Les mulets
Au rez-de-chaussée de l’auberge se trouve l’écurie ; là sous la poussière des siècles, demeurent des anneaux pour attacher les mulets, des fers, des clous qui prennent tout leur sens à mesure que
je découvre cette histoire des mulets et des muletiers.
L’usage est d’avoir cinq anneaux, car les mulets vont par cinq en caravane sur les chemins.
Ce jour-là (le 8/9/1710, il y a
308 ans), ils sont treize
mulets dont il faut s’occuper. En effet un curieux équipage est arrivé chez nous, comme il est raconté dans les premiers épisodes Les mulets du sel-1 et 2 .
Le jeune Joseph accompagne son
père, Joseph Audibert, l'aubergiste. Ils descendent l’escalier menant à l’écurie de notre maison.
L'hôte et son fils doivent nourrir
les mulets pendant que les hommes se restaurent à l’auberge. Ils ont parcouru plus
de 30 km par une longue route, en suivant le Verdon depuis Bauduen. Il faut vérifier
l’état de leurs fers et appeler le maréchal ferrant.
Au calme dans l'écurie, Joseph peut enfin poser les
questions à son père, pour mieux comprendre l’émoi suscité dans notre village
par la présence des gabelous et des deux hommes prisonniers.
Joseph a vu l’un d’eux donner la
bourse à sa mère, Françoise Gaillardon.
Son père lui explique que cette
bourse de 28 écus doit servir pour organiser la délivrance des contrebandiers. Lui-même
va rencontrer leurs compagnons de Gréoux et voir comment ils vont donner
l’assaut aux gabelous lorsqu’ils traverseront la forêt de Cadarache. Il demande
à son fils de n’en rien dire et lui confie la maison, avec la promesse d’obéir à
sa mère quoi qu’il arrive.
Le jeune garçon comprend qu’il
faut aussi protéger les mulets. Il sait que parmi les travailleurs qui arrivent
à économiser quelque argent, certains achètent un mulet pour les aider dans les
travaux des champs. Les pauvres les louent pour porter les charges dans le
village, ou transporter les productions locales depuis la haute-Provence, jusqu’à Aix et Marseille. Joseph,
le père explique que, l'année ayant été catastrophique, pour gagner de quoi survivre certains se laissent encore tenter pour prêter l’animal
à des contrebandiers ou des faux sauniers. Mais gare à ceux qui se font
prendre, les mulets seront confisqués.
Alors le mulet est perdu ? s’inquiète le jeune garçon.
Les pauvres sont toujours perdants, affirme son père, mais lorsque les mulets sont revendus, il y en a qui gagnent gros.
Alors le mulet est perdu ? s’inquiète le jeune garçon.
Les pauvres sont toujours perdants, affirme son père, mais lorsque les mulets sont revendus, il y en a qui gagnent gros.
Les faux sauniers, surveillés par les gardes dans la salle
de notre auberge, se trouvent dans une très mauvaise situation. Ils vont être
conduits aux prisons d’Aix et l’on ne donne pas cher de leur avenir.
Alors il faut vraiment les aider ! dit l’enfant à son père.
Joseph, l’aubergiste promet de s’y employer avec l’aide de leurs
compagnons de Gréoux et de ses voisins de Saint-Julien.
L'épisode 4 est à suivre dans le prochain #RDVAncestral
Les muletiers
Portant les charges dans le
village, ou transportant les productions locales jusqu’à Aix et Marseille,
« Cet animal, fort et
courageux, supporte une charge de 5 à 600 livres ; […] il peut demeurer
près d’un jour sans boire ni manger. […] On fait avec cette monture à peu près
une lieue de Provence par heure. Le conducteur le suit à pied : dès qu’il
est arrivé, il fait reposer ses mulets pendant environ quatre heures. »
cité par Eric Fabre in La vie rurale en Haute Provence, éditions AD 04, p. 624
Les lieues de Gascogne & de Provence contiennent 3000 toises. Soit, pour une toise de 1,949 m : 5,847 km
« Le muletier est le pivot
de l’activité commerciale de villages et bourgs de Haute-Provence »
explique Alain Collomp in« la maison du Père ». Certains muletiers
deviennent commerçants pour leur propre compte.
Toujours sur les mauvais chemins
et dormants dans les auberges, les muletiers sont bien connus de la population.
D’ailleurs, muletiers et aubergistes sont souvent liés, comme on le constate dans
la famille de Joseph Audibert. Ceci confirme la confiance que pouvaient avoir
en leur hôte les muletiers qui ont glissé la bourse à l’hôtesse (voir épisode
1)
L'épisode 4 est à suivre dans le prochain #RDVAncestral
merci : Joseph Piégay |
Pour lire les épisodes précédents :
Progression dans l'intrigue, et intéressante mise en exergue de l'importance des mulets dans la communauté villageoise. Que de belles photos.
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