2018-02-17

Les archives d’André


J’ai déposé une petite carte de visite chez Marie, car il y a longtemps que je travaille sur sa correspondance et j’ai besoin d’en parler avec elle, à l'occasion de ce #RDVAncestral.

Chère Marie
Ce petit mot pour vous demander si je pouvais vous rendre une petite visite pour parler de vos archives.
Puis-je vous rencontrer le samedi 17 février puisque c’est le jour du #RDVAncestral ?
Bien à vous,

Chez Marie et André

C’est Agathe qui ouvre lorsque je sonne à la porte de l’appartement, elle dit que Marie m’attend.
La maîtresse de maison pose le journal qu’elle lisait, les nouvelles sont inquiétantes :
« Le journal ce matin parle d’attaques allemandes à Nowevy. Je pense que ces combats doivent être bien à côté d‘André et de son ambulance et qu’ils vont leur donner bien de la besogne. Quelle canonnade il doit entendre. »

Une théière et deux tasses de porcelaine posées sur une table m’apparaissent de bon augure, Marie semble contente de m’accueillir.
Je suis heureuse de ce nouveau rendez-vous chez Marie, il me semble retrouver davantage qu'une cousine, une amie dont je connais l’intimité. Marie sait me mettre à l’aise et la conversation s'installe tout de suite en confiance. Après avoir demandé des nouvelles de la famille, j’aborde le sujet des archives.

Chère Marie, je suis ravie que votre petit-fils m’ait confié les boîtes contenant vos lettres, vos journaux intimes et des albums de photos de différentes périodes. Je suis venue aujourd'hui pour vous demander de bien vouloir nous pardonner ces incursions dans votre vie privée.


Avez déjà pu ouvrir les boîtes qui contiennent la correspondance conservée dans la maison de votre belle-mère ? Ces documents sont extrêmement importants pour mieux vous connaître tous ! Ils me donnent des nouvelles de nos ancêtres, de nos cousins. Je vous remercie de les garder avec soin.
Marie répond que c’est surtout André qui a tout rangé dans leur maison à la campagne. Il a suivi les conseils de sa mère qui s’occupait des recherches sur leur famille, et aussi ceux de son frère Gabriel, l’archiviste.

J’ai lu en détail toutes ces lettres ! En 2018, nous sommes vraiment intéressés par la correspondance envoyée à votre mari, cela décrit la vie quotidienne à Lyon pendant la Grande Guerre.
Marie s’enquiert de savoir si je travaille pour la censure militaire, car elle sait que les courriers peuvent être ouverts.
La guerre est finie, je la rassure en souriant. 
Quelle chance qu'aucune de vos lettres n'ait été perdue ! Savez-vous qu’il est précieux au XXIème siècle de posséder les missives envoyées par des femmes à leurs soldats, cette correspondance intégrale est bien plus rare que celle des poilus.


Oh ! avoue-t-elle, j’ai cru défaillir le jour où le facteur m’a apporté un paquet des lettres expédiées par André, sans un mot d’explication. Heureusement j’avais bien reconnu l’écriture de mon mari, ce qui était une preuve qu’il était vivant, mais sur le moment je n’ai pas compris qu’il me renvoie ces rédactions que j’écris pour le distraire de ses tristes occupations à l’hôpital.
J’essaye de lui expliquer que ce n’est pas un manque de considération, mais les soldats vivent dans une installation provisoire puisqu’ils se déplacent au gré des combats, ils préfèrent ne pas s’encombrer et risquer de perdre des choses personnelles.
La jeune épouse dit qu’elle les a classées, entourées d'un ruban de soie et mises sous clef. Faut-il en brûler ?
Oh, surtout pas ! m’exclamé-je spontanément.
Me rapprochant de la jeune femme, je pose une  main rassurante sur la sienne et j’ajoute que je connais les secrets qu’elle écrit en confidence, mais je ne les révélerai pas à n’importe qui.  

Pour nous qui vivons un siècle après vous, les incidents familiaux ne résonnent plus aussi vivement. Je sais que vous faites votre possible pour maintenir les bonnes relations avec chacun et que l’on vous apprécie pour cela au sein de la famille.

J’aurais une demande à faire à Marie, car je ne suis pas sûre qu'elle apprécierait de savoir que je raconte nos rendez-vous dans mon blog. Je ne sais comment lui expliquer cela, elle ne peut pas imaginer les médias de notre époque. 
C’était le but de ma visite, mais je vais repartir sans avoir osé aborder ce sujet.

7 commentaires:

  1. Tu nous amènes aujourd'hui dans les coulisses du RDVAncestral ! C'est une belle marque de respect que de demander l'autorisation de publier. Peut être dans un prochain RDV ?

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  2. Belle trame pour expliquer "nos" motifs actuels de mettre en avant les correspondances privées anciennes. Le terme de coulisses est fort juste.

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  3. Vous avez compris ma prudence pour publier ces récits. Effectivement je pense revoir Marie lors d'un prochain RDVAncestral car je n'ai pas réussi à lui expliquer ce que je fais et à lui demander ce qu'elle en pense. Et je ne suis pas très à l'aise comme vous vous en doutez ...

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  4. C'est aussi une question que je me pose à chaque fois... Je n'ai pas encore de réponse... j'attends donc ton prochain RDVAncestral avec Marie avec une certaine impatience

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  5. C'est un régal de lire vos publications.
    Je me sentirais presque fautive, comme si j'étais cachée derrière une porte à épier pour savoir ce qui se passe de l'autre côté. ;-)))
    C'est un don d'écriture de mêler cette époque révolue avec le présent comme si elles n'en faisaient uu'une.
    L'émotion et la tendresse sont là mais discrètes, oui c'est un régal !
    A bientôt. ;-)

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  6. Nous aussi nous attendons avec impatience le #RDVAncestral entre les deux Marie. Quelle délicatesse de ta part de lui expliquer ta démarche et de solliciter sa permission tout en la rassurant sur l'usage que tu comptes faire de cette précieuse correspondance.

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  7. Merci pour cet article plein de tendresse et de bienveillance. Tu nous entraînes vraiment bien avec toi pour ce voyage dans le temps. Et quelle chance d'avoir pu retrouver ces lettres !

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