Autrefois, une femme devait son
statut dans la société à sa relation avec les hommes de son entourage.
Antoinette Daurolles se définissait donc par son rôle au sein de la famille.
Épouse
Pendant dix-neuf ans, depuis ses 16 ans
jusqu’à l’âge de 35 ans, elle est l’épouse de Damien Balley, un marchand qui habite Montée de la Grand-Côte à Lyon.
On ne trouve pas leur acte de mariage, seulement la remise de la paroisse de St-Pierre St-Saturnin pour celle de St-Nizier.
Alors, comment connaître ses parents puisqu’ils ne sont pas
mentionnés ?
Mère
Toinette est la mère de Louise Balley
qui semble être son unique enfant. Louise porte le prénom de son père Louis et
de sa marraine, dame Louyse Bonjean. J’avais noté le nom de cette marraine, mais
je n’ai appris que récemment que celle-ci est la mère d’Antoinette.
Grand-mère
Cette aïeule à la XIII génération est la sosa 5703 de mes enfants. Elle laisse quelques traces d’une vie heureuse.
On ne l’appelle pas Antoinette, mais
plus gentiment Toinette, comme l’indique sa signature, à l’occasion du baptême
de son petit-fils Thomas dont elle est la marraine.
Le 10 janvier 1670, en secondes noces
elle épouse le jeune André Vermant. Je n’ai aucune nouvelle d’elle après 1677 ; elle est présente au deuxième mariage de sa fille, je suis sûre que cette nouvelle alliance a dû la réjouir.
Le nom qu’elle porte est celui d’une
famille connue à Lyon à cette époque. J’ai mis longtemps à valider l’hypothèse
qu’Antoinette est liée aux frères Daurolles.
Claude et ses fils Benoît et Pierre Daurolles,
dits Monard, exercent comme maîtres-jurés maçons de la ville de Lyon. Selon les
actes consulaires, ils passent pour «très expert, entendu et cognoissant en
l’art et mestier d’architecture et massonnerie ». Ils ont travaillé sur des chantiers importants dont il reste de beaux bâtiments dans notre ville.
Eglise du Collège de la Trinité |
Lorsque le Consulat
décide de la construction de l’Hôtel de ville en 1646, ils sont chargés du
projet porté par Simon Maupin.
On trouve des témoignages de l’importance prise par les entrepreneurs Daurolles sur ce grand chantier. On dit qu’ils n’en faisaient qu’à leur tête et qu’ils construisaient sans toujours tenir compte de ce qui leur avait été demandé. Les actes consulaires montrent plusieurs litiges les accusant de négligences, de retards et de mauvaise foi excessive…
Autour de Toinette
Antoinette s’est rendue souvent à l’Hôtel de ville de Lyon.
Sa fille Louise est entrée dans la famille Blanchet ; Louis, peintre chargé de la décoration des salles, n’a pas été rebuté par les critiques concernant ses oncles qu'il devait cotoyer, il a choisi la jeune fille. Lorsqu’elle est devenue veuve, son beau-frère, Thomas Blanchet l’a soutenue. Louise habite alors l’appartement de fonction de son second mari, voyer de la ville et devient la voisine de mon cher Thomas Blanchet, peintre officiel de la ville de Lyon.
Autour d'Antoinette, tous les hommes participent à la construction et à l'embellissement de Lyon au XVIIe siècle.
Je peux enfin dresser cet arbre. Mes
intuitions se sont confirmées grâce à B.F-J de la Société d’Histoire de Lyon qui
m’a communiqué le contrat de mariage d’Antoinette. Grand merci à cet
érudit pour son sympathique partage de ses recherches !
La lecture de
ce précieux document permet de compléter la parentèle, comme l'indique le contrat.
Claude
Daurolles étant décédé, sa fille procède
de l’advis et conseil d’Anne Debolo, femme de son frère Pierre Daurolles
qui gère la dot. Son frère Benoît est présent bien entendu, il doit être âgé,
car ses enfants ont environ seize ans comme Toinette.
Benoît, en compagnie de son père et de son frère Pierre, a été chargé de très nombreux travaux : église du couvent de la Déserte, couvent des Grands Carmes, loge du Change…
Les différents commanditaires
reconnaissent les compétences de leur entreprise.
Daurolles « un des
meilleurs maîtres qui ont travaillé au pont du Rhône », possède beaucoup de
connaissances pour les travaux de cette sorte » et de pratique à Lyon, à
Pont Saint-Esprit et ailleurs, notamment au pont savoyard d’Étrembières. (source :
Beaucoup d'ouvrages n’existent
plus, mais nous pouvons penser à cette famille et nous mettre dans les pas de
Toinette pour apprécier des lieux dans
Lyon.