1709-1710, le Grand Hiver.
Les années 1709 - 1710 ont été particulièrement
pénibles pour les pauvres gens.
Le Grand Hiver 1709 fut extrêmement rigoureux à partir du 6 janvier, la froidure détruisit les semences. Le gibier périt; les oliviers, les amandiers et les noyers gelèrent. Durant l’été suivant, les pluies firent pourrir les céréales. Les prix montèrent, la disette faisait mal au ventre des plus désavantagés. L’hiver 1710 fut également rude, maladies et pénuries alimentaires ruinèrent le pays.
Le Grand Hiver 1709 fut extrêmement rigoureux à partir du 6 janvier, la froidure détruisit les semences. Le gibier périt; les oliviers, les amandiers et les noyers gelèrent. Durant l’été suivant, les pluies firent pourrir les céréales. Les prix montèrent, la disette faisait mal au ventre des plus désavantagés. L’hiver 1710 fut également rude, maladies et pénuries alimentaires ruinèrent le pays.
Matin d'hiver à Saint-Julien (Var) |
Je ne sais pas ce qu’il en est dans
l’auberge de Saint-Julien, mais on dit qu’à Castellane « Le blé était si
rare qu’on ne recevait plus les étrangers dans les auberges, à moins qu’ils
n’apportassent eux-mêmes le pain dont ils avaient besoin » [1]
A Paris, le roi ne s’inquiète guère
des malheurs du peuple. Il est occupé avec la construction de Versailles et par
les guerres d’Autriche qui coûtent cher. Dans les campagnes, les gens sont
sollicités pour nourrir et loger les troupes qui traversent la Provence. Louis
XIV a besoin d’argent, la gabelle apparaît comme une taxe fort impopulaire.
Le sel
Le sel
Dans nos villages, on discute de
cet impôt injuste. Le sel est précieux, indispensable pour la cuisine,
pour la conservation des aliments. Il est précieux, mais pas rare, les
Provençaux le savent.
« Le
sel ? Il est assez facile à produire, plus que le blé ou l’huile. Il faut
de l’eau de mer, du soleil et du vent.» [2]
Les cultivateurs qui ont tant
peiné lors des récentes intempéries se rendent bien compte de l’injustice, d’autant
que les nobles y échappent. Les taxes ont augmenté, en 1710, jamais le sel n'a été aussi cher. La contrebande est bien tentante. Pourquoi payer
cet impôt alors qu’il suffirait d’aller acheter le sel aux producteurs du
littoral ?
Sous ce renard, d'autres ancêtres cachaient du sel |
Les faux sauniers
Beaucoup soutiennent ceux que
l’on appelle les faux sauniers. Dans notre village, plusieurs hommes vont
essayer de les aider à se sortir de ce mauvais pas puisqu’ils ont été arrêtés
par les gabelous, ces douaniers à la solde des fermiers du roi.
Nous les avons rencontrés dans notre auberge où ils ont fait halte lors du premier épisode des mulets du sel. Ce jour-là (le 8/9/1710), après
avoir servi les repas, notre hôte, Joseph Audibert, sort discrètement de chez lui pour
prévenir ses voisins et amis. Ils se concertent pour voir ce qu’ils peuvent
faire afin d’empêcher que les faux sauniers soient emprisonnés à Aix.
La famille Audibert en 1710
Mes ancêtres à la IX génération :
Mes ancêtres à la IX génération :
Joseph, le chef de famille est l'hôte qui
tient l’auberge, il a 53 ans.
En février, le 4, son épouse Françoise
Gaillardon accouche de jumelles, je ne sais pas si Anne survit, Honorate va
vivre quarante sept ans.
Françoise, alors âgée de 37 ans, a donné naissance à six enfants. Le petit François, précédant les jumelles, n’a vécu que sept mois. Marianne va sur ses sept ans. J'ignore ce qu'est devenu Jean Antoine, né en 1701.
Françoise, alors âgée de 37 ans, a donné naissance à six enfants. Le petit François, précédant les jumelles, n’a vécu que sept mois. Marianne va sur ses sept ans. J'ignore ce qu'est devenu Jean Antoine, né en 1701.
L’aîné, Joseph, a douze ans et demi, il sait déjà bien s’occuper des mulets qui
s’arrêtent à l’auberge, il dit qu’il sera muletier, mais il aura aussi d’autres
emplois. Ce n'est pas lui, comme on aurait pu le supposer, qui va reprendre l'auberge de ses parents.
Dans le
prochain épisode, Les mulets du sel _3
nous descendrons à l’écurie avec Joseph et son fils Joseph
pour voir les mulets.
Michele Vin-----Ah ce grand hyver 1709 ,tuant les plux exposés et moins vêtus :3000 galériens à Marseille ,mais les plus chaudement vêtus:au service funéraire de l'épouse de Pierre Cardin Lebret,intendant de Provence ,à AIX ,18 personnes succombèrent au froid,le froid et la mal nutrition ensuite laissant des races durables--- alors ton ancêtre Françoise Gaillardon était une "solide"et mérite bien une de tes belles histoires….
RépondreSupprimerLa suite de son histoire montre que Françoise assume avec courage les évènements. C'est sympa de mettre à l'honneur mon aïeule dans ce commentaire, Michèle.
RépondreSupprimerBelle manière de lier histoire, récit d'un ouvrage et vie de tes ancêtres !
RépondreSupprimerJe ne sais pas s'il y a des faux-sauniers dans mes aïeux, mais des gabelous oui !
Les gabelous n'étaient guère mieux lotis. Dans cette ils auraient pu s'arranger mais les événements ont mal tourné pour tous.
SupprimerQuelle plongée dans cet terrible hiver de 1709/1710 ! Étrangement, je n'ai rien trouvé dans les registres paroissiaux que j'ai pu dépouiller: pas plus de morts, pas de descriptions de l'état des récoltes par les prêtres... la Moselle était-elle plus préparée à ce grand froid ?
RépondreSupprimerDans cette thèse, publiée par les AD 04 :
RépondreSupprimerLa vie rurale en Haute Provence de la fin du XVII au milieu du XXe siècle, Eric Fabre, l’auteur, se pose justement cette question et il ne confirme pas de lien attendu entre les décès ou la démographie au cours de cet hiver qui fut catastrophique en Provence, comme ailleurs.