousant Catherine Julie Guy de la Findoise (sosa 343). Elle allait avoir 22 ans, elle était sous la protection de son patron. Si le mari prenait soin d’elle et s’il fermait les yeux, il allait avoir des promotions professionnelles et des avantages. Le contrat stipule une donation de 35 000 livres  

Catherine Julie n’a pas pu refuser cet homme âgé de treize ans de plus qu’elle, mais qui lui apporterait une situation intéressante : sociale, financière avec une certaine liberté. 

Elle a donné naissance à quatre enfants entre 1755 et 1760. Les trois garçons portent le prénom de Louis. Puisqu’il n’y en a pas dans la famille, je suppose que c’est une référence au roi Louis XV. Deux fils sont morts la même année 1778. 

Le couple vécut dans le bonheur et la prospérité, il semble très uni. Deux portraits les représentent âgés, souriants et étonnamment costumés en jardinier et bouquetière. Ils donnaient des fêtes et aimaient s’amuser. 


4 commentaires:

  1. Quelle chance de détenir ces portraits !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même si c'est une photo de mauvaise qualité, je n'ai pas vu le tableau original. Je suis heureuse de voir ces portraits.

      Supprimer
  2. J' imagine tout le travail de recherches et l'émotion qu'il y a derrière cette histoire que tu nous a si bien contée, pas à pas. Bravo!

    RépondreSupprimer
  3. On se croirait dans un film ! Merci :)

    RépondreSupprimer

Merci pour le commentaire que vous laisserez !
Si vous voulez mentionner votre prénom ou alias, je pourrai reconnaitre ceux qui s'affichent comme anonyme.