2021-06-23

Antoinette et ses frères




Autrefois, une femme devait son statut dans la société à sa relation avec les hommes de son entourage. Antoinette Daurolles se définissait donc par son rôle au sein de la famille.

Épouse 

Pendant dix-neuf ans, depuis ses 16 ans jusqu’à l’âge de 35 ans, elle est l’épouse de Damien Balley, un marchand qui habite Montée de la Grand-Côte à Lyon.

On ne trouve pas leur acte de mariage, seulement la remise de la paroisse de St-Pierre St-Saturnin pour celle de St-Nizier. 

Alors, comment connaître ses parents puisqu’ils ne sont pas mentionnés ?

Mère

Toinette est la mère de Louise Balley qui semble être son unique enfant. Louise porte le prénom de son père Louis et de sa marraine, dame Louyse Bonjean. J’avais noté le nom de cette marraine, mais je n’ai appris que récemment que celle-ci est la mère d’Antoinette.


Grand-mère

Cette aïeule à la XIII génération est la sosa 5703 de mes enfants. Elle laisse quelques traces d’une vie heureuse.

On ne l’appelle pas Antoinette, mais plus gentiment Toinette, comme l’indique sa signature, à l’occasion du baptême de son petit-fils Thomas dont elle est la marraine.


Le 10 janvier 1670, en secondes noces elle épouse le jeune André Vermant. Je n’ai aucune nouvelle d’elle après 1677 ; elle est présente au deuxième mariage de sa fille, je suis sûre que cette nouvelle alliance a dû la réjouir.


Des hommes qui construisent

Le nom qu’elle porte est celui d’une famille connue à Lyon à cette époque. J’ai mis longtemps à valider l’hypothèse qu’Antoinette est liée aux frères Daurolles.

Claude et ses fils Benoît et Pierre Daurolles, dits Monard, exercent comme maîtres-jurés maçons de la ville de Lyon. Selon les actes consulaires, ils passent pour «très expert, entendu et cognoissant en l’art et mestier d’architecture et massonnerie ». Ils ont travaillé sur des chantiers importants dont il reste de beaux bâtiments dans notre ville.



 Voici le prix fait de l’église du collège de la Trinité. Les travaux supervisés par Etienne Martellange vont durer plusieurs décennies, de nombreuses mises au point pour ajuster les toisages irréguliers jalonnent les documents (AD Rhône, 1 D 9/2 et 3).

Eglise du Collège de la Trinité


Lorsque le Consulat décide de la construction de l’Hôtel de ville en 1646, ils sont chargés du projet porté par Simon Maupin.

On trouve des témoignages de l’importance prise par les entrepreneurs Daurolles sur ce grand chantier. On dit qu’ils n’en faisaient qu’à leur tête et qu’ils construisaient sans toujours tenir compte de ce qui leur avait été demandé. Les actes consulaires montrent plusieurs litiges les accusant de négligences, de retards et de mauvaise foi excessive…


Autour de Toinette

Antoinette s’est rendue souvent à l’Hôtel de ville de Lyon



Sa fille Louise est entrée dans la famille Blanchet ; Louis, peintre chargé de la décoration des salles, n’a pas été rebuté par les critiques concernant ses oncles qu'il devait cotoyer, il a choisi la jeune fille. Lorsqu’elle est devenue veuve, son beau-frère, Thomas Blanchet l’a soutenue. Louise habite alors l’appartement de fonction de son second mari, voyer de la ville et devient la voisine de mon cher Thomas Blanchet, peintre officiel de la ville de Lyon

Autour d'Antoinette, tous les hommes participent à la construction et à l'embellissement de Lyon au XVIIe siècle. 




Je peux enfin dresser cet arbre. Mes intuitions se sont confirmées grâce à B.F-J de la Société d’Histoire de Lyon qui m’a communiqué le contrat de mariage d’Antoinette. Grand merci à cet érudit pour son sympathique partage de ses recherches !

La lecture de ce précieux document permet de compléter la parentèle, comme l'indique le contrat.

Claude Daurolles étant décédé, sa fille procède de l’advis et conseil d’Anne Debolo, femme de son frère Pierre Daurolles qui gère la dot. Son frère Benoît est présent bien entendu, il doit être âgé, car ses enfants ont environ seize ans comme Toinette.

Benoît, en compagnie de son père et de son frère Pierre, a été chargé de très nombreux travaux : église du couvent de la Déserte, couvent des Grands Carmes, loge du Change…

Les différents commanditaires reconnaissent les compétences de leur entreprise.

Daurolles « un des meilleurs maîtres qui ont travaillé au pont du Rhône », possède beaucoup de connaissances pour les travaux de cette sorte » et de pratique à Lyon, à Pont Saint-Esprit et ailleurs, notamment au pont savoyard d’Étrembières. (source : https://books.openedition.org/cths/10787)


Beaucoup d'ouvrages n’existent plus, mais nous pouvons penser à cette famille et nous mettre dans les pas de Toinette pour apprécier des lieux dans Lyon. 


8 commentaires:

  1. Magique quand nos intuitions sont confortées par de véritables preuves ! Comme tu as dû être ravie !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,
      Effectivement, c'est ce que je me suis dit il y a quelques mois, lors de la reconstitution de quelques actes d'état-civil de PARIS, j'avais une intuition pour une ancêtre et celà m'a été confirmé.
      Cordialement.
      Catherine

      Supprimer
  2. J'ai gardé cette hypothèse pendant plusieurs années, et elle s'est confirmée par le contrat de mariage. C'est à ce jour la seule preuve, car les registres sont lacunaires à cette époque. Même si ces ancêtres sont admirés et critiqués, pour nous c'est une belle découverte.

    RépondreSupprimer
  3. Pas à pas dans une cité qui se transforme, pas à pas avec l'entourage d'Antoinette

    RépondreSupprimer
  4. N ayant jamais mis un pied à Lyon, sauf pour passer les tunnels je ne suis pas à même d apprécier l œuvre mais je le suis d apprécier ton travail. Bravo

    RépondreSupprimer
  5. Lyon est une belle ville qui mérite une visite de plusieurs jours, tant pour son patrimoine et ses bâtiments historiques que pour sa modernité et la qualité de vie qui se met en place dans la cité.
    Merci pour cette lecture ! Au plaisir de faire découvrir cette ville par ces billets et peut-être lors d’une étape à Lyon.

    RépondreSupprimer
  6. Des ancêtres et collatéraux bâtisseurs de Lyon ! J'admire cette gravure de la place des Terreaux, et j'ai du mal à retrouver la place que j'ai fréquentée durant mes études... Ces jardins se trouvaient là où est le musée des beaux arts ?

    RépondreSupprimer
  7. En effet, cette gravure date de 1653, la construction du Palais Saint-Pierre commence en 1659. J’ai hésité avec une autre illustration, mais sur celle-ci on distingue l’église du Collège de la Trinité, (actuellement lycée Ampère).
    Merci pour cette question, je suis contente d’avoir réveillé des souvenirs.

    RépondreSupprimer

Merci pour le commentaire que vous laisserez !