Ce Rendez-vous Ancestral (#RDVAncestral) arrive à la suite de mes deux précédents billets sur Claude Sauvade.
Puisqu'elle réside près de chez nous, je
propose d'aller voir son épouse, Antoinette P. J’aimerais tant pouvoir remonter dans l'arbre de celle-ci, mais
cette branche reste encore mystérieuse.
Lorsque je passe par la montée du
Chemin Neuf, je lève les yeux sur la façade de cet immeuble, en me
demandant laquelle est la fenêtre de sa chambre. Il faudrait un jour que je
m’arrête pour lui faire une visite.
Montée du Chemin Neuf, n°2 |
Nous sommes en 1873 à Lyon, puisque je
sais qu’elle va mourir avant la fin de l’année, je dois rencontrer Antoinette Poutrain.
Je frappe au n° 2, la porte est
ornée d’une belle croix en fer forgé. Une religieuse m’introduit dans la
chambre d’Antoinette, elle ne sait pas me dire si leur pensionnaire est âgée de
80 ou 84 ans (ce qui ne va pas m’aider à retrouver sa date de naissance).
Antoinette Poutrain |
Notre arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère
paraît heureuse d’avoir de la visite. Clotilde, sa fille, est trop occupée pour
venir tous les jours. Je lui
montre l’album de photos pour qu'elle me décrive chacun de ses petits enfants : l’aîné
Antoine est un jeune homme de dix-sept ans, Joséphine a quinze ans, Augustin treize ans,
Jeanne onze ans, la plus jeune Fanny a cinq ans.
Cette énumération la fatigue, (ce n'était peut-être pas une bonne idée d'apporter cet album), elle demeure en silence, plongée dans ses pensées, puis elle me dit :
Cette énumération la fatigue, (ce n'était peut-être pas une bonne idée d'apporter cet album), elle demeure en silence, plongée dans ses pensées, puis elle me dit :
- Notre fille unique est venue habiter Lyon, elle a maintenant une grande famille notre Clotilde.
Elle ajoute qu’elle aimerait
aller à Mons ou à Montbrison, pour voir sa sœur.
Je ne comprends pas très bien, alors
je lui fais répéter Mons ou Montbrison ? Une sœur ou deux sœurs ?
Narcisse Sophie et Sidonie Joseph ? Une sœur ou une sœur religieuse ? (Je pose trop de questions, je le sais,
mais si je pouvais ajouter des informations sur sa famille …)
- Narcisse, ma sœur a 80 ans, elle
habite à Montbrison, rue de la Madeleine.
J'insiste : Est-elle votre sœur, cette Sidonie, fille
de Pierre Joseph Poutrain, décédée le 17/10/1864 dans le couvent des sœurs
noires, à Mons, Hainaut ?
- Ma
mère s’appelle Thérèse Angélique Jacque….
(Le doute est là, concernant la mère de Sidonie, faut-il entendre Jacquemart ou Jacquet ?)
Je ne sais si la vieille dame est
sourde ou amnésique mais la conversation s’avère laborieuse.
Nous restons en silence.
Elle aimerait que je lui lise des
livres. Une légende familiale raconte qu’Antoinette (ou bien sa mère) était
lectrice de la reine. De la reine ! … quelle reine ? Antoinette est née à
Mons, en Belgique entre 1789 et 1793.
Je n’ai pas réussi à trouver de
traces pour étayer cette histoire que j’aimerais étoffer.
A propos d’étoffe, chère Antoinette
est-il vrai que vous étiez couturière ?
- J’étais faiseuse de modes à Montbrison, avant mon mariage.
Ses parents étaient déjà décédés et je ne sais rien de plus que leur nom. Antoinette m'en dira-t-elle davantage?
Le parcours se dessine. En 1828, Antoinette
avait trente huit ans lorsqu’elle a épousé Claude Sauvade qui en avait dix de plus. Le
fameux Claude dont j’ai réussi à trouver les vrais parents, grâce à la
publication de leurs bans à Montbrison.
-Je n’ai pas vu votre acte de
mariage, lui dis-je.
Antoinette sait que les archives de Paris ont brûlé il y a deux ans, en 1871. Je lui demande pourquoi elle ne s’est pas mariée à Montbrison. Elle m’explique que Claude résidait à Paris, 33 rue du Colombier. (Et moi qui le cherchais à Saint-Etienne.) Que faisait-il à Paris ?
Antoinette sait que les archives de Paris ont brûlé il y a deux ans, en 1871. Je lui demande pourquoi elle ne s’est pas mariée à Montbrison. Elle m’explique que Claude résidait à Paris, 33 rue du Colombier. (Et moi qui le cherchais à Saint-Etienne.) Que faisait-il à Paris ?
- Claude était employé au ministère
des finances à cette époque-là. Nous avons ensuite habité à Saint-Etienne, rue
de la Loire. C’est là qu’est née Clotilde en 1833.
Antoinette est veuve depuis une
quinzaine d’années. Claude est décédé dans leur maison de Crémerieux en 1858.
Elle me demande si je vais aller à
Mons. Effectivement j’aimerais connaître sa ville et l’histoire de sa famille.
Elle voudrait m’aider … mais elle reste silencieuse un long moment.
Antoinette souhaite encore que je
lui fasse de la lecture. Je prends un livre et je lis lentement :
«On n’est
On n’est pas
On n’est pas là
On n’est pas là pour
Je vois qu’elle
écoute, je continue à lire …
« Pour restituer le cheminement d’une existence, il faut tenir
compte des aléas, des brisures, des défaillances qui la composent, ruptures,
défaillances, brisures qui ne sont pas forcément lisibles sur les biographies
officielles. L’existence est en effet trouée et inégale » [1]
La vieille dame paraît absente, je
comprends que je dois respecter son silence et prendre congé.
Sur le pas de la porte, elle me demande si je pourrais un jour revenir pour lui faire la lecture.
Sur le pas de la porte, elle me demande si je pourrais un jour revenir pour lui faire la lecture.
Voici les autres billets de cette série concernant la famille de son époux Claude Sauvade
➢La maison où est né Claude Sauvade : le
moulin de Richard
➢L'oncle de Claude Sauvade : Jacques
Sauvade
http://briqueloup.blogspot.fr/2017/04/je-ne-suis-pas-votre-ancetre.html
➢Les sœurs de Claude Sauvade,
leurs mariages
http://briqueloup.blogspot.fr/2017/05/les-deux-surs-de-claude-sauvade.html
➣L'oncle de Claude Sauvade : Benoist
Sauvade au destin tragique
http://briqueloup.blogspot.fr/2017/06/s-le-sang-de-labbe-sauvade.html
➣Sa fille : autour de Clotilde
➣Un cousin éloigné ; Jean François
Gaultier de Biauzat
http://briqueloup.blogspot.fr/2017/06/hun-honnete-homme.html
[1] Olivia
Rosenthal, on n’est pas là pour disparaître, Gallimard, 2007, 216 p.
Quellle chance d'avoir des photos qui viennent de si loin dans le passé ... et la légende familiale avec. :)
RépondreSupprimerUn très beau RDV Ancestral ! A te lire j'ai eu l'impression d'être présente ... belle réussite :)
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerQuelle merveilleuse rencontre et comme j'aimerai savoir raconter ainsi.
Merci
La photo d’Antoinette je l’ai numérisée, elle est dans un album (qui ne m’appartient pas) où les noms ne sont pas inscrits.
RépondreSupprimerMais comme je mène l’enquête depuis longtemps, les indices me permettent de la situer ainsi que ses petits enfants. C’est dommage, ses descendants ne connaissent pas sa vie. Je viens de faire le compte, sur 7 générations, actuellement elle a plus de 200 descendants.
J’ai voulu lui rendre hommage ici.
Comme toujours par petites touches commencer à dénouer un fil de vie.
RépondreSupprimerMystérieuse Antoinette