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2022-11-25

V_ Vœux et Visites

 

V

 oici venue l’époque où l’on s’échange des Vœux et des Visites à l’occasion du Nouvel An.

 

Suzanne ne peut échapper à cette obligation. Elle écrit une lettre affectueuse à ses nièces pour leur souhaiter mille choses.




Lundi 31 décembre 1900,

« Ma lettre d’aujourd’hui vous porte spécialement mes vœux à toutes deux mes chères amies. Je vous souhaite le bonheur de cette vie comme l’entendent les chrétiens, je vous souhaite après avoir cherché votre voie de la trouver »

Elle ajoute non sans humour : « je vous souhaite un oncle et une tante vous donnant tout le bonheur que vous en attendez, hélas s’ils n’en font pas plus c’est qu’ils en sont incapables, seulement ils ne pourront jamais vous aimer davantage c’est certain. » 

Suzanne et Pacôme n’ont pas d’enfant et reportent toute leur affection sur leurs nièces et neveux.

La tante dit qu’ils passeront chez elles, le soir du 1er janvier.

« Nous trinquerons avec vous […] nous boirons donc à toutes les santés possibles »

 

Voilà pour le côté plaisant des fêtes de fin d’année. Mais, il y a aussi des obligations. 

 


Le savoir-vivre * exige que l’on se plie à la tradition des visites pour porter les vœux.

 

Pour répondre à une invitation à dîner, on écrit, mais on n’envoie pas de carte.

Dans les visites du jour de l’an, on laisse autant de cartes qu’il y a de personnes dans la famille à qui on veut donner une marque d’estime.

 

Si l’on porte soi-même ses cartes, on les corne à l’un des angles supérieurs, ou on les plie dans le sens de la largeur. La carte portée sans intention de faire visite se dépose sans corne ni pli.



Il semble que Suzanne trouve cette obligation assommante.



« Hier nous avons fait une première fournée de visites. Que vous avez de la chance d’en être affranchies ! »

 

Quelques années plus tard, Marie et Angèle vont tenir deux listes précises : Liste des visites par carte  et Visites en personnes qu’elles conservent pour ne pas manquer à leurs devoirs de sociabilité. Lorsque la visite est effectuée, le nom est barré. Il importe de n’oublier personne. 

Liste des visites par carte : la carte de visite, comme son nom l’indique, est déposée chez les amis et relations de la famille.

-  Visites en personnes : réservées pour les intimes, cousins ou les alliés de la parenté.

 

Elles gardent les cartons de visites qu’elles ont reçues et qui nous sont parvenues.

 

 

Chez vous, si vous en recevez, conservez-vous les cartes de vœux ?

 


 Bibliographie

*Le savoir-faire et dans les diverses circonstances de la vie : guide pratique de la vie usuelle à l’usage des jeunes filles/par Mlle Clarisse Juranville,...

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6149610s/f221.item

 

2022-11-23

T_ Timbres





Les premiers timbres poste de France ont été émis à partir du 1er janvier 1849. Il s’agissait de deux timbre-poste non dentelés d’une valeur de 20 centimes.


Par ballon monté

Le timbre le plus ancien et le plus rare que j’ai pu numériser est collé sur cette feuille de papier pelure. Il a été envoyé par ballon monté lors du siège de Paris, le 28 Xbre 1870.

 

Une étourdie

Jane est un peu étourdie, elle souhaite la fête de Thérèse avec un mois d’avance. Ses lignes s’écrivent dans tous les sens. 

Elle a signé et elle a collé son timbre au recto, mais c’était admis par le facteur qui l'a bien oblitéré.


La guerre sera déclarée  

Ces cartes envoyées par l’arrière grand-père sont spéciales dans l’histoire. Regardez la date : 1 juin 1914. Fabien se trouvait en congrès à Berlin pour organiser la venue des médecins allemands lors de l’Exposition internationale qui devait se tenir à Lyon, du 1er mai au 1er novembre 1914. Ceux-ci ont bien assisté à l’inauguration, mais ils ont dû rentrer précipitamment en Allemagne, à cause de la déclaration de guerre.

 




Les timbres ont été l’objet de collections et la fâcheuse habitude de les découper, de les décoller et de jeter l’enveloppe a pour conséquence qu’ils sont séparés du contexte. Il aurait été préférable de laisser les lettres dans leur enveloppe qui indique le cachet de la poste, cela serait bien utile lorsqu’elles ne sont pas datées.



Maman a commencé avec ses collègues de travail, une jolie collection de timbres. Elle m’a appris à observer en détail les informations apportées par ces petites pièces de papier. Mon fils s’est intéressé à la philatélie lorsqu’il était très jeune. Je continue à ranger dans une boîte les plus jolis timbres que je reçois.

 

Avez-vous constitué une collection de timbres ?


2022-11-15

M_ Mise en page

 

Économie de papier, graphisme, originalité,  l’écriture croisée rend les lettres de Joséphine de plus en plus illisibles.

 



Elle a pris une feuille de papier à lettres qu’elle a pliée en deux, ce qui fait quatre pages. Elle les a remplies d’une écriture ferme en utilisant l’espace recto verso, au maximum.

Mais, Joséphine avait tant de choses à raconter à ses filles, elle n’hésite pas à faire une rotation de 45°, elle continue à s'étaler dans les marges, elle redescend le long de la première page, tant pis si les lignes se croisent, ensuite elle retourne encore la feuille de bas en haut.

Ce remplissage est admis à cette époque, nous n’oserions plus aujourd’hui.

Joséphine est instruite, les fautes d’orthographe sont rares dans ses lettres que j’ai pu lire. Elle écrit au crayon de papier et ne fait guère de rature.


Joséphine expédie cette lettre de Paris, le 29 août 1900. Elle a été invitée chez la tante Zélia pour visiter l’Exposition Universelle. Elle a retrouvé son frère Augustin et sa sœur Jeanne avec leurs conjoints ; elle donne des nouvelles de chacun d'eux à ses enfants qui sont restées à Lyon. À cette époque, Joséphine est âgée de 42 ans, elle est veuve depuis presque deux années, ses quatre filles ont entre 19 et 5 ans.

 


Sur cette photographie prise après 1900, Joséphine se tient debout au milieu de la fratrie qui entoure leur mère. Ses filles se cachent dans l’escalier pour ne pas déranger leurs oncles et tantes.


✉✉✉✉✉✉✉✉✉✉

Ce samedi 29 mars 1902,

 Ma chère petite Thérèse



Lettre de Joséphine F. à Thérèse (sosa 11).

Voilà une lettre bien remplie ! Joséphine a tant à confier à sa fille.

Les lignes se croisent comme un tissage. C'était admis puisqu'il s’agit d’une correspondance entre proches.

En effet, l’aération de la page est proportionnelle avec la distance sociale. Les lettres administratives doivent avoir des marges plus larges, et dans ce cas-là on ne se permettrait pas un post-scriptum. La familiarité se lit dans les blancs de la marge, dans les espaces entre la tête et le corps de la lettre ou dans la signature.

 

Ce feuillet plié en huit formait un petit rectangle, peut-être glissé dans une toute petite enveloppe que Thérèse a dû recevoir avec plaisir, mais elle a déchiffré laborieusement l'écriture croisée.


💬

La lettre d’une mère.

Avez-vous reçu des lettres de votre maman ? La mienne n’a pas eu beaucoup d’occasions de m’écrire et pour ma part, ce sont des messages brefs que j’envoie sur les téléphones de mes enfants. Je ne me permettrais pas d’écrire une lettre quasi illisible comme celle-ci.


Voir aussi :

Joséphine au cœur usé 

2022-11-14

L_ Lire, relire, attendre, espérer

 

L



’attente du passage du facteur remplit ses journées d’un espoir fragile, suivi d'une déception en ouvrant la boîte vide.

Lire, relire les lettres d’André, puis lui écrire en lui demandant des nouvelles, poster des lettres, tel est le quotidien de Marie pendant les longs mois de la Grande Guerre.


Son deuxième enfant est né en août 1914. Elle a 24 ans, elle doit gérer la vie quotidienne à Lyon sans son mari. André est officier dans une ambulance proche du front. Il n’a guère le temps d’écrire, et certainement pas le cœur à raconter ce qu’il vit, ce que la censure ne permettrait pas d’ailleurs. Sa jeune épouse se montre très inquiète, elle est fatiguée par de "fréquents réveils nocturnes, suivis d’insomnies à penser aux dangers de la guerre".

 

Marie écrit tous les jours, elle reçoit « presque une lettre tous les 3 ou 4 jours. »

« Moi, je ne reste jamais plus de 2 jours sans t’écrire », dit-elle.

Elle n’envoie pas toutes les lettres qu’elle rédige, « la raison est que j’en ai déchiré et brûlé l’autre soir une de huit pages, immense où je m’étais trop laissée aller à être triste »

Marie patiente en relisant le dernier message d’André. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé depuis !

 

12 novembre 1915

« Je ne peux pas comprendre pour quelle raison tu me laisses une semaine entière sans nouvelles ; est-ce manque de temps, as-tu changé d’occupations, d’endroit peut-être, ou n’es-tu pas bien portant et pas en train d’écrire ? As-tu des ennuis, des tristesses, je ne pense pas parce que j’espère que tu les aurais confiés à ta petite femme qui souffre tant de ne rien savoir comme ça. »

 

Au fil des mois, Marie devient moins naïve en ce qui concerne la réalité de la guerre, André lui a raconté certaines choses lors de sa dernière permission. Elle connait des familles endeuillées. Elle suit les actualités, elle en discute avec ses parents.  



 16 octobre 1916 

« Mon ami chéri,

Après quatre jours sans une seule lettre ce qui était bien attristant et finissait par m’inquiéter beaucoup, ce matin je viens de recevoir enfin un petit mot de toi, qui tout en me rassurant me déconcerte un peu ! Quelle brièveté et quel manque absolu de détails ! Pourquoi dis-tu qu’il est impossible que tu m’écrives régulièrement ces temps-ci ? […]



Alors pourquoi ne pourrais-tu pas envoyer de tes nouvelles. Au moins tous les deux jours ? […]

Dis-moi aussi si tu es un peu en danger, si vous risquez beaucoup là où vous êtes ; je t’assure que je suis courageuse tant que je pense que j’aimerais mieux, tellement mieux savoir ce qu’il en est. » 



La plupart de ses lettres présentent cette tonalité de reproches anxieux et d'inquiétude pour cet homme qu'elle aime. Il devait être difficile à André de la tranquilliser. Nous ne connaissons pas les réponses qu’il donne. Le couple n'a conservé que la correspondance féminine. Elle a lui a envoyé 783 lettres qui racontent la vie quotidienne à Lyon durant la guerre de 1914-1918.

Elles ont été archivées dans ce précieux tiroir bleu que l'on m'a prêté.



 Voir aussi la correspondance de Marie:

G- Grande Guerre 1914-1918

Promenade vers la place Bellecour en 1915

Une correspondance 1GM

2022-11-12

K_ Carte postale

 La grande boucle 

ou le trajet d’une carte postale centenaire



Le #Geneathème me donne l’occasion de remettre à l'honneur cette carte postale
et d’essayer de comprendre la grande boucle qu’elle a parcourue depuis 1915.




Elle m’a été envoyée par une très vieille et lointaine cousine qui est décédée il y a deux ans. 
Ces mots tracés de sa main l’accompagnaient.

« Quelle coïncidence ! … Nos pensées se rejoignent puisque j’allais vous écrire et vous envoyer cette carte postale trouvée au fond d’un tiroir et qui doit représenter votre quartier… D’après l’écrit, elle est centenaire et je suppose qu’elle était destinée à une connaissance de pays ou de l’armée à cette époque. »

Il se trouve que le paysage de Lyon m’est familier. Il a très peu changé depuis cent ans et l’on peut reconnaître chaque immeuble le long du quai de Saône. La photo a été prise depuis le pont de Serin. Le trafic des bateaux sur la Saône était plus important, l’un est arrêté sur le port de la Chana, deux autres remontent la rivière. La colline de Fourvière est restée aussi verte que sur cette vue colorisée.

Qui a envoyé cette carte ?
Nous ne le savons pas, le scripteur n’a pas signé.
La date est mentionnée « le 9/12/1915 à St-Genis-Laval »,
mais peut-être ce soldat l’a envoyée plus tard, alors qu’il était déjà loin de Lyon.
« Je suis parti au front » dit-il plus loin, ajoutant qu’il veut visiter Troyes : « Dimanche 12 décembre je pense allé à trois [sic] »

A qui était-elle destinée ?
Il s’adresse à un « Cher Ami » et termine par cette formule :
« En attendant de tes nouvelles reçois cher Ami une cordiale poignée de mains »
Le A majuscule témoigne d’une grande amitié entre ces deux hommes. C’est remarquable, car il omet d’en mettre aux noms de villes.

Vers quoi court-elle cette écriture fine et légère ?

Cette carte postale a été mise sous enveloppe qui n’a hélas pas été jugée digne d’être conservée, elle aurait indiqué le nom du destinataire.
Comme la plupart des soldats au front, le scripteur n’avait pas d’encre, il a utilisé un crayon papier léger. Il a rempli d’une écriture fine et serré les deux colonnes de la carte sans laisser de marges, il a ensuite utilisé l’espace au-dessus pour les salutations.
Les barres des T rayent, griffent et s’envolent vers le haut.

J’ai dit hâtivement que l’auteur n’avait pas signé, mais en lisant attentivement l’avant-dernière ligne, celle qui est placée tout en haut de la carte, on découvre : ton copain Auguste Roux (?) (copaïs = "connaissance du pays" ?) La signature se glisse dans le corps du texte.


clic pour agrandir, si vous voulez m'aider à mieux lire...






Cher Ami.
J’ai reçu avec plaisir de tes nouvelles il y a deux ou trois jours. Je vois que tu ait toujours en très bonne santé. Seulement sur ta carte tu ne me dis pas si tu as reçu la carte que je t’ais envoye de lyon. Je vais t’annoncer que je ne suis plus à Lyon. Je suis parti au front car il y a un auxilliaire qui m’as remplacé pour travailler. Enfin je fais la manœuvre
Nous ne sommes pas très mal, d’ailleurs il ne fais pas froid encore. Dimanche 12 décembre je pense allé à trois alors j’en profiterai pour allé voir Mr(?) Sapet. As-tu tes reçu de ces nouvelles ainsi que celle de Lieffait.
Tu m’écriras dès que tu auras reçu ma carte car ? ta carte datée du 18 novembre.
En attendant de tes nouvelles reçois cher Ami une cordiale poignée de mains. ton copain Auguste Roux 
Envoie moi une vue du pays où tu est, si tu trouves



J’ai fait de mon mieux pour comprendre le sens de ce message, sans garantir des erreurs d’interprétation. Si les lecteurs de ce billet veulent faire des suggestions, cela m’intéresse.  


Que nous apprend cette lettre ?
Peu de choses finalement. Pour l’heure, les hommes sont tous deux en bonne santé. Ce qui est rassurant !
Comme souvent dans les correspondances, et plus encore en temps de guerre lorsque l’acheminement des courriers est fluctuant, les sujets majeurs sont la demande de nouvelles, la réception et l’envoi des cartes. Ce qui peut apparaître décevant au lecteur contemporain faisait partie des usages et des demandes dans les missives de cette époque. C’est l’échange basique que l’on connait : ça va ? t’es où ? écris-moi !

Est-il mort à la Grande Guerre ?
Dans la liste des Morts pour la France, j’ai cherché, tout en souhaitant ne pas le trouver, cet Auguste Roux. Il y a 42 homonymes, aucun n’est natif de l’Ardèche. Ma cousine ardéchoise suppose que c’était une « connaissance du pays » d’un parent de sa famille.
Alors, ce poilu ne serait pas mort au combat ?

100 ans plus tard, le voyage de la carte

Il serait bien étonné, Auguste, si je lui disais que cette carte postale est finalement arrivée justement à l’endroit où la photo a été prise.
Peut-être, ce soldat l’a-t-il achetée lors d’une permission à Lyon où il serait monté à Fourvière. On sait qu’il souhaite précisément des vues des endroits traversés. Il a commencé à écrire à St-Genis-Laval où devait se trouver sa garnison. Puis, la carte est restée dans son sac jusqu’aux environs de Troyes. Elle a été expédiée dans un village de l’Ardèche, peut-être Pailharès, ou Saint-Barthélemy le Plain…
Pourquoi a-t-elle été conservée si longtemps ?
L’ami était cher, le soldat a dû lui envoyer plusieurs cartes postales, et puisque celle-ci est particulièrement belle, on l'a gardée …

Marguerite l’ayant trouvée dans son grenier a su en prendre soin ; elle a eu la gentillesse de me l’envoyer. Mille fois, cette carte aurait pu être perdue. Elle devient encore plus précieuse à mes yeux depuis que Marguerite nous a quittés. 

2022-11-10

I_ Imbroglio

 

Quel imbroglio dans la famille de Casimir ! Je n’avais pas encore tenu dans mes mains son faire-part de décès qui m’aurait éclairée sur la composition de la parenté. De son second mariage, est née une ribambelle de filles difficiles à différencier, tellement leurs prénoms nous ont embrouillés.

 

Lettres à Thérèse 



Thérèse (sosa 11) a conservé quelques lettres de ses tantes qu’il nous a été permis de numériser. Nous avons profité de l’invitation d’un cousin qui nous ouvrait ses placards remplis d’archives. C’était le 4 février 2013, j’avais acheté un deuxième scanner pour travailler plus efficacement. Les enfants étaient jeunes, ils se sont avérés très performants.

Pour mieux connaître leur arrière-grand-mère, j’ai choisi d’ouvrir le dossier des correspondances adressées à Thérèse.

Après les avoir numérisées, il s’agissait de classer les courriers par expéditeur.trice : « lettres des tantes » « lettres des amies de Thérèse » «lettres de cousins », etc. puis de créer des sous-dossiers par famille, puis par personne.

Il a fallu rechercher toutes ces tantes, comprendre lesquelles étaient vivantes au début du XXe siècle pour réussir à les identifier. La vie les a dispersées et certains actes de décès sont encore bien cachés dans on ne sait quel lieu.

 

Les tantes de Thérèse sont nombreuses.

Je connaissais les deux sœurs de sa mère : Jeanne, et Fanny qui est une double tante puisque mariée au frère de son père.

Je ne me doutais pas qu’elle était entourée par tant d'autres, puisque j’ignorais que des liens étroits avaient été maintenus avec les demi-sœurs de son père et de son oncle.

Joseph, le père de Thérèse est mort alors qu’elle avait quatorze ans. Mais l’oncle Louis et Émilie la seconde épouse du grand-père Casimir savaient accueillir dans leur maison la famille élargie.

Toujours bienveillante, cette grand-mère par alliance termine ses lettres par ces mots affectueux : « Ta Bonne maman qui t’aime » (1912_03_17).


Émilie et Casimir ont eu dix enfants. En lisant les prénoms de leurs neuf filles, vous constaterez que l’on peut éprouver des difficultés à ne pas les confondre si l’on ignore leur prénom d’usage.

Ce chronogramme les situe au moment de la mort de Casimir.




Je n’ai pas réussi à reconnaître Tante Alice, et j’ai compris que « Ta cousine Germaine » était Germaine, la fille d’Anne Marie.

 

Parmi les lettres des tantes, on remarque celles de Camille qui a pris un soin particulier pour dessiner des illustrations.



Mais, qui est Camille ?

Clotilde Marie « Camille » comme sa sœur aînée « Julie » Marie Camille sont religieuses du Cénacle. Berthe a choisi le Carmel. Elles disent à Thérèse qu'elles prient pour elle.


Voici la famille réunie en septembre 1888, tous sont bien identifiés à présent.


Voir aussi le billet F #ChallengeAZ  :


2022-11-08

G_Grande Guerre 1914-1918

 


Le plus facile pour écrire à un soldat, c’est d’utiliser une carte-lettre en couleur. Il n’est pas nécessaire de l’affranchir, sans enveloppe la correspondance devrait arriver plus vite à destination.


En fait, ces cartes simplifient le travail de l’administration militaire, car la censure ouvre les lettres pour vérifier que la correspondance est correcte.

Lisez ces conseils pour ne pas faire d'impair :

 



Marie écrit à André en septembre 1914.

« la 20aine de lettres que je t’ai écrite ne t’est pas parvenue, il n’y avait cependant dans chacune d’elle rien de compromettant et pas un mot des événements »

Le 4 octobre 1914, elle devient un peu plus audacieuse.

« Je pense que tu n’as pas eu le temps naturellement ou que tu as peur de mettre des choses un peu tendre sur une carte ouverte que tout le monde lit ; moi je n’ai pas tant de scrupules ou tout au moins je les avais bien, mais n’ai plus voulu du tout faire attention à tout cela ; je t’aime bien il faut que je te le dises, tant pis si on le voit »

 


Dans ses lettres, le soldat écrit le plus souvent que tout va bien. Il peut à peine parler de la guerre. Il s’applique à minimiser les dangers. Surtout ne pas raconter les horreurs dont il est témoin, cela il le comprend, et il a envie d’épargner des inquiétudes à sa famille.

Il n’a pas le droit d’indiquer la ville où il se trouve, ni les mouvements envisagés.


Le 28 juin 1915,  Marie a vraiment besoin de savoir ce que fait André. 




"Explique-moi sans me dire rien de ce qui est défendu que tu me dises, ce que c’est que cette nouvelle vie. Je vois bien que tout est changé et je te soupçonne presque de n’être plus à L. Tu peux bien me le dire.

Je suis un peu inquiète mais je le serais moins si je savais un peu mieux les choses… vois ce que tu pourras me dire sans encourir de réprimandes. "


2022-11-04

D_ Détruire les lettres

 


D

 

ans sa dernière lettre, que sa famille devra découvrir après sa mort, Antoine demanda à Fanny de détruire les lettres que sa chère Marie a écrites.


 

Antoine donna des consignes précises :

« Je désire que les lettres écrites par ma femme adorée soient brûlées si elles ne peuvent être enfouies avec moi. »  

Antoine l'aviateur, jeune veuf envahi par le chagrin se proposait pour effectuer les missions les plus dangereuses. Il voyait ses camarades disparaître. Il avait pris la précaution d’écrire ses dernières volontés.

Notre valeureux pilote tomba au cours d’un combat aérien le 16 juin 1917; il fut d’abord été enterré à Commercy, dans la Meuse. Plus tard, il a rejoint Marie, sa jeune épouse déposée dans le tombeau familial à Chambéry. Leurs lettres se trouvent-elles là ?

 

«Fanny a le dépôt de ces lettres »

Fanny respecta les volontés de son beau-frère. Très proche de sa cadette, elle a veillé aux côtés de Marie jusqu’aux derniers jours. Marie faiblissait. Fanny tenait la plume sous sa dictée, lorsqu’elle n’avait plus la force d’écrire à Antoine.

« Les dernières écrites par ma Bien Aimée quelques jours avant sa mort et que j’aies [sic] sur moi, seront conservées pour les faire lire à mon Cher Petit Paul lorsqu’il sera en âge de comprendre.» 


Marie s’éteignit le 26 avril 1917, laissant son petit Paul sous la responsabilité de Fanny qui s’en occupait déjà, depuis sa naissance en mai 1914.


Paul et sa tante Fanny


Fanny resta célibataire, elle tenait une papeterie maroquinerie à Chambéry. Elle éleva son neveu Paul.

Elle n’eut pas la chance de vivre une relation aussi forte que ce jeune couple très amoureux.

Fanny a lu leurs confidences trop intimes. Parmi les précieuses lettres qui sont rangées avec son voile de mariée dans la boîte des souvenirs, Marie faisait quelques allusions à des retrouvailles chaleureuses lors des permissions d’Antoine.

Fanny détruisit ces lettres-là et conserva les dernières, comme Antoine le souhaitait pour son fils.

Par chance, Paul nous les a transmises.


Elles sont si tristes les histoires d’amour d’Antoine et Marie :

Antoine, un As de l’aviation

Marie, jeune épouse dans son nouveau foyer

S’envoler  

Détruire les lettres 

Un  télégramme redouté 

De l'autre côté des combats