Si je ne l’avais pas jeté, comme
vous auriez été contents de trouver ce vieux diplôme, froissé, déchiré, roulé
au fond de la malle où je range les archives de mes parents.
Je vous entends d’ici, oh ! vous mes chers descendants, présents et futurs :
« Mamie a donc suivi une
formation de dactylographe ! Nous ne le savions pas, elle ne s'est jamais vantée de
cette récompense :
"dactylographie très correctement à la vitesse de 12 mots à la minute."
"dactylographie très correctement à la vitesse de 12 mots à la minute."
Attends, c’est un diplôme
de débutante. Regarde les autres qu'elle a reçus lorsqu’elle était plus avancée,
elle a progressé : 26 mots/minute. »
Observons ce document, à l’en-tête
de l’Académie Dactylographique de France. L’illustration, très riche, met en
valeur la parité, déjà. Sous les lauriers, une femme élégante tape sur une machine
à écrire; lui fait face un jeune homme à l’air benêt d’un futur rond-de-cuir. La
devise, inscrite dans le logo, "Vite mais
bien" fait écho aux moyens de transport le train et le navire, à vapeur. Les
dessins superbes montrent une allégorie du progrès. L’homme, coiffé d’un casque
gaulois, tient une corne d’abondance.
Cliquer pour agrandir |
Je l’ai jetée dans la poubelle à
papier, cette archive grinçante qui ne témoigne pas d’une réalité heureuse pour
ma mère.
« Alors, pourrais-tu nous raconter
les raisons pour lesquelles cela ne vaut pas la peine de le conserver ? »
demande ma fille.
Il ne faudrait pas que vous vous
mépreniez sur la valeur de ce papier. Vos enfants, s'ils s'intéressent à ces
archives, pourraient facilement imaginer que votre grand-mère apparaissait comme une secrétaire tranquille
et heureuse, telles les jeunes femmes déjà démodées sur le dessin. En fait, ce
scénario souffrirait d'une erreur de casting.
Mamie Marie était habile de ses doigts,
c’est pourquoi ses cahiers de couture je les conserve précieusement. Elle
aurait pu enseigner les travaux de confection de vêtements. En revanche, elle
détestait écrire, rédiger. Le début de sa scolarisation avait été raté et elle
souffrait de ce handicap. Et voilà qu’elle est orientée sur une formation de
dactylo qui l’a conduite à exercer un emploi dans l’administration, pour lequel
elle n’avait aucun goût. Heureusement, de belles amitiés se sont liées dans ces
bureaux.
Ce diplôme a été roulé et
longtemps oublié au fond d’une malle, dans le grenier parmi des vieilles choses
que j’ai entrepris de ranger.
***
Allez, je vous rassure sur le sort de ce papier qui n'a pas disparu complètement puisque ma fille
m’a suggéré d’écrire ce billet, pour justifier la mise au rebut de ce document.
En effet, pour conserver les archives, il est nécessaire d'avoir l'espace d'une grande maison, sinon nous devons réduire le volume des souvenirs.
J'aime beaucoup ! C'est vrai qu'en tant que généalogiste c'est le genre de réflexion sur l'on peut avoir : quelles traces laisse-t-on pour nos descendants ?
RépondreSupprimerAi-je envie que mes descendants conservent tous mes vieux papiers que je n'aurais pas encore jeté ? Je devrais faire du tri dans mes affaires, moi-même ... ;-)
SupprimerC'est ce que je me dit en classant et transcrivant des lettres trouvées dans les archives familiales, est-ce que j'aimerai qu'un jour quelqu'un vienne fourrer son nez dans mes papiers ou courriers personnels ?
SupprimerJ'adore ces souvenirs très personnels (diplômes, médailles du travail, etc..)et en plus ils sont magnifiquement décorés. Merci pour le partage.
RépondreSupprimerRassurez-vous je ne jette que très (trop) peu de choses ! Les documents suivants sont en meilleur état, peut-être parce qu'ils avaient plus de valeur pour ma mère.
SupprimerMICHELE VIN :Merci de ce texte ,pour le tri je l'ai entamé avec cette phrase qui tourne en boucle "un linceul n'a pas de poches" alors ne serait ce que pour décharger les en fants d'un travailéprouvant ---et puis clarifier synthetiser tous ces monceaux de papiers généalogiques---et à chaque Noel un cadeau de transmission sous une forme différente,comme la gifle de l'arpenteur cela fixe le souvenir bonne journée et merci
RépondreSupprimermerci pour ce texte très intéressant , J'aime beaucoup ton blog,
RépondreSupprimerJ'ai moi même ce genre de diplôme en sténographie et croyez moi c'était stressant car aussi bien dans les deux matières sténo et dactylo il fallait faire vite pas d'émotion sinon vous ratiez tout cela faisait partie des diplômes en 1956
RépondreSupprimerMerci pour ce témoignage sensible. En effet ce document me paraissait chargé de stress.
SupprimerJe dois préciser qu'outre les diplômes des années suivantes, nous conservons des documents plus doux, comme des livres de cuisine et des cahiers de couture, etc.
Que de souvenirs la sténo et la dactylo... effectivement des matières très stressantes !
RépondreSupprimerOn imagine que d'autres portent autant d'intérêt que nous aux vieux papiers, Ce n'est pas le cas de mes enfants, je crains que mes archives soient perdues après ma mort
RépondreSupprimer