1610 le 26 décembre,
Ce soir, le jeune homme s’isole un
peu, tant d’événements ont rempli ce mois de décembre. Marcel se rend sur
l’aire de la chapelle, de là il peut voir le Portaou de Bliou, les montagnes de chez lui. La neige
est tombée, le Mont Chiran se pare de rose alors que le soleil descend. Il suit
en pensée Peyron et Ysabelle; ses parents sont en chemin pour rentrer à
Blieux. Ils ont dû parcourir une longue route à travers le plateau de
Valensole. Après être arrivés à Moustiers-Sainte-Marie, le plus difficile en
cette saison sera de grimper le sentier muletier pour passer la barre
rocheuse.
Cinq jours auparavant, Marxel
Audibert vient d’épouser Magdallenne Boyer(e), leurs deux familles ont partagé
le gros souper de Noël. Les parents ont eu le temps de sympathiser; le 12 décembre,
ils se sont mis d’accord sur le contrat de mariage pour être agréable aux
deux parties. Ce contrat de seize pages n’apparait pas toujours aisé à comprendre,
rien n’a été traité à la légère.
Guilhem Boyer confie à son gendre
une terre qui restera la propriété de sa fille, ainsi qu’une somme de septante cinq
escus qu’il payera au fil du temps. C’est un moment particulièrement émouvant
pour tous. «Ils s’en dépouillent
et en investissant les sudits mariés par attouchement de leurs mains à la
manièrre accoustumée.» Le lendemain dans l’après-midi, tous retournent
chez le notaire pour ajouter des pages supplémentaires au contrat. Magdalenne Brun,
la mère de la jeune fille, décide de payer la somme promise que son mari ne
peut acquitter.
Les deux semaines suivantes ont
été occupées à préparer la noce. Magdalenne a pu « faire faire une robbe […]
à la couleur qu’elle voudra, laquelle demeurera et appartiendra au survivant
desdits mariés ».
Dans sa dot, elle a la chance d’avoir :
« ung lict muny de deux linceulx une bassache et
traversier » Quel confort ce lit avec deux draps, une paillasse et un
oreiller ! Le couple peut s’installer; j’aimerais tellement
savoir quelle est maison du bourg dans laquelle ils habitent.
Marcel est berger. Maintenant il
est émancipé par son père, selon l’effet de ce contrat extrêmement détaillé. C’est
pour vivre à Saint-Julien avec sa « future spouse » qu’il quitte sa
famille.
Peyron Audibert, son père lui
rend sa liberté, mais il convient de ne jamais oublier la pension « une
charge bled anonne que Marxel, son fils a promis et promet luy expédier à la Saint-Laurent
chaque année. »
Au mois d’août prochain après les moissons, un
mulet portera cette charge de blé, je ne sais pas quel est le lien avec l’impôt
nommé anonne, le contrat semble vraiment difficile à étudier. Je vous en dirai
plus lorsque j’en serai capable. Voilà Marcel devenu cultivateur. A-t-il gardé
son troupeau de moutons ? L'accompagnera-t-il en transhumance dans ses
montagnes ? Là-haut, le pâturage est abondant et varié. Les moutons montent
traditionnellement en estive sur le Mourre de Chanier pour la Saint-Jean d’été,
ils en redescendent en octobre.
Blieux, Alpes de Haute-Provence |
Blieux, diocèse de Senez, dans
les Alpes de Haute-Provence est le berceau de la famille Audibert. C’est
étonnant de constater combien ce patronyme est extrêmement répandu dans le sud-est
de la France.
Les registres paroissiaux de Blieux ne sont conservés qu’à partir
de 1668. À cette date, je sais que Marcel était déjà décédé, il est possible que
ce soit à Blieux ou peut-être sur le chemin de la transhumance, car je n’ai pas
trouvé à Saint-Julien son décès survenu entre 1639 et 1656. Madeleine était
veuve en 1656, lors du mariage de Jacques (sosa 688), le plus jeune de leurs
six enfants.
Marcel Audibert est mon aïeul à la XIème génération (sosa
1376).
Blieux |
Super article ! Un contrat de 16 pages ! Il doit y en avoir des informations ! Mais faut-il encore arriver les les déchiffrer ! Bon courage !
RépondreSupprimerEn fait, peu d'informations mais beaucoup de formules répétées dans ce vieux contrat. La langue rend ces ancêtres plus vivants mais il faut que j'étudie mieux le contexte de vie au XVIIe pour comprendre.
SupprimerIl suffit de faire briller les feuilles de l'arbre ... et vous le faites magnifiquement!
RépondreSupprimerMarie
Fichtre il n'est pas récent ce contrat !
RépondreSupprimerj'en ai survolé un Savoie : et le nombre de coiffes de la promise m'a laissé pantoise.
Bonne poursuite
J'aurais aimé qu'il décrive plus de linge du trousseau, mais c'était un luxe que cette famille ne possédait pas. Je prépare un billet sur le trousseau ...
SupprimerSuperbe témoignage. Dommage que les minutes étaient écrites à la va-vite. J'en ai aussi fait les frais.
RépondreSupprimerMerci.