Il fait froid, il fait tellement froid durant ces années 1917-1918.
Ces terribles hivers font souffrir les soldats, mais aussi leurs familles. En plus de la guerre tout devient compliqué pour les femmes qui doivent gérer la vie quotidienne.
Marie décrit la situation en février 1917 qui fut un mois
glacial à Lyon.
« La Saône est complètement gelée jusqu’à
l’Île-Barbe » (3/02)
La Saône gelée (au XXIe siècle ) |
Les dégâts du froid apparaissent jusque dans les maisons : point d’eau qui coule, point de gaz, les conduits ayant été gelés. (7/02/1917)
« Bien des gens sont morts de froid dans des logis non chauffés,
des familles sont restées des jours entiers au lit pour ne pas souffrir du
manque de feu. » (13/02/1917)
« Des waggons (sic) de pommes de terre ont gelé, on les vend 12
sous le kg» (15/02/1917)
Marie a découpé cet article du journal, elle va le glisser dans une lettre adressée à André.
1917, février |
Dès le 30 novembre 1917, la jeune femme devient prévoyante, afin de ne pas renouveler l’expérience qui fut compliquée l’hiver précédent, par crainte de manquer de charbon, elle a saisi l’occasion de faire l’achat d’un poële (sic) à bois auprès d’une voisine.
« Bellecour est enseveli sous la neige. » (21/12/1917) Le
premier jour de l’hiver annonce une saison aussi rigoureuse que l’an dernier.
Jeannet comme beaucoup d’enfants « a les doigts de pieds plein
d’engelures. » « On en voit de son âge qui pleurent à sanglots à
Bellecour et que leurs mères sont obligées de rentrer précipitamment »
Le 29 décembre, le thermomètre marque « 14° au-dessous »
« Ce froid épouvantable fait qu’on ne trouve plus rien mais rien à
acheter, plus de marché et plus de légumes par conséquent. Le laitier ne vient
plus et le peu de lait qu’on vous donne par là est gelé »
Les ravages du froid continuent
sans faire de trêve, le 31 décembre, on ne trouve plus de pain « ils disent qu’ils n’ont pas assez de
farine pour en donner davantage »
« Les gens sont malades de froid, d’engelure »
Le 13/01/1918, Marie donne des
nouvelles d’Élisabeth qui est la sœur d’André.
Leur maison au Point-du Jour est
glaciale. Élisabeth « raconte des
choses inouïes, mais qui sont vraies malheureusement, la glace qui pend le long
de leurs tapisseries, à l’intérieur de leur chambres dans lesquelles ils
couchent à 3° au dessous : leur manque complet de pétrole qui les oblige à
se coucher avec leur dernière bouchée sous peine de voir la lampe s’éteindre et
d’être plongés dans l’obscurité. »
Marie sait qu’elle n’est pas la
plus à plaindre parmi ceux qui souffrent à Lyon.
Heureusement que son bébé est attendu pour le printemps, car
comment faire avec un nouveau-né en cet hiver terrible.
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