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2017-04-13

Généalogie en Colombie (3)

El renacer de los dinfuntos_  la renaissance des défunts



Pour célébrer la glorification des ancêtres, les rites funéraires réunissaient le groupe familial ainsi que toute la communauté. Lors des cérémonies, la musique et les danses avaient pour fonction d’appeler le défunt à une renaissance dans le monde souterrain. Pendant ce temps les hommes creusaient la terre pour inhumer le corps et disposer des trésors façonnés par les orfèvres qui excellaient dans le travail de l’or.
Museo del oro, Cartagena

Les rotondités que l’on retrouve sur les pièces, les pectoraux et les bijoux évoquent tout à la fois la gestation, l’annonce d’une nouvelle vie ou la renaissance des défunts.


La rondeur du tumulus était une allusion au sein de la mère.
Sur la tombe on plantait un arbre, symbole de fertilité et de vie nouvelle. 

Dans les branches, on accrochait des cloches qui tintinnabulaient avec le souffle du vent.

2017-04-09

Des arbres généalogiques en Colombie (2)

Los Tatarabuelos de Guillermo

En visite à Popayan, dans la maison d’un homme politique et poète, nous avons été impressionnés par son arbre généalogique.


Les tatarabuelos de Guillermo Valencia ont construit cette belle demeure en 1720. La sonorité du mot « tatarabuelo » désigne génialement les trisaïeuls, n’est-ce pas !
Voici les portraits des ancêtres mis à l’honneur dans le salon de leur maison qui a survécu au tremblement de terre qui en 1983 détruisit la "ville blanche".


Guillermo Valencia (1873-1943) a eu cinq enfants avec Josefina Muños, ils portent le patronyme  Valencia y Muños. Il n’a pas donné son nom aux enfants nés hors mariage, même si la paternité était connue de tout le monde. Son fils Guillermo Leoń Valencia Muños fut président de Colombie. Sa fille Josefina réforma la constitution pour accorder le droit de vote aux femmes.

2017-04-02

Des arbres généalogiques en Colombie (1)

Il est intéressant de voir les pratiques de la généalogie lorsque nous voyageons dans les contrées lointaines.
Nous étions en Colombie, j'ai eu envie de collectionner les photos d’arbres généalogiques rencontrées dans les musées.


Une collection de photos que l'on rêverait d'avoir, placées dans des médaillons, serrées les unes contres les autres occupant tout l'espace à l'intérieur d'un beau graphisme, des signatures, une date : 1915. Il n'y a pas de femmes, est-ce un arbre généalogique ?

Ci-dessous admirons un très grand arbre généalogique, il a fallu assembler deux photos pour le reconstituer intégralement. Du rameau supérieur descendent une multitude de feuilles diaphanes avec un prénom et un nom soigneusement inscrits selon les familles : sur le bord extérieur des feuilles, transversalement  ou dessinant des nervures fines. Regardons-le en détail, c'est un chef d'oeuvre.

Barichara, casa de la cultura

Des amis ayant amené la conversation au sujet de leur généalogie s’étonnent de la facilité des recherches en France. Comme beaucoup de néophytes, la mémoire de la plupart des personnes ne remonte guère plus loin que leur grands-parents, ils connaissent à peine le nom de leurs arrières-grands-parents, à moins d’être issu d'une famille dont l’histoire est valorisée.

En Amérique du sud les descendants des conquistadores ont transmis des patronymes paternels et maternels dont l’origine est espagnole, ils dominent dans le pays.
L’ascendance indigène est plus difficile à retracer, je suppose qu’il existe des registres de baptêmes qu'il faudrait retrouver..
La population s’est métissée au fil des siècles, il doit être passionnant de faire de la généalogie en Colombie. Si j’avais le temps j’aimerais accompagner mes amis à la recherche des archives.

Juste pour rêver devant cette installation au musée d'Antioquia.
S'asseoir devant ce magnifique arbre aux fleurs jaunes d'or, nommé guyacan, se déchausser et méditer. Une pluie de feuilles d'or tombe sur la terre-mère et un tout petit personnage, vêtu d'une robe blanche, s'avance vers l'arbre magique. Serait-ce le spectateur qui entre dans le tableau ?

El pueblo y el guayacan , Ethel Gilmour, museo de Antioquia, Medellin

2016-07-22

Péter Esterhazy


Harmonia  cælestisPéter Esterhazy, Gallimard, 2001, 609 p.
Revu et corrigéPéter Esterhazy, Gallimard, 2005, 400 p.



Péter Esterhazy était venu à Lyon, lors des AIR 2008, pour une rencontre avec Hélène Cixous. Le thème : « Le secret des origines : faire la lumière » les a conduits à discuter  de la littérature explorant les généalogies.
Dans le roman Harmonia  cælestis,  Péter Esterhazy entreprend de raconter l’histoire de sa famille qui fut une des plus anciennes et plus puissantes de Hongrie et même d’Europe.
« Je me trouve dans la situation de tous ceux qui examinent leur arbre généalogique : je me rends compte combien je sais peu de choses de mes aïeux. Mais enfin on sait toujours peu de choses d’eux, on ne peut savoir d’eux que ça, peu, indépendamment de la famille et de la documentation ; la seule chose que nous arrivions à découvrir, c’est que notre grand-père a été un vieux monsieur respectable, portant la barbiche, un homme de haute moralité, chose que prouvent ses sept enfants. » (p.305)

Le lecteur ne s’attend pas à voir débouler tant de pères, de grands-pères et de fils de leur père, dans des situations si cocasses. Il faut préciser que la confusion des générations se révèle extrême.
« J’avais un lointain et mystérieux « mon père » - appelons mon père ainsi » (p.19)
Et de fait, tous les hommes sont désignés ainsi « mon père » Leurs portraits se dessinent en lisant les fragments qui composent la première partie du livre. Il suffit de se laisser entraîner par le brio et l’humour de milliers d’anecdotes, vraies ou fictives. L’auteur ne craint pas d’exagérer, de forcer le trait, d’inventer des histoires invraisemblables, parmi lesquelles se glisse l’Histoire de la Hongrie.

Lorsqu’on est en quête de modèle pour rédiger sa propre généalogie, si modeste soit-elle, comparée à celle de la famille Esterhazy, on jubile en voyant tout ce que Péter E. se permet d’imaginer et d’écrire. Le style est époustouflant, agaçant, iconoclaste. Il pourrait être une source d’inspiration pour tous les généalogistes qui oseraient se lancer. D’autant que chacun peut se reconnaître dans cette posture de chercheur de traces concernant son histoire familiale.

« Le fils de mon père connaissait et ne connaissait pas mon père. Mon père avait beau être son père, c’était un étranger dans la nuit. Il ne savait rien des vraies pensées de mon père, de ses rêves, de ses désirs, de ses sentiments. » p.252
Péter E. a écrit ces lignes avant qu’il ne découvre le secret de son propre père. Ayant l’occasion de consulter le dossier de cet homme, il révèle que celui-ci était un agent de la police secrète du régime communiste.
Que faire de ce terrible mensonge qui laisse dévasté le fils de ce traître de père ?

Pour retrouver le sens de la vie et ne pas sombrer dans le désespoir, il va écrire Revu et corrigé. Dans ce livre, le ton apparaît moins léger. L’auteur fréquente les archives, consigne les extraits du rapport à l’encre rouge et les complète de ses réflexions personnelles et autres souvenirs d’enfance. On découvre alors l’ambiance sombre du siècle dernier en Europe de l’Est ; à cette époque  le régime imposait un système où l’on devait se méfier de tous.
Lorsque Péter Esterhazy s’est rendu aux archives pour savoir s’il avait été surveillé, il était tranquille, le sujet n’avait pas une grande importance et son chef d’œuvre Harmonia cælestis, dont l’écriture avait duré dix ans, venait d’être achevé. On lui remet les dossiers, il tombe de haut en découvrant que son père était un indic. A-t-il cimmis une erreur fatale en lisant ces rapports qui auraient dû rester secrets ?  
Certainement, car on ne se relève pas d’une telle honte, d’un tel mensonge qui entache la légende paternelle.

Péter Esterhazy vient de décéder,
le 14 juillet 2016.

Pour écrire cet hommage, je reprends ces deux livres si lourds, 1000 pages à eux deux, j’en avais lu, de chacun, la moitié. Je suis happée par la force littéraire de ce chef-d’œuvre, envahie par l’émotion que je n’avais pas ressentie de façon si intense, à la première lecture
Voilà des pages qui pourraient inciter à décoller de la banalité de nos généalogies pour leur donner la puissance de l’épopée.

2016-03-06

Viva la muerte

J'aime visiter les cimetières

Les nécropoles renferment beaucoup d’histoires où l’on peut lire la vie des gens. C’est passionnant de découvrir les noms sur les tombes, de méditer sur les épitaphes et d’admirer l’art funéraire, les sculptures…
En voyage, nous ne manquons pas de visiter quelques cimetières.Voici trois lieux très différents photographiés en Argentine :

La Recoleta à Buenos Aires
Maimara, dans les Andes
Mission, San Ignacio Mini

  •  La Recoleta BA

C’est le plus chic des ultimes lieux de Buenos Aires où résident les défunts renommés qui ont participé à la construction de l’Argentine. 



Les tombeaux passent pour des maisons de marbre, les plus remarquées sont construites avec de grands blocs de marbre gris, anthracite, blanc ou en béton. Certains édifices sont ostentatoires par la préciosité du marbre, ornés de sculptures. Les portes sont closes comme celle d’un blockhaus, le nom de la famille en lettres géantes affirme leur noblesse.
Pour certains les murs sont aveugles et le mystère demeure, pour d’autres leurs portes vitrées laissent voir sur des étagères les cercueils en bois cirés recouverts de nappes en dentelles finement brodées.
Certaines tombes furent splendides, mais faute de descendants qui les entretiennent, leur abandon est désolant. La poussière s’est accumulée, les portes sont cassées, les couvercles des cercueils se délitent et laissent voir le délabrement des morts. Achetées à perpétuité, elles ne peuvent faire l’objet de reprise et sont condamnées à rester les témoins du temps qui passe.
Le tombeau le plus célèbre est celui d’Evita Perón, le seul qui soit fleuri et devant lequel se trouve toujours un visiteur ému.

  • San Ignacio Mini, dans la province Mission


Cette mission fut habitée au XVIIe siècle par une communauté d’Indiens Guaranis, sous l’organisation de missionnaires jésuites.
L’utopie a vécu quelques années avant d’être détruite. Tombées dans l’oubli et enfouies dans la végétation tropicale, les ruines de pierre rouge sont spectaculaires.


Le cimetière était divisé en quatre parties égales, les hommes enterrés dans un carré, les femmes de l’autre coté; pour les enfants : les garçons étaient séparés des filles. Sur les cotés poussaient des plantations d’orangers.


  • Maimara


Dans la langue omaguaca, maimara signifie « l’étoile qui tombe ».
Nous sommes dans les hauts plateaux des Andes, altitude 3500 m. Sur la route de Tilcara, le Rio Grande de Jujuy coule dans la grandiose quebrada de Humahuaca.  Le tropique du Capricorne passe tout près. La situation permettrait une meilleure connexion avec Inti, le dieu du soleil.


Ce cimetière est le lieu idéal pour le dernier repos. Il est simple, gai, coloré, devant les tumulus de terre sont posées des offrandes et des fleurs qui ne meurent jamais, confectionnées en papier coloré.


 Au fond du paysage veille « la Paleta del Pintor», la montagne polychrome aux reflets ocres, roses, rouges et verts où poussent des cactus géants.


2016-02-22

Buenos Aires, La Boca

Où vivent les descendants de nos ancêtres…(suite)



Les passagers des transatlantiques venant d’Europe débarquaient dans le port de Buenos Aires
On peut lire leurs noms sur les registres qui ont été numérisés par Centro de Estudios Migratorios Latinoamericanos http://cemla.com 
Les patronymes sont accessibles à cette adresse : /http://cemla.com/buscador/




Je n’ai pas répertorié tous ceux qui portent des patronymes figurant dans mon arbre méditerranéen. Il serait d'ailleurs impossible de prouver la parenté exacte. 
Ici à Buenos Aires, je pense à ces hommes, à ces familles, qui ont choisi l’aventure de l’émigration.





Entre 1880 et 1910, plus de quatre millions d'individus entrèrent en Argentine. Ils s’installaient dans ce quartier de la Boca, près du port. Ils retrouvaient des connaissances. Les Italiens se regroupaient par quartiers : les Génois, ceux des Pouilles, les Piémontais... Les hommes cherchaient du travail et construisaient des maisons de bois et de tôle ondulée qu’ils peignaient de couleurs vives avec la peinture des bateaux. Un « conventillo » se composait de plusieurs pièces, une par famille, la cuisine était commune. Peu à peu, le confort arrivait, à mesure que la famille s’enrichissait en travaillant.




Les Argentins nous confient spontanément que leurs ancêtres étaient Italiens, Espagnols... Ils affirment qu’actuellement leur pays ignore le racisme. Ce serait rassurant de les croire, mais pensons au peuple des Indiens natifs dont il reste si peu de descendants.


2015-09-03

"Etre le descendant de greffes multiples"

Le 31 mai 2015, aux Assises Internationales du Roman, (AIR à Lyon) nous avons assisté à la rencontre suivie de lecture avec Erri De Luca  .

Je viens de lire ce livre. 
Un nuage comme  tapis
Erri De Luca, 2015, Folio, n°5910

J'ai envie de citer un paragraphe du dernier chapitre qui parlera aux généalogistes.


« Pour un citoyen de la Méditerranée dont la généalogie se perd au détour de la courbe d’un arrière-grand-père, la conjectures est vraisemblable. Qui d’entre nous peut exclure le Phénicien, l’Arabe, le Normand, et surtout l’Hébreu, de l’enchevêtrement de ses ancêtres ? Un jour on trouvera le moyen de remonter les générations et de reconstituer le buisson des croisements qui nous ont précédés et, en grande partie déterminés. Être le descendant de greffes multiples sera alors un titre et la noblesse tiendra au fait d’avoir trouvé dans son propre cadastre ancestral le plus de souches, le plus de peaux, le plus de religions. »

Je suis la descendante de Méditerranéens, j’en prends conscience de plus en plus. Au cours des siècles, mes ancêtres sont remontés vers le nord. Pour ma part j’ai toujours vécu loin de la mer, ce n’est pas mon élément, mais cette Mare nostrum devient un espace où voyage mon imagination et dont je visite l'histoire. Le mythe familial d’un ancêtre marin en Méditerranée a fait son chemin, de surcroit en explorant cette branche, j’ai trouvé des centaines de traces méridionales.
Cette année l'actualité raconte l'arrivée de migrants qui fuient des pays devenus invivables pour eux ; beaucoup perdent leur vie dans notre mer Méditerranée. Faisons le vœu que la dernière phrase citée inspire les générations futures.

2015-06-12

K _ Kirghizistan

Généalogie au Kirghizistan


Nous quittons la Méditerranée, 
la route de la soie nous conduit en Asie centrale, au Kirghizistan. 


Pamir, Pic Lénine Kirghizistan 2013

Comment les kirghizes, peuple de bergers nomades, gardaient-ils la mémoire de leurs ancêtres ?


Le nom kirghiz signifie les «quarante» en référence aux 40 tribus. L’appartenance clanique est patrilinéaire. La règle d’exogamie implique de se marier hors de sa tribu ou alors avec un cousin situé en deçà du 7ème degré de parenté.

Le Sanjyra est une liste généalogique qui se transmettait oralement par les conteurs. Les enfants apprennent à réciter le nom des sept ancêtres de la lignée paternelle. De nos jours, les grands-parents transmettent ces généalogies par écrit. «Les anciens sont capables d’exposer de mémoire un vaste réseau de parenté».1

Actuellement dans la Kirghizie post soviétique, la société reste structurée par ces relations de parenté principalement de filiation patrilinéaire.

1- Bouchet Bertrand, Tribus d'autrefois,Kolkoze d'aujourd'hui, in Revue du monde musulman et de la Méditerranée,N°59-60, 1991. Des ethnies aux nations d'Asie centrale.pp.55-69.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1991_num_59_1_149


 
Vallée de Sary Mogol, 2013