Avant d’être un chercheur renommé, Fabien fut un
collégien rebelle, à l’intelligence précoce.
En mars 1890, je lui rends visite pour un rendez-vous ancestral (#RDVAncestral).
Dans la salle d’étude du
collège de Mâcon, le jeune garçon de 13 ans est penché sur la lettre qu’il
écrit à son père.
Il souhaite un échange de lettres tous
les deux jours parce que, dit-il, je pourrai m’entretenir avec mon père sur l’histoire naturelle et surtout que je
m’ennuie à mourir depuis quelques jours.
Fabien semble en colère et sa plume
court sur le papier. Il pense à haute voix :
« Je vous demanderai aussi de bien vouloir m’expliquer ce que
c’est que le vent »
« Je demande pourquoi à tout ce qu’on me dit, parce que si je ne
sais pas pourquoi un chose se fait, je ne veux pas en entendre parler. »
Je n’ose l’interrompre, mais il lève
les yeux et me dit qu'après tout, je peux bien lire ses lettres puisqu’elles seront
censurées par le Père Noirot avant l’expédition.
Je vois que tu as été le premier
en arithmétique.
Sans attendre mes compliments Fabien enchaîne :
« J’ai été 1er en histoire et géographie ; dans la composition
précédente j’avais été le 3ème. Mon aversion pour l’histoire devient
plus grande de jours en jours. Bientôt je la haïrai tout à fait » …
« En fait d’histoire il n’y a que l’histoire naturelle qui puisse
m’être utile »…
D’ailleurs j’ai commandé à ma
marraine un dictionnaire d’histoire
naturelle. « Si ma marraine ne
veut pas payer mon dictionnaire entièrement je payerai ce qu’il faudra, mais
j’en veux un à tout prix, l’histoire naturelle passe avant tout, vive
l’histoire naturelle ! »
« Chaque fois que j’ai un moment de libre, je cherche dans ma tête le moyen de trouver le moyen de prendre des bêtes et comment les monter.
Aussi j’ai projeté pour les grandes vacances de chercher des bêtes crevés ou en vie tout la journée et de les dépecer tout la nuit.
Et je veux qu’avant la fin des grandes vacances ma chambre du grenier soit rempli de rayons et que ces rayons soit remplis d’animaux réduits en squelettes. »
Nous savons que Fabien va se distinguer
comme médecin radiothérapeute ; ainsi dès son plus jeune âge il avait
vocation à soigner les malades.
Relisons ensemble la lettre ci-dessus
« Je désire que vous me donniez un livre contenant toutes les maladies de l’homme, et énumérant les effets produits par ces maladies et comment elles se guérissent. Ou bien un livre disant comment on prépare un squelette et comment on le monte »
« Je désire que vous me donniez un livre contenant toutes les maladies de l’homme, et énumérant les effets produits par ces maladies et comment elles se guérissent. Ou bien un livre disant comment on prépare un squelette et comment on le monte »
Le jeune garçon est déjà un
chercheur qui fait des expériences sur les animaux pour comprendre « l’histoire
naturelle » qui le passionne.
«J’ai passé la grammaire
française. Je l’ai bien sue. Jusqu’à présent je ne suis pas en retenue, c’est tout ce qui me faut. Mon but c’est pas
de le passer pour être le premier, mais c’est pour ne pas être en retenue afin
que je puisse prendre le squelette de plus de bêtes que je pourrais et
d’apprendre le plus d’histoire naturelle que je pourrai. »
Fabien me demande si je connais
le prix d’un scalpel. Il en aura besoin lorsqu’il rentra chez
lui pendant les prochaines vacances de Pâques car il a plein de projets qu'il m’explique :
« Chaque fois que j’ai un moment de libre, je cherche dans ma tête le moyen de trouver le moyen de prendre des bêtes et comment les monter.
Aussi j’ai projeté pour les grandes vacances de chercher des bêtes crevés ou en vie tout la journée et de les dépecer tout la nuit.
Et je veux qu’avant la fin des grandes vacances ma chambre du grenier soit rempli de rayons et que ces rayons soit remplis d’animaux réduits en squelettes. »
« Je vous écris pour vous demander combien un mulet ça coûte, l’idée
m’est venu que si j’en achetais un ça me serait utile pour aller chercher des
bêtes aux travers des bois et des montagnes. Et puis est-ce que copier une fois
une liste de verbes irréguliers, ça peut vous les apprendre ? Je désire le
savoir car j’ai ça à faire à cause que j’ai pas su le verbe saillir. Si ca ne
peut pas m’y apprendre, je n’y ferai pas. Dites moi ce que vous pensez. »
La question semble s’adresser à
moi, qui ne suis que l’épouse de son petit-fils, alors puisque je suis là auprès de
lui, je me sens obligée de l’encourager à étudier avec patience dans cette
pension si triste. Le docteur, qu’il se prépare à devenir, sera capable de maîtriser
autant la grammaire que l’histoire, la géographie et tant d’autres
connaissances qui feront de lui un savant respectable.
Ces lettres, adressées à son père en 1890, ont
été conservées et c'est une belle surprise de pouvoir ainsi entendre la voix du jeune
garçon attachant qui les a écrites.
Pour savoir ce qu'il va devenir, vous pouvez lire aussi :