2025-11-02

B_ La famille Barou


La famille Barou est originaire d’Annonay. Cela me plait beaucoup, car c’est la ville où je suis née, et… dans laquelle je n’ai aucun ancêtre. Alors, il était complètement inattendu que je fasse des recherches dans l’état-civil et qu’elles alimentent un petit arbre dans ma forêt, du côté de mon mari.

J’ai adoré inscrire des patronymes familiers, ils évoquent des habitants autrefois connus de mes parents qui auraient été fort surpris de découvrir des cousinages hyper anciens.


Marguerite Barou (sosa 373) s’est mariée le 3 juin 1757, elle est ensuite allée habiter avec son mari, Laurent Pérouse, dans la vallée du Rhône, à Roussillon où elle a vécu une douzaine d’années. Elle a donné naissance à cinq fils. Joseph Pérouse est l’ancêtre de mon mari. 

Marguerite est la cousine germaine de Pierre Antoine Barou qui est le personnage principal des articles ce ChallengeAZ 2025.


Maison.XIVe.siècle. Annonay

Eugène Viollet le Duc, via Wikimedia Commons

Si l’on remonte quatre générations, la fin du XVe siècle, on rencontre son trisaïeul Claude Barou (sosa 5968), un marchand venu s’installer à Annonay. Il a choisi cette ville, car c’était alors une belle cité du Vivarais où l’on pouvait pratiquer la religion réformée. Il s’y est marié et son fils Jean est né en 1620. Ils étaient probablement marchands drapiers, comme le grand-père de Marguerite.

Les maisons du XIVe et XVe siècle ont disparu, elles étaient construites en bois. Dans les forêts aux confins du Velay et du Haut-Vivarais poussent en abondance de grands sapins. L’utilisation des pans de bois avec des étages saillants pour se protéger des intempéries rend cette maison remarquable. Le rez-de-chaussée élevé avec des blocs de pierre abritait la boutique dans la rue en pente. On peut imaginer qu’ils demeuraient dans des maisons comme celle-ci.

 

Des protestants

L'église de Trachin, à Annonay, servait de temple protestant

Jusqu’au 18e siècle les familles Barou - Lombard et alliées, comme leurs parents et leurs amis, demeurent fidèles à la religion protestante. Les registres sont conservés, mais ils apparaissent succincts et on déplore des lacunes.

Ils sont baptisés au temple, mais ensuite ils se convertissent et on trouve leur sépulture dans les actes paroissiaux.

Les grands-parents Barou

Le grand-père, Antoine Barou est baptisé le 19 juillet 1667, au temple.

Le 16 février 1696, il se marie à l’église, avec Marie Léorat.

L’acte de décès de demoiselle Marie Léorat se trouve dans le registre catholique le 19 décembre 1739. Si on le lit attentivement, on comprend que le curé a refusé la sépulture ecclésiastique pour n’avoir voulu recognoitre l’église romaine.




On se doute des embrouilles que cela a pu provoquer le jour des funérailles.

Dans les registres paroissiaux protestants, un autre document précise cette affaire, il s’agit d’un procès-verbal, qui atteste du décès de Demoiselle Marie Léorat pour permettre l’inhumation. https://archives.ardeche.fr/ark:/39673/60ba63ac8812394b71751e13e1213d2f/dao/0/8

 

En lisant l’article suivant, où je cherche l’acte de naissance de Pierre Antoine Barou, vous comprendrez qu’il n’est pas simple de retrouver la trace de protestants éventuellement devenus catholiques.

À suivre demain :

C_ Chercher son acte de naissance

 


2025-11-01

A_ Archives privées

 

Confier des fonds d’archives privées aux services publics est la meilleure façon de les conserver et de les partager.

Archives du Rhône et de la métropole de Lyon
SashiRolls, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons


On trouve aux Archives du Rhône et de la métropole de Lyon, sous la cote 44 J, des dossiers étonnants.

Le fonds de la famille de Chaponay est assurément, aujourd’hui le plus beau fonds d’archives privées conservé dans les archives départementales du Rhône.

Cette phrase est l’incipit de l’avant-propos, écrit par le conservateur qui présente ce fonds.

Il précise plus loin que « l’historien des institutions et des événements politiques bénéficiera […] de la correspondance de Pierre Antoine Barou opposant à la réforme Lamoignon de 1788, et de la correspondance d’un certain Deschamps, envoyée de Versailles entre 1789 et 1790. »

 


Pierre Antoine Barou est mort, victime de la Révolution en 1793. Jeanne Marie Durand de Châtillon lui survivra jusqu’en 1832.

Le couple n’avait pas d’enfant, c’est Marie Antoinette, la nièce de Jeanne Marie qui héritera de sa tante. En épousant le marquis Pierre Anne de Chaponay le 17 décembre 1795, elle entre dans une famille lyonnaise réputée pour être des plus anciennes.

Ses descendants sauront conserver les archives de la famille Barou et celles de la famille de Chaponay. Ils ont fait aménager une salle située de la tour du château de la Flachère. Les documents sont remis en dépôt aux Archives du Rhône en 1978 et l’État en fait l’acquisition.  



Marie Antoinette promise à Pierre Anne de Chaponay a réussi ce que l’on appelait à l’époque un beau mariage. Cette alliance avec une famille de notables apparaît intéressante socialement pour la famille Durand; aux Chaponay, elle apporte en dot le domaine de Châtillon. Les enfants de Marie cumulent les avantages puisqu’elle est fille unique et qu'ils hériteront de leur grand-oncle oncle et de leur grand-tante.

 

Pierre Anne de Chaponay écrit à la tante de sa fiancée une lettre absolument parfaite.


Lyon 14 frimaire an 4

Madame

Monsieur de Châtillon votre frère vient de me faire l’honneur de m’accorder la main de Mademoiselle sa fille, oserais-je espérer Madame que vous approuverez son choix et que vous voudrez bien m’accorder votre amitié, je ferai tout ce qui dépendra de moy pour la mériter, soit en rendant Mademoiselle votre nièce la plus heureuse qu’il dépendra de moy, soit en allant au devant de tout ce qui pourra vous être agréable.

Je vous prie Madame de recevoir 

l’assurance du respect avec lequel je suis

Votre très humble et très obéissant serviteur

Chaponay l’ainé                   

Ma mère et mes frères vous prient de recevoir leurs hommages

 

On a envie de croire qu'il a tenu la double promesse de rendre sa future femme heureuse et de s’occuper de la tante qui avait bien besoin d’être entourée. Jeanne Marie avait alors 45 ans, elle se trouvait veuve depuis deux ans, comme d’ailleurs la mère de Pierre Anne. Leurs époux sont morts sous la guillotine en 1793. Lyon était en ruine.

Jeanne Marie a proposé à sa nièce, son mari et leurs quatre enfants de loger dans le deuxième étage de son hôtel particulier. Son petit-neveu Antonin recevra en dot cet immeuble et saura conserver les archives des Barou du Soleil.  

C’est grâce à eux que je peux documenter la vie de Pierre Antoine Barou du Soleil.

Je vais lui dédier mon 11e ChallengeAZ. 

Vous découvrirez au fil de ces 26 articles quelques reflets de la vie d’un gentilhomme du XVIIIᵉ siècle, dont le patronyme, sans être noble, rayonne d’un charme poétique, éclairé par l’esprit du siècle des Lumières. Le sieur du Soleil m’a captivée dès que son nom a pris place dans ma forêt de cousins.