Mes
ancêtres ont participé à la rédaction de ce cahier de doléances dont j’ai pu acheter
un exemplaire chez un bouquiniste. Ce n’est pas un document très rare, mais c’est avec
émotion que je l’ai ouvert.
Délibération du Conseil général et
extraordinaire de la communauté du lieu de St-Julien-le-Montagnier, Viguerie de
Barjols _ 22 Mars 1789, plaq. in-8, 20p
Oh ils étaient en colère depuis
longtemps, les habitants de ce bourg qui souffraient des abus de la féodalité. Saint-Julien appartenait à la
seigneurie des Forbin d’Oppède qui leur ont rendu la vie bien difficile, le
bourg n’a jamais pu s’enrichir, il n’y a pas de belles maisons bourgeoises
comme l’on peut en admirer en Provence.
A lire
les délibérations communales, on se rend compte des charges qui accablaient le
peuple. Les Inventaires des archives
communales antérieures à 1790 ne sont pas consultables, mais les transcriptions
faites par F.Mireur, mises en ligne sur le site des AD 83[i]
apportent des informations importantes.
Il est question des droits
féodaux, des cadeaux offerts à la famille du seigneur à l’occasion de mariages, de déplacements, de levée de l’armée…
En 1673, la situation : "le seigneur est seigneur du lieu in totum, qu’il n’y a
aucun bien dans la communauté qui ne dépende de sa directe, la communauté ne
possédant qu’une mauvaise maison de ville et l’hôpital qui est sujet à ladite
directe et paye le cens audit seigneur."[ii]
En 1675, Jean Baptiste de
Forbin-Mainier marquis d’Oppède est accablé de dettes, il vend son fief ; cependant
il se réserve les fours, les moulins, la basse juridiction et le droit de lods.
La communauté de Saint-Julien réfléchit, consulte deux avocats puis accepte
l’offre pour 27000 écus et contracte un emprunt pour payer[iii].On
peut commencer à défricher les bois du Défends. S’ensuivent des demandes récurrentes
pour payer des dettes supplémentaires du marquis, des procès pour préciser les
droits pour lesquels il faut encore payer. En 1757, la vente est révoquée par
le petit-fils Forbin. Les villageois perdent leur procès, les frais des
tribunaux et doivent payer 85 ans d’arriéré de taxes. Et surtout ils manquent de considération.
Lorsque la Révolution éclate, les
hommes démolissent le château qui n’était ni grand, ni habité, mais un symbole
du pouvoir détesté.
Il est étonnant de constater que
les familles de Saint-Julien ont, jusqu’à une époque très récente, complètement oublié
ce château. Il reste quelques pierres, la voûte d’une salle dont on ne connait
même pas l’usage.
Le discours
de Pellas maire-consul commence ainsi :
P.S. Sur http://gallica.bnf.fr/ on peut trouver plusieurs cahiers de doléances.
cahier de doléances de St-Julien |
Le dimanche 22 mars 1789 après-midi, « Le conseil général et extraordinaire de la communauté de ce lieu s’est assemblé à son de cloche & cris publics, à la manière accoutumée, dans la salle de la maison commune. »
Dans le récapitulatif des impôts et des charges,
il apparaît
que la Communauté paye :
- Au seigneur, une pension féodale, des droits de fournage, de moulin, etc.
- Au clergé, la dîme et la prébende.
« tandis que les deux
premiers ordres prennent sur les possessions de la nation cinq fois plus que le
souverain, auquel seul nous devrions
payer des impôts … »
Par chance, ce document donne les noms et prénoms des hommes, précisant leur profession.
Voici ceux qui sont liés à
l’arbre de notre famille :
Sr François Aymar, négociant
(sosa 350) ; Sr Pierre Philibert, négociant (sosa 174) ; autre Sr
Pierre Philibert (demi-frère de sosa 174), aussi négociant ; Jean François Audibert (sosa 86) aubergiste ;
Paul Davin, maréchal à forge
(cousin de sosa 174) ; Jean Joseph Gazagne (cousin de sosa 174) maçon ;
Antoine Gasagne (père) maçon ; Joseph Berne (beau-père de la fille de sosa
86) maître chirurgien.
[i] AD83, cote 2MI216R1
[ii] AD 83, cote 2MI216R1 p.34/423
[iii] AD 83, cote 2MI216R1 p.36/423
P.S. Sur http://gallica.bnf.fr/ on peut trouver plusieurs cahiers de doléances.
Une source méconnue du généalogiste, et pourtant intéressante pour qui s'intéresse à leur environnement de vie.
RépondreSupprimerMerci de nous l'avoir faite découvrir !
C'est une source bien intéressante. Il faudra que je vérifie lors de mon prochain voyage aux AD si en Isère de tels documents sont conservés.
RépondreSupprimerCertains départements ont mis en ligne des cahiers de doléance, c'est toujours une lecture instructive
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