Au moment où j’ai rencontré
Marxel, pour ce Rendez-Vous Ancestral, (#RDVAncestral) il était absorbé dans ses rêveries, il contemplait ses montagnes.
Je m’attendais à le trouver là,
sur l’aire du Baou, je connaissais son point de vue préféré pour voir le Portaou
dou Bliou.
Je m’approchai doucement,
je lui dis que comme lui j’admirais le Mourre de Chanier majestueux en ce soir de Noël.
Ce jeune homme portait une pèlerine
négligemment ouverte par le vent, laissant voir une veste en drap de laine
épaisse. Il se tenait fier et droit dans ses chaussures en cuir de Barjols dont
la propreté m’étonna. Ce jour-là, le berger n’avait pas couru les chemins, il
avait d’autres occupations puisque son mariage venait d’être célébré
le 21 décembre 1610.
Le ciel devenait rose sur le plan de Canjuers et sur les Gorges du Verdon, la lumière rendait les montagnes magiques.
Marxel calma son chien qui me
faisait des fêtes et son beau sourire fut irrésistible lorsqu’il m’invita à le
suivre :
« Une double fête se tient se soir chez Magdallene Boyer.
Nous fêtons nos noces et c’est la nuit de Noël. Le gros souper se prépare,
viens donc, tu es des nôtres. »
Déjà l’obscurité avait recouvert
notre village, j’essayais de trouver des re-pères, car j'étais transportée quatre siècles auparavant, j’étais éberluée, mais tellement heureuse d'être invitée par mon ancêtre Marcel Audibert (sosa 1376).
Je vous assure que c’est un véritable conte de
Noël que j’ai vécu ce soir-là.
Nous entrâmes dans la crèche où
notre berger alla nourrir ses moutons, il s’attarda pour caresser sa mule. Nous
montâmes à l’étage, je ne saurais l’affirmer mais il me semble que nous
arrivâmes dans ma maison. Toute la famille était rassemblée dans une salle
voûtée aux murs épais, je ne reconnus personne !
Marxel se dirigea vers
Magdallenne, il lui murmura un secret, elle se tourna vers moi, alors son
regard s’embruma d’une émotion violente. Malgré le soutien de son mari, ma toute jeune aïeule ne
put franchir la distance qui nous sépare.
Il aurait fallu que
je rencontre son père, prénommé Guilhem sur leur contrat de mariage et Pierre sur
l’acte de baptême de la jeune épouse. Mais il y eut alors une grande agitation. Tous s'exprimaient dans la vieille langue provençale. Ils se
mirent à chanter :
Cacho-fio
Bouto-fio
Un vieillard portait la bûche de Noël, il était accompagné d’un jeune enfant qui tenait un verre
de vin. On alluma le feu dans la cheminée. Le papé versa le vin cuit sur la bûche qui sentait bon le bois d'olivier,
la déposa dans l’âtre. On boute le feu.
Avant que j'aie pu essayer de comprendre, je fus entraînée dans une farandole autour de la table.
Cacho-fio
Bouto-fio
Alegre !
Diou nous alegre !
Calendo
ven, tout ben ven
Diou
nous fague la graci de veire l’an que ven
E
se noun sian pas mai,
que noun fugen pas mens
Bûche
de Noël,
Donne le feu
Réjouissons nous
Dieu nous donne la joie
Noël vient, tout vient bien
Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient
Et si nous ne se sommes pas plus
Que nous ne soyons pas moins.
Donne le feu
Réjouissons nous
Dieu nous donne la joie
Noël vient, tout vient bien
Dieu nous fasse la grâce de voir l’an qui vient
Et si nous ne se sommes pas plus
Que nous ne soyons pas moins.
Quel beau conte de Noël :)
RépondreSupprimerTrès beau texte comme d'habitude qui nous plonge dans les parfums et les musiques de Provence.
RépondreSupprimerPs J'ai trouvé une solution pour les commentaires: mon mobile!
Marie
Merci beaucoup pour ces commentaires !
RépondreSupprimerCe billet nous transporte complètement ... Magnifique d'émotion, comme j'aime :)
RépondreSupprimerMerci pour vos compliments qui me réchauffent le coeur.
RépondreSupprimerJoyeux Noël à vous !