Tous les
chevaux du roi dormaient dans de belles écuries royales à Versailles. Soigneusement
tenues, elles contribuaient à montrer la puissance et le prestige de la cour.
Les chevaux de grande qualité étaient choisis pour leur beauté et leur comportement. On comptait, au milieu du XVIIIe siècle, environ 398 chevaux dans la Grande Écurie, et 250 dont 125 pour les attelages dans la Petite Écurie.
Deux bâtiments symétriques abritaient les écuries. Mansart a voulu qu’ils soient en harmonie avec le château, majestueux comme une réplique qui ne lui ferait pas de l’ombre.
La Grande Écurie s’occupait
des chevaux de selle agiles et rapides, des chevaux pour la chasse et la
guerre.
La Petite Écurie gérait le
transport et les besoins quotidiens pour les activités de la cour. Magnifiquement
préparés pour les cérémonies officielles et les parades, les chevaux d’attelage
et les carrosses contribuaient à la représentation du pouvoir royal
Le responsable de la Petite-Écurie était Premier écuyer que l’on appelait Monsieur Le Premier, il avait une grande autorité, car tout dépendait de lui.
Henri Camille de Beringhen avait prêté serment le 6 février 1724. C’était un gentilhomme proche du roi qui faisait preuve d’une fidélité absolue. Il assistait au lever et au coucher du monarque.
Le 11 janvier 1729
On n’avoit point vu
depuis nombre d’années un tems si propre à aller en Traineaux, à cause de la
forte gelée & de la quantité de neige.
Il avait beaucoup neigé depuis le début de l’année, Louis XV lui avait communiqué son souhait d’organiser une course de traîneaux. À dix heures lorsque le roi se réveilla, Beringhen était présent pour la cérémonie du lever. Louis donna son programme, invita quelques courtisans, et demanda de préparer les chevaux et les attelages afin que le sien apparaisse magnifique.
Une grande effervescence régnait donc dans la Petite Écurie. Les palefreniers bouchonnaient les chevaux, les pages s’affairaient pour apporter la nourriture et les abreuver. Un maréchal-ferrant posait des fers avec des crampons.
stalles de la Petite-Ecurie Versailles Johann Georg Rosenberg |
Les stalles avaient été nettoyées. L’air était frais, chargé des odeurs de foin et de cuir. Les selliers et les harnacheurs ajustaient les selles et les brides. On attela les traîneaux. Les chevaux, resplendissants dans leurs robes lustrées, attendaient impatiemment. Quelques hennissements se répondaient.
Au centre de la cour intérieure, des officiers en uniforme discutaient à voix basse, feuilletant des plans de la journée.
Beringhen dans son bel habit s’assura que tout était en ordre, inspectant les équipements et donnant des instructions précises. Il savait que tout devait être parfait pour plaire au souverain.
Pour souffler un peu et faire baisser le stress. Il leva la tête et porta son regard sur le fronton de la face est, sur le bas-relief de Girardon « Alexandre domptant Bucéphale » semblait l’encourager.
Quand Louis arriva, entouré d’un grand nombre de Princes, de princesses, de seigneurs et de dames
de la cour, un silence respectueux s’installa. Tous les regards se tournèrent
vers lui alors qu’il s’approchait.
Henri Camille le rejoignit, ils échangèrent quelques mots en aparté.
Puis tout ce beau monde prit place pour la parade.
Ils étaient presque
tous en bonnet fourrez et de grandes moustaches postiches, avec des redingotes
ou d’autres habits fourrez ; Les princesses et les dames, étoient en bagnolettes,
en mantilles et quelques-unes par-dessus leurs habits avaient des manières de
cazaquins fourrez, à la polonoise.
Le premier écuyer donna le signal du départ au cocher et les chevaux se mirent en route avec précautions pour assurer leur pas dans la neige.
Le marquis de Beringhen
marchoit en tête sur un grand traîneau tiré par quatre chevaux pour frayer
le chemin. Tous les autres traîneaux étoient à un seul cheval.
Sa Majesté suivoit
immédiatement sur un magnifique traîneau, dont le cheval avoit un riche
caparaçon bordé de grelots d’argent.
Claude Déruet, L'eau. |
Le roi avec toute sa
suite en traîneaux, après avoir fait le tour du grand canal, alla faire
collation à la ménagerie. & ensuite, souper à Trianon.
Ce spectacle brillant a
suscité la curiosité de la Cour et de la Ville.
Catherine Julie, âgée alors de quatre ans, assista probablement à cette parade avec sa mère.
Avait-elle déjà été éblouie par le beau marquis qui menait le défilé et s’en
souviendrait-elle lorsqu’à son tour elle attirerait ses regards ?
Source des citations :
Mercure de France : dédié au Roy 1729-02-01 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3817153f/f196
Je suis admirative de tout ce que tu as retrouvé pour nous faire participer en direct cette promenade en traîneau, en nous faisant ressentir comme tout devait être parfait. On a l'impression d'être à côté de Catherine Julie pour le regarder passer. Un grand bravo !
RépondreSupprimerJ'adore ces deux bâtiments, la petite et la grand écurie qui abrite aujourd'hui la galerie des Carrosses ... A visiter !!
RépondreSupprimerVersailles sous la neige ! ça fait envie ..
RépondreSupprimerAu top la description, on a l'impression d'être présente ou présent, les personnages s'animent, s'installent dans les traîneaux
RépondreSupprimerUne course de traîneaux à Versailles, ce n'est pas banal!
RépondreSupprimerMerci pour tous ces commentaires.
RépondreSupprimerJ'ai repris le mot « course de traineaux « employé par le journaliste en 1729. Mais je me demande s'ils n'ont pas fait juste un défilé de parade en traîneaux sur la neige.
Mais quel spectacle ce devait être ! L'impression d'y être.
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