Je pensais bien qu'écrire un article sur les trousseaux serait
l’occasion de me pencher sur la transcription des contrats de mariage que j’ai
photographiés. Ces contrats sont tous établis sur le même modèle, les
notaires emploient des formules habituelles.
Sous l’ancien Régime, la dot des filles, c’est une somme
d’argent remise au futur époux et un trousseau constitué de hardes, linges, etc.
Ce trousseau appartient en propre à le jeune femme. Il est évalué par les amis, témoins du mariage, et
sa valeur est déduite de la dot.
1693_ Mathieu Pellas et Thérèse Vassal |
En 1693, à l'occasion du mariage de Mathieu Pellas (sosa 702) , les parents de Thérèse Vassal donnent "Pour elle audit Pellas, son son futeur espoux acceptant, la somme de trois cens livres Comprins ses hardes"
« soixante dix huit livres au prix des hardes de ladite future espouse suivant l’extimation qu’il en a esté faite par deux de leurs amis comungs »
On souhaiterait plus de détails !
Au XIXe siècle, chez un notaire de Barjols (AD 83 série 3E/56)
j’ai lu le contrat passé en 1851, entre Polyeucte P. et Joséphine, une fille de Marcel Fave.
« Cette
dot consiste : En un
trousseau de hardes et de linge-de corps destiné à l’usage de la future épouse,
de valeur de 500 francs, d’après l’estimation qu’en ont fait faire les deux
familles sans qu’il en résulte vente au futur
époux, lequel reconnaît que ce trousseau lui a été remis peu avant ces
présentes et qu’il le tient par conséquent en sa possession. Les contractants ont dispensé le notaire de
faire l’énumération des articles dont se compose ledit trousseau. »
C’est bien regrettable qu’il n’y
ait pas de liste exhaustive du contenu du trousseau, dans ces contrats
provençaux.
Le trousseau comprend du linge personnel et du linge de
maison. Depuis son plus jeune âge, la jeune fille et sa mère travaillent à
confectionner : coudre, broder, selon l’époque filer et tisser.
L comme Éléonore, je suppose
|
La plupart du temps, le ménage n’use pas tous les draps, les
nappes et serviettes de table, les serviettes de toilette, les torchons de
cuisine, les mouchoirs …
Le linge se transmet aux générations suivantes. Les
broderies des initiales permettent de tracer les généalogies du contenu des
armoires.
Pour ne pas perdre la mémoire de ces monogrammes, je mets
des étiquettes dans les armoires, je prends des photos et les range dans mes
archives pour les relier aux arbres généalogiques.
Et vous, comment gérez-vous les armoires de famille ?
Bibliographie :
Les régimes matrimoniaux en Provence à la fin de l'ancien régime : contribution à l'étude du droit et de la pratique notariale en pays de droit écrit.
Jean-Philippe Agresti, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2009.
Merci pour cet article et la référence bibliographique. Pour ma part c'est très variable dans les contrats de mariage, parfois très évasif parfois plus détaillé comme les brebis nourricières de de Madeleine. Il va falloir moi aussi que je replonge dans ensemble des photos de contrat ou testament très mal exploité à l'époque . En fait seule la filiation été relevée
RépondreSupprimerLa tradition dans les Terres Froides si j'en crois les contrats que j'ai pu lire (XVII-XVIIIe) était que les jeunes filles à marier reçoivent du linge et un coffre en bois fermant à clé pour le ranger.
RépondreSupprimerElles devaient être fières ces jeunes filles de recevoir ce coffre où elle rangeaient le linge de leur trousseau. As-tu vu de tels coffres de cette époque ?
RépondreSupprimerBravo pour la photo de l'initiale, c'est une belle trace à conserver. Mais quel est le rapport entre le L et le prénom Éléonore ?
RépondreSupprimerLe linge à l'époque était solide : je me sers encore de nappes de mon arrière-grand-mère. Hélas mes petites-filles ne pourront en faire autant des nappes que j'ai pu acheter !
Et j'ai encore un drap en chanvre ou en lin (?) qui devait être usé au milieu et dont les deux bords extérieurs ont été soigneusement et solidement cousus pour refaire du presque neuf.
Personnellement j'ai fait une photo de chaque nouvelle initiale trouvé sur le linge de maison (serviettes table, toilette, nappes, drap) mais j'ai presque toujours une double initiale : celle du nom du mari suivie de celle de l'épouse. Quelques exceptions : un drap d'enfant avec l'initiale de son prénom et sur des objets (tasse, sac...)
J'ai les mêmes vieux draps en lin que j'utilise.
RépondreSupprimerJ'adore les monogrammes, c'est un indice à déchiffrer. J'ai hésité longtemps avant d'attribuer le L à éLéonore. Mais je n'ai aucune certitude.
Voyageant en Slovaquie, j'avais rencontré une femme qui m'a demandé de lui envoyer des fils de coton DMC. Elle s'appelait Héléna et brodait Lena.
Excellente idée que d'approfondir les monogrammes sur les draps,les serviettes/torchons et autres linges.. De mon coté j'essaye depuis qq années de tous les déchiffrer et j'y arrive à peu près.
RépondreSupprimerLes broderies sur les draps et nappes de famille sont aussi très intéressantes ainsi que parfois les dimensions de celles-ci : j'arrive, de mémoire, à une longueur de 4,60m pour l'une et je n'ai pas d’aïeuls châtelains mais plutôt cultivateurs et artisans du Centre de la France!
En effet, nous avons la moitié d'une immense nappe (quel dommage d'avoir séparé les initiales !).
RépondreSupprimerPeut-être, pouvait elle être utilisée posée sur une planche avec des tréteaux, pour un grand repas de noces ou des réunions familiales.