Antoine Ricard (sosa
66) exerce comme rais des madragues de Saint-Tropez en 1776, comme nous l’apprend
l’acte de mariage de sa fille Élisabeth Modeste Ricard.
Il a été second rei de madragues en 1760, et en 1784, sa profession est précisée dans les registres BMS de Saint-Tropez.
Il a été second rei de madragues en 1760, et en 1784, sa profession est précisée dans les registres BMS de Saint-Tropez.
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Joseph Vernet, Vue du golfe de Bandol : La Madrague ou la pêche au thon, 1754 © Musée national de la Marine |
Le rais ou le rey des
madragues est le chef des pêcheurs. Il apparaît comme un homme respecté de tous.
« La personne qui jouit de plus de considération dans
nos madragues, c'est celle du rais.
Ce nom est donné au chef des pêcheurs, qui a la suprême direction de la pêche,
et une autorité absolue sur tous les pêcheurs, appelé dans les madragues de
Provence, rey. Il dispose, il
ordonne, il juge, il châtie, sans que personne ose se plaindre ni murmurer de
son pouvoir sans bornes; aussi cherche-t-on toujours pour ce poste important
l'homme le plus habile et le plus intègre, puisque c'est de lui que dépend
entièrement l’heureuse issue de la pêche... ». source 2
La madrague désigne à la fois la « grande pêche »,
le lieu et le dispositif de filets : un vaste labyrinthe pour capturer les
thons. Cette pêche saisonnière était organisée pendant la période de migration des
thons, entre mars et novembre.
Ce monopole, le roi l’a accordé en privilège aux seigneurs
de BandoI qui le cédèrent aux princes de Rohan. Les madragues sont données par
bail en fermage à des « sociétés de
madragaïres » où l’on retrouve les notables tropéziens qui prennent
des parts dans l’affaire.
Les fermiers portent une attention particulière au choix
du capitaine ou raïs de madrague, car
il y a beaucoup d’intérêts en jeu.
C’est le raïs qui
trace la madrague, qui décide où placer les filets dans la mer, qui surveille
et estime l’entrée des poissons, qui programme le moment crucial où les bateaux
des pêcheurs vont encercler la madrague. Toutes ces opérations s’apparentent à
des cérémonies spectaculaires qui engagent le respect. On invoque la protection
céleste. L’événement concerne toute la
population, depuis la préparation du matériel, de la pêche jusqu’à la conservation des thons
par marinade ou salaison.
Antoine Ricard est décédé à l’âge de 80 ans "dans la
maison qu'il habitait sise à la rue du Portalis" à Saint-Tropez, le 15
fructidor an 7. Il était "naviguant et patron pêcheur "
Il s'est marié le 20 octobre 1743 avec Marie
Catherine Viano (Vian) fille de Vian Mangepan, au patronyme fort intrigant.
Tous deux sont nés à Villefranche-sur-Mer.
Antoine est le père d’au moins huit enfants. Parmi
ceux-ci :
Clara Ricard (sosa 33), épouse
d’Ignazio Bancala. Pourrais-je parler plus tard de cette femme étonnante que je n'apprécie guère…
Tropez Antoine Ricard et Joseph Barthélémy Ricard, ses fils matelots sont répertoriés dans le registre maritime 4P 58 Archives
de Toulon. Leurs voyages en mer me
fascinent, leurs parcours sont retracés dans ce billet : Au Levant en Caravane.
Je viens d’apprendre 1 que « des liens familiaux
unissent souvent les raïs des cités provençales :
ainsi en est-il aux XVIIe
et XVIIIe siècles des familles Ricard et Curet de Saint-Tropez
et de Sanary ».
Voilà une piste à suivre, car les
ancêtres d’Antoine et de son père Jean Antoine Ricard restent difficiles à
localiser.
Bibliographie
1 Gilbert Buti, Les
Chemins de la mer. Un petit port méditerranéen : Saint-Tropez (XVIIe –XVIIIe siècles) Rennes, PUR, 2010.
Je remercie Gilbert Buti pour son travail et nos conversations qui m'ont beaucoup appris au sujet de nos ancêtres Tropéziens.
Je remercie Gilbert Buti pour son travail et nos conversations qui m'ont beaucoup appris au sujet de nos ancêtres Tropéziens.
2 D.A. Azuni, Histoire géographique
politique et naturelle de la Sardaigne (p.314) - 1802. books.google (cliquer sur le permalien)
Très intéressant :-) J'espère que cette nouvelle piste s'avèrera fructueuse !
RépondreSupprimerEncore une découverte grâce à toi. Je ne pensais que le mot raïs, qui est un mot arabe, était employé dans le sud de la France. Je serai curieuse de découvrir la source du terme.
RépondreSupprimerRaïs est un nom arabe qui désignait des chefs, mais aussi les « capitaines de la mer ». Il est employé ici dans ce contexte particulier de « chef des pêcheurs de madragues ». C’est ce que j’ai appris en rédigeant cet article.
RépondreSupprimeron en apprend des choses intéressantes ! Bravo
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