2021-08-25

Quatre Marie

Pour le Généathème incitant à fêter les Marie de mon arbre, je suis allée en Ardèche à Meyras.

En Ardèche , près de Meyras


J’ai d’abord esquissé un billet qu’il est devenu nécessaire de réécrire plusieurs fois.

1ère version

Je me permettais de faire des reproches à Marianne Auresche (sosa 189). Je l’imagine entourée de quatre fillettes accrochées à ses jupes.

Chère Marianne, manquerais-tu d’imagination ? Comment est-ce possible de donner le prénom de Marie à quatre de tes filles ?

Grand-mères, tantes, leurs marraines portaient ce prénom, mais ce n’est pas une raison suffisante, je le sais. Tu aurais pu avoir d’autres idées plus originales.




2ème version

Quelle vie ont eue tes enfants ?





Marie, l’aînée est morte à l’âge de 21 mois, le 13 décembre 1739.

Dans le registre BMS de Meyras, en Ardèche, sur la même page, le 23 décembre 1739, soit dix jours plus tard, on apprend la naissance d’Etienne. Je me réjouis que ce soit un garçon, espérant que les parents l’accueillent avec joie malgré leur deuil récent.

Le 23 mars 1741, nait la deuxième Marie dont nous perdons la trace.

Louis qui est mon ancêtre arrive le 3 août 1742.

Ensuite, vient la troisième Marie le 27 janvier 1745, elle ne vit que sept jours.

Puis le 3 juillet 1746, la dernière Marie pointe son nez. Qu’est-elle devenue ?


L’enfant accueillie trois ans plus tard est prénommée Catherine. Je ne sais pas si la famille en comporte d'autres que ces sept enfants. 

Je ne connais que le destin de Louis Bouschon (1742-1788) sosa 94, le fils du milieu.


Je me suis perdue dans les recherches de collatéraux, sans pouvoir affirmer le nom des parents de Marianne, même s’il me semble avoir trouvé un frère dont l’épouse serait une marraine de l’une des  Marie.

 3ème version

Marie est un prénom symbolique choisi avec soin par Etienne et Marianne.

La Vierge Marie, en bonne mère devait protéger ces enfants, c’est une remarquable précaution, mais elle n’a pas rempli sa mission.

Marianne a donné la vie, hélas la mort reprend les unes après les autres les fillettes fragiles. Quelle tristesse pour des parents !

4ème version

L’étude de Christiane Klapisch-Zuber [*] apporte des indices sur les formes de nomination en Toscane.

« L'urgence d'attribuer à nouveau le prénom d'un parent mort est spécialement ressentie, toutefois, dans le cadre étroit de la famille conjugale. Elle s'exprime d'abord par le report quasi automatique du nom de la première épouse du père sur la première fille qui naît d'une seconde union, avant toute attribution des noms des aïeules de l'enfant. »

Dans le cas de la première Marie, c’est sans doute son père qui a choisi de lui attribuer le prénom de sa grand-mère paternelle Marie Chambon, qui est aussi celui de sa première femme Marie Nurit.

L'auteur explique aussi que pour les nourrissons succédant à un aîné décédé, on disait à Florence : « Il est mort et je l'ai refait ».


Marianne et Etienne ont donc refait quatre Marie, avec beaucoup de prières pour leur porter bonheur.

Chère Marianne, garde espoir, sais-tu que tu as des arrières-arrières… petites filles qui s’appellent Marie. Moi-même je descends de ton fils Louis et j’aime bien être désignée par ce prénom. 😉


Bibliographie

[*] Klapisch-Zuber Christiane. Le Nom « refait ». In: L'Homme, 1980, tome 20 n°4. Formes de nomination en Europe. pp. 77-104.

www.persee.fr/doc/hom_0439-4216_1980_num_20_4_368135

6 commentaires:

  1. Hélas beaucoup de décès en bas âge à cette époque et le besoin de redonner le même prénom pour "conjurer le sort".
    Merci pour cet article.

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  2. Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ......
    ou les différentes approches pour évoquer ces toutes petites Marie, parties si vite, et à qui tu rends un bel hommage chère Marie

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  3. J'ai aussi des exemples de prénoms réutilisés après le décès de nouveaux-nés en Italie. J'aime beaucoup cet article en forme de poupée russe 🙂

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  4. Dans la paroisse italienne de mes ancêtres, il était presque systématique de donner aux enfants le prénom des grands-parents, selon le schéma :1er fils=prénom du GP peternel, 1ere fille=prénom de la GM paternelle, 2e fils=prénom du GP maternel, 2e fille=prénom de la GM maternelle. Si l'un de ces enfants venait à décéder en bas âge, le suivant à naître se voyait réattribuer ce prénom "hommage".

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  5. Oh les Marie de nos arbres elles sont précieuses, secrètes parfois, courageuses aussi

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