F.D |
- Allez, Thérèse, tu
m’avais promis de raconter vos noces, je t’écoute :
- Un beau mariage,
pour sûr ! Ce jour du lundi 8 février 1869; nous avons évité le 9 car "lou noù porto lou doù", le neuf porte le deuil. Et le deuil on veut l’oublier avec ces noces.
- Dans ta grande maison, toute la famille est
réunie, l’oustalarié es pleno…
Comme aux beaux jours de l’auberge, on va
recevoir beaucoup de monde, mes cousins viennent de Rians, le beau-frère de
Joseph, Polyeucte Payan est tanneur à Barjols, Henri Napoléon Paret et sa femme
viennent de Peyrolles. Les oncles, les tantes, les cousins, tous mettent la
main à la pâte.
Les femmes préparent des tapenades, des
anchoïades, et des petits farcis, elles font mijoter des daubes de lapins,
elles garnissent les tians de légumes, elles ajoutent truffes, farigoule, pebre
d’aï …
Pierre Angelvin, le beau-frère boulanger,
nous offre son meilleur pain, des fougasses, des pompes à huile.
Le cousin de la Roquebrussanne, Etienne
Héraud (celui qui travaille à Brignoles) est confiseur. Joseph lui a demandé
d’être son témoin, il va mettre son honneur à nous apporter les desserts qui
sont sa spécialité : nougatine, amandes et caramel, fruits confits,
raisins secs, calissons, craquants aux amandes.
- D’habitude, les filles se marient dans
l’église de leur pays. Pourquoi la noce n’est elle pas célébrée à
Aureille ?
- Je vais t’expliquer, ma petite. Nous fêtons
un double mariage, car mon oncle paternel, Laurent Davin, épouse ce jour-là
Claire Fave, la petite sœur de Désirée.
- Qui est Désirée ?
- La première femme de mon oncle Laurent était "Désirée"
Louise Claire Fave. C’est la sœur de Joseph, mon futur, époux, celle qui est
née deux ans après lui. Elle est morte à 27 ans, l’accouchement s’est mal
passé, la mère et l’enfant sont morts. Dix ans après ce premier mariage,
Laurent se marie de nouveau à l’église de Saint-Julien, avec la jeune sœur de
Désirée, Claire « Louise » qui a enfin accepté de l’épouser.
- Et Joseph, ton futur époux, dis-moi qui est
Joseph Fave ?
- Joseph, il a 39
ans, je trouvais qu’il était bien vieux pour moi qui en ai 25, mais je me suis
habituée à cette idée. D’ailleurs, cela aurait été difficile de refuser, nos
familles ont tout arrangé. Hier, nous avons signé nos contrats de mariage par-devant Maître Jauffret, notaire à St Julien. Comment cela, tu ne les as pas
encore trouvés aux archives de Draguignan ? Pense à les photographier la
prochaine fois.
- Comment se déroule la cérémonie ?
- Nous signons le registre civil à 10 h du
matin.
- Mon père n’est pas là pour me conduire à l’église, il est mort deux ans trop tôt. Mais Marie Colline Jussian, ma maman vient d’Aureille pour donner son consentement.
Dorénavant, cette belle église de Saint-Julien-le-Montagnier sera la mienne.
Qui n'aimerait pas discuter de cette façon avec ses ancêtres ? Nous apprendrions tellement de choses.
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