Pour le Généathème incitant à fêter les Marie de mon arbre, je suis allée en Ardèche à Meyras.
En Ardèche , près de Meyras |
J’ai d’abord esquissé un billet qu’il est devenu nécessaire de réécrire plusieurs fois.
1ère version
Je me permettais de faire des reproches
à Marianne Auresche (sosa 189). Je l’imagine entourée de quatre fillettes
accrochées à ses jupes.
Chère Marianne, manquerais-tu d’imagination ?
Comment est-ce possible de donner le prénom de Marie à quatre de tes filles ?
Grand-mères, tantes, leurs marraines
portaient ce prénom, mais ce n’est pas une raison suffisante, je le sais. Tu aurais
pu avoir d’autres idées plus originales.
2ème version
Quelle vie ont eue tes enfants ?
Marie, l’aînée est morte à l’âge de
21 mois, le 13 décembre 1739.
Dans le registre BMS de Meyras, en
Ardèche, sur la même page, le 23 décembre 1739, soit dix jours plus tard, on
apprend la naissance d’Etienne. Je me réjouis que ce soit un garçon, espérant
que les parents l’accueillent avec joie malgré leur deuil récent.
Le 23 mars 1741, nait la deuxième Marie
dont nous perdons la trace.
Louis qui est mon ancêtre arrive le 3
août 1742.
Ensuite, vient la troisième Marie le
27 janvier 1745, elle ne vit que sept jours.
Puis le 3 juillet 1746, la dernière Marie
pointe son nez. Qu’est-elle devenue ?
L’enfant accueillie trois ans plus tard est prénommée Catherine. Je ne sais pas si la famille en comporte d'autres que ces sept enfants.
Je ne connais que le destin de Louis Bouschon (1742-1788) sosa 94, le fils du milieu.
Je me suis perdue dans les recherches
de collatéraux, sans pouvoir affirmer le nom des parents de Marianne, même s’il
me semble avoir trouvé un frère dont l’épouse serait une marraine de l’une des Marie.
3ème version
Marie est un prénom symbolique choisi
avec soin par Etienne et Marianne.
La Vierge Marie, en bonne mère devait
protéger ces enfants, c’est une remarquable précaution, mais elle n’a pas
rempli sa mission.
Marianne a donné la vie, hélas la
mort reprend les unes après les autres les fillettes fragiles. Quelle tristesse
pour des parents !
4ème version
L’étude de Christiane Klapisch-Zuber [*]
apporte des indices sur les formes de nomination en Toscane.
« L'urgence d'attribuer à
nouveau le prénom d'un parent mort est spécialement ressentie, toutefois, dans
le cadre étroit de la famille conjugale. Elle s'exprime d'abord par le report
quasi automatique du nom de la première épouse du père sur la première fille
qui naît d'une seconde union, avant toute attribution des noms des aïeules de
l'enfant. »
Dans le cas de la première Marie, c’est
sans doute son père qui a choisi de lui attribuer le prénom de sa grand-mère
paternelle Marie Chambon, qui est aussi celui de sa première femme Marie Nurit.
L'auteur explique aussi que pour les nourrissons
succédant à un aîné décédé, on disait à Florence : « Il est mort et je l'ai refait ».
Marianne et Etienne ont donc refait
quatre Marie, avec beaucoup de prières pour leur porter bonheur.
Chère Marianne, garde espoir, sais-tu
que tu as des arrières-arrières… petites filles qui s’appellent Marie. Moi-même
je descends de ton fils Louis et j’aime bien être désignée par ce prénom. 😉
Bibliographie
[*] Klapisch-Zuber Christiane. Le Nom « refait ». In: L'Homme, 1980, tome 20 n°4. Formes de nomination en Europe. pp. 77-104.