Voilà une chaîne et une sorte de crochet
dont j’ai longtemps ignoré la fonction.
J’aurais dû poser ces questions à ma
grand-mère :
- Ma chère Mamie Rose, qu'es aco? Cette chaîne
toute cassée, ce crochet rafistolé ? Que peut-on en faire ?
- Ah, tu
as trouvé un clavié, c’est un crochet de chatelaine.
- Explique
moi donc ce clavié?
- Le clavié est une sorte de pince que les femmes mariées fixent à la ceinture de leur jupe et de laquelle pendent des chaînettes où s'accrochent les clés du garde-manger, les ciseaux de couture, etc.
- Pourquoi les femmes mariées ?
- C’est un cadeau de mariage, offert par l’époux. Traditionnellement à la sortie de l'église, le marié remet les clés de la maison à son épouse et la fixe au clavié de celle-ci.
- C’est dommage, cette chaîne est cassée !
- Regarde bien, cette chaîne a été réparée, entre
plusieurs maillons tu vois un fil de coton solide.
- Alors
ce doit être une couturière aux doigts agiles qui a essayé de l’arranger ?
- Tu
as vu juste, c’est une couturière qui tenait à cet objet.
- Oh, quel est son nom ?
- Regarde encore, il y a un indice sur l’agrafe
- Oui
en effet, je peux lire les initiales gravées, de deux personnes, peut-être un
couple ? Qui s’appelait ainsi ? E.F.et au-dessous P.A .
- Consulte
tes arbres généalogiques, tu connais beaucoup de mes ancêtres à présent. E.F.
c’est Eléonore Fave, P.A c’est Pierre Angelvin. Ils se sont mariés le 30 avril
1855. Ce sont mes grands-parents, tu sais.
- Attends,
je vais chercher quels ciseaux pouvaient appartenir à cet ensemble. Tu crois
que ce sont ceux-ci ?
- Ces ciseaux sont anciens et ouvragés comme de bijoux, bien utiles à une femme qui aime
coudre.
- Et
les clefs ?
- Et
bien, puisque c’est Pierre Théodore le jeune marié qui est venu habiter chez sa
nouvelle épouse, ce n’est donc pas lui qui a offert les clefs, d’ailleurs elle
est bien trop grande la clef de notre porte d’entrée .
- Je commence à comprendre quel est cet objet étrange, endormi dans un tiroir de ta maison, Mamie Rose. De plus, j’ai trouvé un autre crochet, celui d’un autre clavié. Les initiales inconnues restent une énigme à élucider.
Intéressant décryptage d'un objet "symbole"
RépondreSupprimerMerci pour cet article qui me permet de comprendre enfin quel est ce clavier que je trouve systématiquement dans les contrats de mariage de mes ancêtres gardois au XVIIIe siècle
RépondreSupprimerJe suis contente de partager cette découverte, il a fallu tant d'années pour que je rende sa valeur (symbolique) à ce petit crochet cassé au fond d'un tiroir. J'aimerais, comme vous, le trouver sur un contrat de mariage.
Supprimers'écrit aussi clavier. Définition donnée sur le site du CRTL " Cercle ou chaîne de métal, servant à réunir plusieurs clefs." (Trésor de la Langue Française informatisé (version simplifiée)
RépondreSupprimerLe verbe claver veut dire 'fermer à clé'
Alphonse Daudet en parle dans "Le Nabat" "Aussitôt la voilà courant à grandes enjambées son large clavier d'argent à la ceinture où tintaient toutes ses clés..."
(à lire p. 155 sur Google books)
J'ignorais le terme si je connaissais la pratique. Merci Briqueloup pour ce 'k' :-)
Il y a plusieurs manières de nommer cet objet. J’ai adopté l’orthographe du dictionnaire provençal : Tresor dou Felibrige (1878) de Frédéric Mistral que je cite dans cette historiette.
RépondreSupprimerhttp://www.lexilogos.com/provencal/felibrige.php?q=clavi%C3%A9