2020-08-28

Aucun acte !

Joseph Marcel Fave (sosa 84) n’est pas un inconnu. 

Mais au bout de treize ans de recherches, je n’ai trouvé ni son acte de naissance, ni son acte de mariage, ni son acte de décès, ni son testament.


Je pense à lui et à ses aïeux lorsque nous allons à Barjols. Il était cordonnier en 1796. Barjols est une cité célèbre pour ses fontaines, l’eau a permis de faire fonctionner des tanneries. Marcel, portant le prénom préféré dans ce bourg et travaillant le cuir, apparaît comme l'ancêtre typique de ce lieu.

Barjols, Var

1820

Son nom m’a été révélé lors du mariage de son fils Joseph Marcel, « fils majeur de feu sieur Joseph Marcel Fave ». Il est donc mort avant le 24 avril 1820.

Le maire de Saint-Julien a bien reçu ce jour-là les extraits des actes de décès de « feu Sieur Joseph Marcel Fave et feuë Demoiselle Magdeleine Bagarry, père et mère de l’époux ». 

1804

Magdeleine, sa jeune épouse, est morte le 15 juin 1804, elle a eu le temps de déposer son testament un mois auparavant. Sa petite Marie Magdeleine Joséphine l’avait précédée dans la tombe en 1802. Joseph Marcel est alors resté veuf avec leurs trois jeunes enfants ; son fils aîné avait huit ans, Virginie six ans et Marie Anne quatre ans. Il devait être bien amoureux de sa femme pour donner son prénom à leurs trois filles.

Anne Simon, la mère de Magdeleine, que l’on sait très présente, a dû s’occuper de ses petits-enfants puisqu’il ne s’est pas remarié.

J’ai donc cherché le décès de Joseph Marcel entre 1804 et 1820. N’ayant pas pensé à me simplifier cette enquête et j’ai regardé les tables contenues à la fin de chaque année dans les gros registres des actes en ligne.

Je n’ai rien trouvé ! Enfin si, j’ai pu rectifier une grosse confusion concernant Anne Simon (dont je vous parlerai prochainement) et ajouter quelques personnes sur Barjols.

Il aurait été indispensable de voir leur acte de mariage pour remonter cette branche de nos ancêtres.

Rien, aucun acte … malgré des recherches renouvelées chaque été !

fontaine à Barjols
Fontaine à Barjols

29 prairial de l’an 03

Cette année, je retourne à Barjols. Puisque l’on trouve en ligne le contrôle des actes et enregistrement, j’ouvre les tables des contrats de mariage, c’est une piste que j’aurais dû consulter plus tôt. En effet, nos mariés ont bien établi un contrat avant leur union, le 29 prairial de l’an 03. Nous sommes en période révolutionnaire, tout en espérant que la recherche soit rapide, j’ai hâte de lire l’acte.

Hélas, le registre de l‘an 3 est justement le seul qui manque ! Toutefois, les références du notaire qui n’est pas maître Poitevin, mais Anicet Poitavin, vont me permettre de tourner les pages de ce contrat, il ne reste qu’à programmer un voyage aux Archives de Draguignan. J’ai trop envie de connaître le nom de mes ancêtres Fave.

Et si je consultais les tables des décès successives entre 1804 et 1820 ? Je ne suis pas sûre qu’il soit enregistré à Barjols puisque mes recherches  stagnent comme l'eau des lavoirs, mais essayons encore…


Une surprise de taille nous attend ! J’aurais pu supposer son décès dans une ville voisine, mais loin d'imaginer ce qui va suivre :

AD 83, Barjols, BMS, 1821

Lisons cette transcription, où l’on découvre avec un profond étonnement que notre ancêtre est mort 
le 3 janvier 1818
à Basse-Terre en Guadeloupeà l’âge de cinquante cinq ans, venu d’Europe depuis huit mois environ. 

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Cette enquête continue, voici l’acte de décès original de Marcel Fave, enregistré le 3 janvier 1818 à Basse-Terre, en Guadeloupe. Il m’a été communiqué par Pascalina (qui tient le blog lejourdavant.net ) et je l’en remercie.



On apprend que ses amis ne connaissaient que son second prénom « Marcel ». Cette information le rend plus proche de son fils que l’on appelait aussi Marcel.

On note une confusion sur son nom qui est Fave (et non Favre).

Il est décédé au domicile de Jacques Raibaud, marchand boulanger, rue du Domaine à Basse-Terre.

Habitait-il chez un ami ? Il semble qu'ils aient des points communs.

Le patronyme Raibaud est provençal, je n’en ai pas rencontré à Barjols, mais dans la région de Draguignan. S’ils sont partis ensemble, on peut supposer que les deux hommes s’étaient connus dans le Var, ou peut-être dans le port où Marcel a embarqué pour la Guadeloupe.

Raibaud est marchand boulanger : Boulanger est un métier bien représenté dans la famille de Marcel. Son fils, mon ancêtre est boulanger ; Lazare Simon, le père d’Anne Simon sa belle-mère, était aussi boulanger.

Le second témoin Jean Hilaire Noyey apparaît comme déclarant dans les actes suivants, il n’avait peut-être pas réellement de lien privilégié avec lui.

La question de savoir pourquoi il se trouvait en Guadeloupe demeure. Connaissait-il Jacques Raibaud pour s’embarquer avec lui ? Avait-il des relations qui lui auraient donné son adresse pour le rejoindre là-bas ?

Âgé de 55 ans, il a pu décider en traversant l’océan de tourner la page et de changer de vie provisoirement ou définitivement ; nous ne connaissons pas ses intentions, car il n’a pas établi de testament. Il a quitté sa maison qu’il a laissée à ses enfants, avec un peu d'argent.

Anne Marie Magdeleine a donné ses deux prénoms à son fils, signe qu’elle n’était pas fâchée du départ de son père.

Il communiquait avec sa famille, car en 1820, ils savaient déjà où leur père était décédé, avant que la mairie reçoive la transcription en 1821.

Je suppose que Marcel est parti dans l’île de la Guadeloupe pour voir le monde. Beaucoup de mes ancêtres ont voyagé, mais je ne m’attendais pas à une aussi lointaine destination de la part d’un tranquille Barjolais !


11 commentaires:

  1. ça alors ! Mais qu'est-il allé faire là-bas ?

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  2. C'est en effet une conclusion inattendue ! Il serait intéressant de comprendre comment il s'est retrouvé là-bas !

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  3. Comme les deux autres personnes , pourquoi est il arrivé a basse terre !

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  4. En effet inattendu ! Surtout partir à cet âge c'est surprenant. Avec de la famille ?

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  5. Meeci pour la citation :) ca donne envie d'en savoir plus en tout. Il netait en Guadeloupe que depuis 8 mois, il devait bien avoir une bonne raison de s'y rendre...

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  6. Quelle enquête et quelle surprise ! La généalogie nous offre quelques fois de belles trouvailles ! Bravo pour ces recherches et bravo Pascalina ;)

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  7. C'est passionnant. La Guadeloupe venait d'être rendue -enfin depuis 1816 je crois et après bien des vicissitudes, à la France qui a commencé à sérieusement investir (travaux en tout genre, organisation de la poste etc.) et à développer les cultures.
    Alors, il y a du y avoir besoin d'artisans... ne faudrait-il pas chercher de ce côté ?

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  8. Merci de vous intéresser à Marcel ! Les renseignements que Catherine donne sont intéressants. J'étais étonnée qu'il ne soit pas fait mention de son métier de cordonnier, ni de celui de maçon qu'il aurait pu exercer à Basse-Terre.

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  9. Du suspense, de l'exotisme, de l'entraide : tout ce qu'on aime en généalogie ! Bravo Marie (et Pascalina ;=))

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  10. Impressionnant et surprenant ! La morale ? Ne jamais abandonner un ancêtre ! :)

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