Le roi Louis XV se levait vers 10 h selon un rituel quotidien bien défini. Il avait ensuite l’habitude d’assister à la messe. Sur le chemin vers la chapelle. Les courtisans tentaient de l’aborder pour lui demander des faveurs. Le souverain prenait ses distances en s’installant dans la tribune du premier étage, en face de l’autel surmonté de l’orgue.
Il appréciait ce temps de recueillement, entrecoupé de rêveries, il s’efforçait de mettre à l’écart ses préoccupations politiques. Peut-être rêvait-il à ses chasses, à sa prochaine course en traîneau ou à ses nouvelles conquêtes amoureuses.
Était-il transporté par le concert d’anges au-dessus du buffet d’orgue ? Fermait-il les yeux en se laissant bercer par les improvisations brillantes de ses organistes : Daquin, Couperin...
Quatre organistes se partageaient ces fonctions, chacun jouant par quartier. En accédant à la chapelle royale, ils devenaient officiers du roi.
En 1761, c’était Nicolas Hubert Paulin qui tenait l’orgue durant les mois d’hiver du premier quartier de l’année. Depuis six ans, au cours des mois de janvier, février mars, il assurait les messes, et autres cérémonies dans la Chapelle Royale.
En ce mardi 17 février, il fait froid à Versailles. Dans ce matin glacial, pendant que le roi se levait, l'organiste a quitté son appartement de la rue Neuve Notre-Dame, d’un pas rapide il s’est dirigé vers la Chapelle du château.
Nicolas Hubert s’installe devant le buffet d’orgue, il frotte ses mains, souffle pour les réchauffer et plaque sur un clavier quelques accords en mode mineur.
Le musicien parait triste, il porte le deuil de son père Frédéric Hubert Paulin (sosa 818), mort le 25 janvier, dans son logement du cloitre de la collégiale St-Honoré, à Paris.
La veille, il a signé une procuration chez le notaire pour que Marthe Langlois de Bonval, sa femme le représente dans le conseil de famille lors de l’inventaire après décès. Il ne pourra pas être présent puisqu’il doit assurer son service à Versailles. Alors maintenant, il se concentre sur les jeux de l’orgue et se lance dans une improvisation.
L’orgue pleure à l’unisson de son chagrin. Depuis quelques mois, l’instrument ne chante pas aussi bien. Il a beaucoup plu, et l’eau est entrée par la fenêtre devant laquelle est placé le buffet d’orgue. Les organistes craignent que l’humidité le détériore davantage si des réparations ne sont pas prévues. Mais le contrôleur des finances demande des économies.
Ce ne sera qu’en 1763 que les réparations seront effectuées puis appréciées par les organistes.
La chapelle royale du château de Versailles |
Quel beau texte pour nous faire ressentir ce métier de ton ancêtre ! On se glisse avec toi dans la Chapelle royale pour l'entendre jouer. Bravo !
RépondreSupprimerOn aurait bien aimé l'entendre jouer... On s'y croirait !
RépondreSupprimerDe bien belles histoires dans ce challenge...
RépondreSupprimerJe plussoie ! Il ne manque que le son !
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