Je vous ai emmenés au bord du Verdon à
Quinson, à Esparron-de-Verdon. À l’occasion du généathème « au bord de l’eau »,
je relis ces articles et je vois que je vous ai promis celui-ci.
Je cherche dans mes projets de billets
en cours d’écriture, ne trouvant pas cette histoire tragique qui m’avait
interpellée. Le moment est venu de la raconter.
Vive les challenges qui nous incitent
à écrire !
Je vous propose d’aller rendre visite
à la famille Gaide, en mai 1781.
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Esparron-de-Verdon, 04 CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons |
Ils vivent à Esparron-de-Verdon.
Ils
ne pourraient pas me croire si je leur disais qu’aujourd’hui s’étale un lac qui
fait miroiter sur sa surface les mille nuances vertes de leur rivière. Le
Verdon que le barrage contient merveilleusement se révélait plus sauvage et coulait
autrefois dans son lit profond. Mais, si l'on observe la vue aérienne, il est facile d'imaginer que le Verdon est devenu un dragon ! A présent, l’endroit magnifique attire dans leur village de
nombreux touristes, certains ont construit des villas cossues sur les pentes
abruptes baignées par la rive droite. Des bateaux électriques mouillent dans un
petit port. Sur la rive gauche, on est dans le département du Var, précisément
sur le territoire de notre commune de Saint-Julien.
En 1781
Paul Gaide (sosa 842 à la
génération X) a alors 58 ans. Une trentaine d’années auparavant, il est allé à
Quinson, il a épousé Chrétienne Terrasson, qui préfère le prénom plus moderne de
Christine.
Le couple a eu sept enfants dont les
prénoms ont été choisis parmi ceux de la famille, ce qui témoigne de la
proximité entre les deux villages où résidaient les grands-parents paternels et
maternels.
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SchiDD, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons |
Aujourd’hui, depuis Quinson, on peut descendre
en canoë les Basses Gorges du Verdon qui offrent un parcours exceptionnel digne
d’être comparé aux célèbres Gorges du Verdon situées quelques kilomètres en
amont.
La route, ou les chemins passent plus haut à l’extrémité sud du plateau de Valensole.
Paul Gaide est connu comme
négociant. Il devait posséder des mulets qui transportaient les marchandises
d’un bourg à l’autre. Il pouvait compter sur son fils Joseph, négociant lui
aussi.
Joseph est un jeune homme de 26 ans.
Il a déjà fondé une famille avec Marie Anne Roux. Une petite Marie Christine
Catherine est née le 11 mai 1779, et hélas morte il y a huit mois. Sa femme a
accouché d’un fils, Joseph Paul, en février dernier, l’enfant va avoir trois
mois.
Christine, la femme de Paul connaît la douleur de perdre un enfant : Jean Paul est mort à deux ans, Théodore Euphroisine à huit mois, Magdeleine à quatre ans. On comprend que Christine paraisse toujours inquiète pour ses petits-enfants.
Chez Élisabeth, mon ancêtre (sosa 421),
on s’est réjoui de douze naissances. Âgée de 30 ans, Élisabeth n’a pourtant que
quatre ans de plus que son frère Joseph Paul.
Élisabeth a perdu sept enfants. Étant
l’épouse d’un boulanger, elle devait travailler avec son mari, elle ne pouvait
pas allaiter et s’occuper des nouveau-nés, peut-être étaient-ils placés en nourrice.
Les petits anges n’ont vécu que deux mois, deux jours, deux semaines, dix mois,
vingt et un mois.
Saint-Martin-de-Brômes se trouve à une
heure et demie de marche, ils n’habitent pas trop loin, on peut aller leur
rendre visite pour les aider.
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dronepicr, CC BY 2.0 via Wikimedia
Commons |
Que faisait Joseph au bord du Verdon,
le mercredi 2 juin 1781 ?
Il a été « trouvé sur le bord du Verdon, où il a eu le malheur de se noyer. »
Quel drame pour la famille ! Son père est dévasté, il perd son fils ; comment continuer à s’occuper du négoce ? Il doit pourtant aider sa belle-fille veuve à élever le petit, qui hélas mourra à trois ans.
L’année suivante, le 26 septembre 1782, c’est le cadet Joseph Paul que l’on enterre. Il était prêtre vicaire sur la paroisse d’Esparron. Il avait 26 ans. Outre l'officiant du lieu, deux de ses confrères se sont déplacés : le curé de Quinson et celui de Brauch, signe que messire Gayde était apprécié comme un homme important. Il devait faire la fierté de la famille.
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Dominique Dardenne, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons |
En 1813, leurs parents ne seront plus présents
dans l'église d'Esparron pour pleurer leurs deux filles.
Élisabeth est revenue habiter à Esparron, en sa maison rue de l’hôpital, c’est là qu’elle mourra le 1er août, seulement dix jours après sa petite sœur Marie-Christine.
Noyé dans le Verdon
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