2017-08-19

Une petite croix d’or et six mouchoirs …

« N’ai-je rien oublié : six mouchoirs, une petite croix d’or, six chemises… »

Magdalene Verdelette compte une fois encore ce qu’elle a couché sur son testament. Elle lève les yeux et m’accueille en disant :
« Ah ! te voilà, il me semble te connaître. C’est toi ma petite fille ? »

En effet, lors de mon précédent RDVAncestral en 1640, j’avais fait ta connaissance Magdalene. C’était le jour de ton mariage. Nous avions eu la surprise de  rencontrer nos aïeux à la XIIe génération dans la cathédrale d’Aix-en-Provence.
« J’étais bien jeune alors, mais maintenant je pense à ma vie qui va se terminer. »

A Saint-Julien, en avril

Nous sommes le 22 avril 1688 après-midi.
Aujourd'hui le notaire, Claude Dessene, est allé dans sa maison à Saint-Julien pour la rédaction de son testament.


La vieille dame, âgée de 72 ans, ne m’a pas paru très malade, même si le notaire me dit qu’elle est « atteinte de maladie corporelle ».
Je vous rassure tout de suite, elle n’est décédée que trois ans plus tard, le 2 mars 1691.
A vrai dire je l’ai plutôt trouvée en bonne forme, Magdalene Verdelette se présente toujours verte comme une jolie tige, pas bien grosse et même maigrelette, 
«ayant neanmoins son bon sens, ferme parole, bonne veüe et connaissance ».
Elle paraît contente de ma visite, car elle veut me montrer du linge auquel elle tient. 


Son souci est de répartir le contenu de son coffre entre ses filles.
Je crois que Jeanne qui a 28 ans est sa préférée, c’est la première dont elle me parle. Elle me montre sa croix d’or qu’elle lui donne « et encore cinq sols outre et par-dessus ce qu’elle luy peut avoir donné en son contrat de mariage » il y a cinq ans.

« plus lègue à Thérèse Aymar son autre fille la somme de trente livres. »
Thérèse âgée de 35 ans est mère de cinq enfants, elle attend le sixième.

Magdalene ouvre son coffre à linge et déplie le coutillon, une jolie jupe en piqué, la pounche qui est une pointe, et un tablier en lisat, en m’expliquant que c’est du tissu de coton plus fort que le calicot. Voici ce qu’elle donne à Thérèse : « plus deux chemises, quatre mouchoirs et un tablier de lisat, un coutillon et une pounche aussi lisat »

Magdalene espère que « quoy que leser Jeanne et Thérèse Aymar ses filles soient contentes sans pouvoir rien pretendre davantage sur son bien et heritage »

Bien sûr, grand-mère ! c’est surtout l’intention qui compte : avoir une petite croix d’or ou un joli mouchoir de leur maman, cela leur portera bonheur.

Le prix de la croix est d’environ six livres, je le sais car le mari de Jeanne en a accusé réception pour sa femme, des hoirs de Verdelette (registre 3E 430) en 1691.

Et pour Anne qu’as-tu prévu ?
« plus legue à Anne Aymar son autre fille une chemise, deux mouchoirs et cinq sols »

Et vos fils ? Ne les oubliez pas chère grand-mère !
« plus legue à Claude Aymar son fils cinq sols »
Mais, il est vrai qu’il y a eu beaucoup de transactions passées entre Magdalene et Claude son fils aîné qui lui verse une pension annuellement.
Jean Aymar le plus jeune fils sera son héritier universel.


Magdalene paraît contente d’avoir pu me montrer ce qu’elle réserve à ses enfants. Voilà une maman prévoyante. Ce soir elle se sent en pleine forme, apaisée d’avoir pris ses dispositions. Elle va profiter des jours qui viennent.


Famille Aymar au XVIIe siècle :






4 commentaires:

  1. Bonne idée que ce mode intimiste pour traiter d'un sujet sérieux, proximité certaine et tendresse entre Magdalene et sa lointaine petite-fille.

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  2. A force de fréquenter nos ancêtres je peux m'autoriser à être intime, en raccourci Magdalene est ma grand-mère que je chéris.

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  3. Quel moment important d'une vie, lorsque l'on s'assoit et que l'on fait les comptes, que l'on regarde en arrière ce qui a été accompli et vers le futur, à qui nous allons léguer ceci ou cela. Et quelle humilité de le faire, car c'est se rendre compte que l'on en a (presque) fini.

    En tout cas tu disposes de sacrés documents, que tu sais mettre en scène. Bravo, et merci.

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    1. Merci Clément pour cette réflexion.
      C’est vrai qu’on peut faire son testament à tout âge, mais on n’y pense pas ou alors seulement un petit peu et on croit qu’on a la vie devant soi... Nos ancêtres avaient une bonne idée d’aller chez le notaire et de nous léguer ces trésors sur papier.

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