2019-06-22

Épouser deux fois la même femme


- Ma très chère femme, dit Thomas à son épouse Anne, j’ai décidé de faire un testament en votre faveur.
Thomas Blanchet se rend chez son notaire où une surprise va lui causer du souci, puisque maître Jacques Romieu constate que l’acte de mariage n’est pas conforme.

- Chère Anne, nous devons nous marier une seconde fois, annonce Thomas. Nous irons dans notre paroisse Notre-Dame de la Platière.
On sait que « le sanctuaire a été embelli sur le dessein de Thomas Blanchet qui a peint cinq petits tableaux et deux dans le chœur représentant "La purification de la Sainte Vierge" et "La mort de la Sainte Vierge"


- Comment est-ce possible ? s’étonne Anne, inquiète. Cela fait cinq ans que nous vivons comme mari et femme. Tout le monde constate que nous assistons à la messe en bons chrétiens dans cette église. On ne va tout de même pas me reprocher d’avoir abandonné la religion protestante.
- Thomas rassure sa femme : Ce n’est pas cela le problème. Vous souvenez-vous, le 26 mars 1668, nous étions impatients de nous unir, nous avions demandé une dispense à Monseigneur l’abbé Antoine de Neuville. Nous l’avons remise au frère gardien du couvent de l’église des religieux de Saint-François de la Guillotière. Il a bien voulu célébrer nos noces. Mais voilà, cette dispense est perdue, aujourd’hui, « il ne s’en peut rien trouver dans les registres ».
-  Qu’allons-nous faire à présent qu’Antoine de Neuville est décédé ?
- Je vais m’adresser à monsieur le Révérend vicaire général, substitué de l’archevesché, pour qu’il nous accorde une dispense, afin que l’on puisse renouveler notre consentement, dit Thomas, sachant qu'il peut compter sur des relations influentes.


Ainsi fut fait, le mariage est célébré le 4 juillet 1672.

Le 6 juillet suivant, Thomas signe son testament, en désignant damoiselle Anne de la Couche « sa très chère femme » comme son héritière universelle, « à laquelle il veult entend tous ses biens délaisser et advenir ses debtes légats intérêts et œuvres pies premièrement payé et aquité. »


Regardez la signature d’Anne, au bas de l’acte de mariage. Elle rature la première syllabe de son nom. N’avait-elle pas suffisamment de place ?
Son patronyme est répertorié sous différentes formes :
Anne de la Cauche, La couche, de la Conche, delacouche, delacoche
J’adopte celle-ci, plus appliquée, qui ne laisse aucun doute.


Des mauvaises langues disent que cette femme avait un caractère exécrable.
Quant à Thomas, « son caractère aimable le faisait rechercher dans les sociétés où il allait se dédommager de tous les déplaisirs que lui causaient l’humeur bizarre de sa femme. »
« La vivacité de son esprit répendoit beaucoup d’agrément dans la conversation ».  
On peut l’imaginer dans les salons où il a dû rencontrer les plus belles femmes de Lyon » dont il peignit les portraits.
A-t-il été malheureux dans son mariage ? 

Thomas a survécu à son épouse, il semble qu’Anne est morte entre 1681 et 1685.

Sources:
Thomas Blanchet (1614-1689), Lucie Galactéros de Boissier, Paris, Arthena, 1991
Archives de Lyon, BMS
AD 69, 1er testament de Thomas Blanchet
Charvet Léon, Vie et œuvres de Thomas Blanchet in Réunion des sociétés savantes, section des beaux-arts, 1893
Lire sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206212r/f148.image

4 commentaires:

  1. Merci de vos travaux qui me PASSIONNENT

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  2. On suit désormais avec intérêt l'histoire de Thomas ! Merci pour le partage !

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  3. Déjà à cette époque l'importance des formalités et des paperasses.

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  4. Toujours aussi passionnant de te lire !
    Cette série, très réussie, redonne vie à ce cher Thomas. Très beau travail.

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