Soudain tout se met à vaciller, la cathédrale se colore comme
dans un rêve,
me voilà transportée dans un #RDVAncestral, le 5 juillet 1918.
me voilà transportée dans un #RDVAncestral, le 5 juillet 1918.
Une jeune femme me prend le bras,
Marie m’a reconnue car nous nous sommes rencontrées lors des derniers #RDVA, #1914/18, dans les rues de Lyon et place Bellecour. Elle est accompagnée de son petit Jean, âgé
de cinq ans et demi.
Je suis contente de la voir même
si la circonstance est triste. Nous attendons la sortie du cortège des
funérailles de Clotilde Sauvade, c’est une aïeule à la VI génération de mes
enfants (sosa 47). L’assistance est nombreuse, je constate que la défunte était estimée.
Marie a assisté à l’office pour
représenter son mari mobilisé hors de Lyon, André est le fils d’Honoré, cousin
germain d’Etienne. Clotilde, épouse d’Etienne, était une vieille dame de 85 ans, la dernière de sa génération.
Marie semble fatiguée, « moi
je me débats au milieu des mioches » dit-elle.
Je prends des nouvelles de ses enfants, en particulier du tout petit Pierre, un nourrisson de quatre mois.
Je prends des nouvelles de ses enfants, en particulier du tout petit Pierre, un nourrisson de quatre mois.
« Pierrot a crié tant et plus ces deux dernières nuits » La
jeune maman sait qu’elle ne devra pas trop s’attarder et ne pourra suivre le
cortège jusqu’au cimetière car la nourrice ne lui apparaît pas très patiente
pour s’occuper longtemps de sa fillette et du bébé. D’ailleurs Jean s’impatiente
aussi.
J'aimerais savoir si elle connait
les circonstances du décès survenu dimanche 1 juillet à 11h du matin :
« des détails sur la mort de Mme Falcouz , je n'en ai que bien peu, ça a
été très rapide une crise de cœur qui a duré je crois à peine 24 h, puisque
Madame Morat (sa fille ) n'a pas même
pu arriver de St-Sorlin. "
Justement voici Jeanne avec Jean, entourés
de leurs filles, Marie va les saluer. Madame Morat fait l’éloge de sa mère :
« La perte que nous venons de faire est bien dure et je sens que le vide sera d’autant plus cruel que nous avons conservé ma chère Maman en possession de toutes ses facultés jusqu’à un âge accessible à peu de vieillardes. Elle avait toujours vécu avec nous, soit à la ville soit à la campagne. » Très émue, Jeanne poursuit « Sa mort a été édifiante comme sa vie, et nous retrouverons là-haut celle qui nous a tant aimés ici-bas et qui a emporté toute notre tendresse. » Les larmes empêchent Jeanne de continuer et Jean ajoute :
« La perte que nous venons de faire est bien dure et je sens que le vide sera d’autant plus cruel que nous avons conservé ma chère Maman en possession de toutes ses facultés jusqu’à un âge accessible à peu de vieillardes. Elle avait toujours vécu avec nous, soit à la ville soit à la campagne. » Très émue, Jeanne poursuit « Sa mort a été édifiante comme sa vie, et nous retrouverons là-haut celle qui nous a tant aimés ici-bas et qui a emporté toute notre tendresse. » Les larmes empêchent Jeanne de continuer et Jean ajoute :
« Notre chère disparue était celle de tous ceux qui l’approchaient. Sa
haute bienveillance, cette sérénité souriante, cet oubli constant de soi
ajoutait un charme de plus à ses belles qualités d’intelligence et de cœur. »
Le petit Jean tire sa maman par
la main et nous restons un peu à l’écart, j'extrais de mon sac une petite carte
que je montre à Marie. Elle s’étonne de ne pas l’avoir reçue. Bien sûr ce mémento
est encore chez l’imprimeur, lui dis-je, n’oublions pas que je vis au XXIème siècle !
Je l’ai trouvé dans le missel de Thérèse
Chartron que je conserve dans une boîte d’archives avec d’autres images en
souvenir des morts de sa famille.
La photo de Clotilde et les
paroles de sagesse qu’elle appréciait ont été choisies par ses enfants pour
être imprimées sur cette carte.
"Elle vit venir la mort sans faiblesse ni murmure et l’attendit dans le calme de son cœur."
Marie m’incite à lire plus
attentivement les citations au verso, j’avoue que la photo de notre
grand-mère m’intéressait davantage que le texte. Comment ai-je pu ne pas
entendre la voix de Clotilde ?
Voici les Notes de son testament ( j’aimerais savoir où il est
conservé) :
"Merci mes chers enfants votre affection a réchauffé ma vieillesse, je pars bientôt priez pour moi comme je prierai pour vous. Que mon souvenir soit accompagné de la ferme espérance de se retrouver réunis pour toujours.
Les paroles des disciples d’Emmaüs qu’elle aimait tant à répéter :
Demeurez avec nous, Seigneur, car il se fait tard."
Comme c’est émouvant, voici les
dernières paroles de notre grand-mère :
"Plus près de Toi mon Seigneur, plus près de Toi"
La famille sort en cortège pour
accompagner le cercueil de chêne recouvert de fleurs. Je reconnais sa fille
Fanny que nous devions aller voir avec Marie comme convenu en décembre dernier.
Parmi ses petites filles se
trouve Thérèse, mais je ne vois pas son mari Fabien A. ? Aura–t-il pu se
libérer de son service de radiologie à l’hôpital de Valence qui reçoit tant de blessés de
cette affreuse guerre. Toutes les familles présentes ici souffrent de la guerre
qui devient interminable.
Marie s’approche de Marguerite et de ses sœurs pour leur dire un mot de condoléances.
« Ne serait-ce pas Gabriel
P. le cousin de Paris ? Il aurait fait le voyage spécialement pour
assister à l’enterrement » demandé-je à Marie.
Elle me répond qu’elle ne
le connait guère, elle a rencontré une fois son frère Denis et son épouse qui l’intimidaient
beaucoup.
Marie doit dîner avec lui demain
chez Jean son beau-frère. Quel dommage que je ne sois pas invitée !
Le corbillard doit maintenant se
rendre à St-Paul pour prendre « la ficelle des morts », on nomme
ainsi le funiculaire montant sur la colline de Fourvière, ensuite le cercueil
sera chargé sur le train qui va emprunter ce pont vertigineux que l’on appelle
de nos jours « le viaduc des 4 vents »
Dans ce #RDVAncestral rien n’est
fictif, sauf ma présence le 5 juillet 1918, mes sources sont les archives
familiales et surtout les lettres de Marie à André, de Jeanne Falcouz à André.
La tombe n’appartient plus à la
famille, les corps de cette sépulture ont été exhumés et transférés à
Montbrison dans un caveau familial que la famille de Clotilde possède au
cimetière. Là repose Antoinette Poutrain, sa maman.