« N’ai-je rien oublié : six mouchoirs, une petite
croix d’or, six chemises… »
Magdalene Verdelette compte une fois encore ce qu’elle a couché sur son
testament. Elle lève les yeux et m’accueille en disant :
« Ah ! te voilà, il me semble te connaître. C’est
toi ma petite fille ? »
En effet, lors de mon précédent RDVAncestral en 1640, j’avais fait ta connaissance Magdalene. C’était le jour de ton mariage. Nous avions eu
la surprise de rencontrer nos aïeux à la XIIe génération dans la cathédrale d’Aix-en-Provence.
« J’étais bien jeune alors, mais maintenant je pense à ma
vie qui va se terminer. »
A Saint-Julien, en avril |
Nous sommes le 22 avril 1688 après-midi.
Aujourd'hui le notaire, Claude Dessene,
est allé dans sa maison à Saint-Julien pour la rédaction de son testament.
La vieille dame, âgée de 72 ans, ne m’a
pas paru très malade, même si le notaire me dit qu’elle est « atteinte de
maladie corporelle ».
Je vous rassure tout de suite, elle n’est
décédée que trois ans plus tard, le 2 mars 1691.
A vrai dire je l’ai plutôt trouvée en bonne
forme, Magdalene Verdelette se présente toujours verte comme une jolie tige, pas bien grosse et même
maigrelette,
«ayant neanmoins son
bon sens, ferme parole, bonne veüe et connaissance ».
Elle paraît contente de ma
visite, car elle veut me montrer du linge auquel elle tient.
Son souci est de répartir le contenu
de son coffre entre ses filles.
Je crois que Jeanne qui a 28 ans est sa préférée, c’est la première dont elle me
parle. Elle me montre sa croix d’or
qu’elle lui donne « et encore cinq
sols outre et par-dessus ce qu’elle luy peut avoir donné en son contrat de
mariage » il y a cinq ans.
« plus
lègue à Thérèse Aymar son autre
fille la somme de trente livres. »
Thérèse âgée de 35 ans est mère de
cinq enfants, elle attend le sixième.
Magdalene ouvre son coffre à linge et déplie
le coutillon, une jolie jupe en piqué, la pounche qui est une pointe, et un
tablier en lisat, en m’expliquant que c’est du tissu de coton plus fort que le
calicot. Voici ce qu’elle donne à Thérèse : « plus
deux chemises, quatre mouchoirs et un tablier de lisat, un coutillon et une
pounche aussi lisat »
Magdalene espère que « quoy que leser Jeanne et Thérèse
Aymar ses filles soient contentes sans pouvoir rien pretendre davantage sur son
bien et heritage »
Bien sûr, grand-mère ! c’est surtout
l’intention qui compte : avoir une petite croix d’or ou un joli mouchoir
de leur maman, cela leur portera bonheur.
Le prix de la croix est d’environ six
livres, je le sais car le mari de Jeanne en a accusé réception pour sa femme, des hoirs de Verdelette (registre 3E 430) e n 1691.
Et pour Anne qu’as-tu prévu ?
« plus
legue à Anne Aymar son autre fille une chemise, deux mouchoirs et cinq
sols »
Et vos fils ? Ne les oubliez pas
chère grand-mère !
« plus
legue à Claude Aymar son fils cinq sols »
Mais, il est vrai qu’il y a eu beaucoup
de transactions passées entre Magdalene et Claude
son fils aîné qui lui verse une pension annuellement.
Jean Aymar le
plus jeune fils sera son héritier universel.
Magdalene paraît contente d’avoir pu
me montrer ce qu’elle réserve à ses enfants. Voilà une maman prévoyante. Ce
soir elle se sent en pleine forme, apaisée d’avoir pris ses dispositions. Elle
va profiter des jours qui viennent.
Famille Aymar au XVIIe siècle :
Claude, son fils est bien plus vaillant qu’il ne croit, en 1688 àSt-Julien
Une pension viagère en 1689
Une pension viagère en 1689