Magdelaine a passé un bail à mègerie,
elle va s’en départir
avant le terme traditionnel de la Saint Michel.
Que se passe-t-il ?
Revenons encore dans les liasses de ce beau registre qui m’a
réservé des belles découvertes sur les habitants de Saint-Julien..
Il y a 250 ans, Jean Audibert dicte son testament, il meurt en laissant la charge de leurs enfants à Magdelaine. Cette jeune veuve fait appel
au notaire qui plusieurs fois se déplace dans sa maison.
Le 16 septembre 1766,
elle a passé un bail pour quatre ans qui devait se terminer à la St Michel. Le 29 septembre est le jour de paiement des fermages après la récolte, c’est par conséquent la date traditionnelle d’expiration des baux ruraux.
Cependant, c’est au mois de mai 1769 que ce contrat, est mis au neant par delle
Magdne Alliés veuve de feu sieur Jean Audibert hote de ce lieu et
Joseph Gillet menager de ce meme lieu
lesquels de leurs grés sous dûe
mutuelle et réciproque stipulation aceptation
intervenant se ressouvenant parfaitement de
l'acte de megerie
entr'eux passé par nous
no[tai]re le 16 7bre 1766
ont déclaré et consenti comme
ils consentent au resillement d'iceluy
l'ont mis et mettent au neant et
tout comme s'ils n'avoit jamais été fait
Les formules sont savoureuses, je ne sais pas si vous prenez
le temps de les lire, moi je me régale.
Pour quelle raison se départir de ce bail avant la Saint
Michel ?
Ledit Gillet pour
raison de la mal tenue des biens dependants de la megerie devra s’acquiter de
la somme de dix sept livres huit sols pour tous les dommages et interets quelle
auroit peut pretendre
Néanmoins, il se
réserve de faire la récolte des grains
des semis y pendants tant seulement qui seront partagés en gerbe ainsi qu'il
est porté par le susd[it] acte de mégerie
Que pensez-vous de cette expression ? L'image est pleine de bon sens :
« des grains des semis y
pendant »
D’autre part, il est question "d’un clods" qui est à la vente :
promet à icelle
aceptante la somme de trente livres ledit jour St Michel prochain pour la vente
du susdit clods
Pour lire la transcription intégrale de l’acte :
3E 14 475 folio 411
Departemt
Deparp DelleAlliés et Gillet
L'an mille sept cent soixante neuf et le dixhuitiesme jour du mois de may après midy pard[evan]t nous not[ai]re royal de ce lieu de St- Jullien le montagnier soussigné et temoins bas nommés ont été presents en leurs personnes delle Magdne Alliés veuve de feu sieur Jean Audibert hote de ce lieu et Joseph Gillet menager de ce meme lieu lesquels de leurs grés sous düe mutuelle et réciproque stipulation aceptation intervenant se ressouvenant parfaitement de l'acte de megerie entr'eux passé par nous no[tai]re le 16 7bre 1766 ont déclaré et consenti comme ils consentent au resillement d'iceluy l'ont mis et mettent au neant et tout comme s'il n'avoit jamais été fait se reservant neanmoins led[it] Gillet de faire
la récolte des grains des semis y pendants tant seulement qui seront partagés en gerbe ainsi qu'il est porté par le susd[it] acte de mégerie, et led[it] Gillet ayant une autre clods à vente de ladite delle Alliés verballement qui doit finir à la St Michel prochain independant de ladite megerie à promis et promet à icelle aceptante la somme de trente livres ledit jour St Michel prochain pour la vente du susdit clods et ladite delle Alliés declare et confesse avoir reçu tout presentement et reellement conptent en espece de cours voyant nousdits notaire et temoins dud[it] Gillet la somme de dix sept livres huit sols pour tous les dommages et interets quelle auroit peut pretendre contre led[it] Gillet pour raison de la mal tenue des biens dependants de la megerie dont s'agit dont le quitte et sera permis à icelle d'entrer en possession desdits biens dès aujourd'huy sous la reserve faite par led[it] Gillet de semis et grains sy dessus faites tant seulement le tout à peine de touts depents dommages et insterets et pour ainsi le tout observer les parties ont obligé touts leurs biens et droits presents et advenirs toutes cours ainsi l'ont promis juré et requis
acte fait et publié audit st Jullien dans la maison de ladite delleAllies en presence de sieur Joseph et de sieur Jean Joseph Jauffret bourgeois de ce lieu temoins requis et signés les parties ont dit ne scavoir de ce enquises
Guis Jauffret et nous Bon
En Angleterre, les fermages sont calculés à partir de la Saint Michel aussi, qu'ils appellent Mickaelmas (mot formé de la même manière que Christmas). C'est le début de l'année paysanne, correspondant j'imagine à la fin d'une grosse partie des récoltes, le moment où on fait les comptes.
RépondreSupprimerMerci pour cette information très intéressante.
RépondreSupprimerVotre passage ici m'a donné l'occasion de découvrir votre blog qui me plait beaucoup.